Forum - [Certadhil 3] Cauchemar

Kei Kishimoto | 17/10/10 19:51

La clameur monte sur le champ de bataille, un cri immense que tous les guerriers reprennent à gorge déployée. Les bras armés se lèvent vers le ciel, brandissant des épées, des haches, des poignards. Les yeux enfiévrés cherchent un signe céleste de victoire dans les nuages qui défilent au-dessus des têtes. Une odeur âcre de sueur et de peur gagne les rangs. Les morts en sursis s'agitent, dans l'attente du signal des chefs...
Les armées se font face depuis maintenant deux bonnes heures. Chacune d'entre elles est arrivée au petit jour et a pris position à environ trois cents mètres de son ennemi juré. Les quolibets ont fusé, puis les injures. Les amis d'hier se regardent maintenant en chien de faïence, prêts à en découdre. Nul ne sait comment cette bataille va tourner, mais tout le monde en perçoit l'importance : malheur aux vaincus ! Leurs terres, leurs richesses, leurs femmes seront partagées entre les vainqueurs et les rares survivants condamnés à les servir jusqu'à la fin de leurs jours, le statut d'esclave n'étant pas garant d'une vie très longue. Personne ne sait pourquoi la guerre a été déclarée au camp d'en face, mais dans cette confrontation terrible entre les forces du bien et celles du Mal, a-t'on seulement besoin d'un motif ? Tout le monde a conscience que si le Mal triomphe, une ère de misère et de désolation commencera pour tous les habitants de Daifen, et ça, personne ne peut l'accepter.
Les chefs sont montés sur leurs chevaux et chacun sent que le moment n'est pas loin...
Keï Kishimoto est au premier rang. Ses elfes l'entourent et forment une barrière qu'ils souhaitent infranchissable autour d'elle. Comme les autres, elle a sorti ses armes, deux longs poignards à la lame torsadées qu'elle tient à pleine main. Elle tente d'apercevoir la ligne des ennemis mais une légère brume monte du pré, rendant indistincts les guerriers qui attendent. Elle se demande un instant ce qu'elle fait là mais ne trouve pas de réponse : embringuée dans l'armée du Bien, elle a suivi comme tous les autres et maintenant elle est là, au pied du mur. Il va falloir se battre pour rester en vie. Des souvenirs éparses remontent rapidement à la surface de sa mémoire, comme si le stress de l'attente ouvrait des vannes cachées dans son inconscient. Elle se revoit petite fille, elle tend la joue à sa maman qui vient de l'accompagner à l'école, elle est impatiente de retrouver Masaru avec lequel elle forme une paire redoutée des enseignantes... La cloche sonne, elle s'éloigne de sa mère tout en jetant un coup d'oeil impatient vers les enfants qui commencent à se ranger sous le préau... Et soudain un immense cri s'échappe de sa poitrine, chassant le souvenir : elle se retrouve dans la rosée humide du matin en train de courir vers les troupes ennemies sans s'en rendre compte. Elle crie, elle accélère, ne voulant pas rester en arrière. Le contact est imminent...
Les deux armées s'embrassent violemment dans un choc de fer meurtrier. Keï se retrouve au coeur d'une mêlée indescriptible. Ses réflexes prennent le pas sur sa raison qui s'éclipse prudemment. Son instinct de survie commande à tous ses gestes. Elle frappe à gauche, à droite, ses lames rougissent très vite, elle ne regarde même pas si elle fait mouche, fixée sur l'objectif suivant. Une montagne de muscles se dresse brusquement devant elle : un orc gigantesque au visage couturé de cicatrices, aux bras énormes, aux cuisses aussi larges que des mats de navires. Ses deux yeux cruels se fixent sur Keï qui ne bouge pas, tétanisée par l'effroi. Le temps semble suspendre son vol puis la montagne de muscles se met en mouvement, indifférent à ce qui se passe autour de lui, ses yeux fixés sur Keï. Son bras droit armé d'une hache s'élève dans l'air et retombe lourdement. La jeune Elfe la regarde stupéfaite, aussi immobile qu'un papillon hypnotisé par la lumière crue