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Furya | 28/09/10 15:15

Au moment de l'aurore pudique mais surtout invisible, les exquises douceurs d'agonie parviennent à la rendre presque souriante. Presque, puisque le dessin de ses lèvres est plus inquiétant que jamais face à cette expression qui lui est tant étrangère. La frénésie ne la quitte pas un instant. Toute cette fureur, cette délicieuse violence, font naître un désir pernicieux. L'excitation n'est pourtant pas à son comble, elle est tout juste une caresse délicate.
Cette cité ravagée n'est qu'une étape.
Furya de La Source va devoir semer le chaos dans cinq autres royaumes, bien que ce ne soit pas réellement son action. Comme à chaque fois, ce sont les propres puissances militaires qui vont soigneusement anéantir les leurs pour Furya la nouvelle reine. Un oeil mortel, un regard trop terre à terre des créatures d'En-haut ne verraient pas son dessein. Nul ne pourrait imaginer que cela formera une étoile à six branches, ce bel hexagramme réunissant le bas et le haut. A chaque pointe, siégera un seigneur sombre, un dragon noir qui sera la gardien de la frontière. Car de cette étoile tracée à coup de terreur et d'âme récoltées, au centre de celle-ci, Furya deviendra la véritable souveraine de son Royaume fait selon son goût. Fort heureusement, personne ne peut savoir ce qu'elle projette pour trouver un point d'ancrage dans le monde d'En-Haut, pour apporter en présent un peu de son univers oublié. Si tel était le cas, ils se jetteraient tous des plus hautes falaises pour sauver leur âme et échapper aux tourments qu'elle aime tant. Et malheur à ceux qui s'approcheront trop près d'une simple frontière sans son invitation subtile ou réelle.

De ce temps, Furya n'y pense pas. Elle sait ce qu'il adviendra, c'est une évidence. Aussi, elle profite de ce que les autochtones lui ont offert en guise de bienvenue. Sur l'ancienne place d'armes, toute l'armée du roi déchu est réunie. Les regards noyés dans la terreur en deviennent creux car la vie leur a été volée. Ses hommes sont condamnés à être tourmentés pour le reste de leur existence. Généreuse, Furya est là pour que leurs nuits ne soient plus hantées d'indicibles cauchemars. Elle va leur offrir l'honneur de la servir, et de pouvoir le vivre au lieu de simplement « le rêver » .
Sur les ruines instables, les serres des créatures infernales se plantent dans les pierres qui se dérobent en s'écrasant avec fracas. Lorsque leur équilibre est trouvé, les six dragons forment une haie de plus inquiétantes derrière Furya des Ombres. Par la sombre lueur des incendies qui s'attardent au festin, leurs écailles luisent d'un éclat ténébreux pour mieux sculpter leur masse dans la magnificence. La Dame Noire avance doucement. On dirait qu'elle rôde dans les rangs des hommes qui en sont complètement figés. Entre ses doigts, avec nonchalance, une baguette d'or s'amuse à glisser d'armure en armure. Le bruit métallique qui en résulte n'est pas naturel, il est transcendé par une source occulte qui promet bien des surprises.

Elle s'arrête soudain au niveau d'un homme dans la force de sa jeunesse. Dans les ombres de son heaume, elle voit perler la sueur d'une peur qui hante jusqu'à son regard pourtant baissé.
- Regarde-moi, mon petit.
A cet instant, sa voix peut anéantir toutes les harmonies des sirènes qui en sont ridiculement fades. Le jeune homme tourne lentement la tête, hésitant encore à croiser le regard sans iris de sa nouvelle reine. En les relevant doucement, le souffle lui manque. La lumière étrange a quitté les yeux de la dame. Ils ne sont qu'