d'une lampe. Une ombre s'interpose entre le monstre et elle : un de ses fidèles gardes du corps s'est jeté en travers, faisant obstacle de son corps pour la protéger. Bousculée, elle se retrouve projetée au sol tandis que la hache fend littéralement son garde en deux de haut en bas dans un geyser de sang et un bruit écoeurant d'os et de viscères écrasés... Le choc est terrible. Keï hurle : son cri monte dans le ciel. Son garde du corps tombe lentement vers elle dans une cascade de sang... L'orc reprend sa hache dégoulinante et la lève de nouveau. Keï sent une boule de chaleur l'envahir : de la rage, de la haine à l'état pur jaillissent brusquement de toutes les fibres de son corps. Elle se relève brutalement et fonce vers le monstre, agitant ses lames droit devant elle. L'orc est surpris par cette réaction instinctive : il veut reculer mais se prend les pieds dans l'amas de corps qui jonchent le sol rougi. Il lève les bras pour se protéger le visage : Keï en profite pour lui plonger ses deux lames dans le torse.. Elle hurle lorsqu'elle sent le métal crever la tunique en cuir et s'enfoncer dans le corps de la bête : elle retire ses poignards et les replonge plus bas, dans la chair tendre du ventre. L'effet est immédiat : l'orc chancelle tandis que ses entrailles se déversent entre ses pieds puis il tombe sur ses genoux en fixant d'un air hébété ses tripes ruisselantes de sang. Keï est debout devant lui mais même comme ça, il est encore plus grand qu'elle. Hébétée, anéantie par la fureur qui circule dans ses veines, la tueuse de Gantz ressent le besoin de crier : son hurlement est terrible. Surpris, l'orc relève la tête instinctivement : Keï lui tranche alors la gorge d'un geste incroyablement rapide. Il chute en arrière, définitivement mort, ses yeux fixés sur les nuages qui, indifférents au drame qui se joue sous eux, continuent leur voyage humide.
Les ennemis semblent brusquement frappés de stupeur : leur leader gît sur le dos, la gorge ouverte d'une oreille à l'autre. Sans chef, la lutte perd toute sa saveur : sans même se concerter, ils font demi-tour et partent en courant, laissant derrière eux leurs morts dans des mares de sang impressionnantes...
Des cris montent dans le ciel tout autour de Keï. On l'entoure, on la félicite. Pourtant une ombre passe soudain dans les rangs des vainqueurs puis les cris d'allégresse se transforment en cris de peur et en hurlement de folie : une montagne de muscles s'avance vers la jeune Elfe, une tête hideuse qui la surplombe de plus de dix toises, des bras monstrueux armés d'épées, de pics, de haches... Les guerriers qui entourent Keï tournent les talons et s'enfuient ventre à terre, la laissant seule face au Mal. Keï est littéralement clouée sur place. Une hache fend l'air à toute allure, elle la fixe d'un air hébété et se raidit dans l'attente du choc...

Elle se redresse, hagarde, au milieu de ses draps trempés de sueur et de larmes, la main sur la bouche pour s'empêcher de hurler.. La rencontre d'hier au forum lui revient à l'esprit, les rumeurs sur Certadhil, son empressement à retourner acheter son tissu bleu pour reprendre le cours de son existence paisible. Mais la menace l'a rattrapée : son cauchemar persiste encore, comme en témoignent ces draps sont trempés de sueur, elle a le souffle court et elle tâte machinalement son cou pour voir si sa tête est toujours bien accrochée sur ses épaules... Un peu plus calme, elle se rallonge, sachant déjà que le compte à rebours est commencé.

Pépé Narvalho | 17/10/10 23:27

Votre esprit me semble bien tourmenté. La solution semble évidente : embarquez pour Certadhil !

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Pépé Narvalho, Bouleute du Firmir et adorateur de Tosrm

Brantröocq | 20/10/10 19:06

Bien pire sera la réalité. Aucun cauchemar ne vous préparera aux Ténèbres de ce nouveau Certadhil qui s'élève, plus vigoureux de sa mort passée! Pauvres naïfs!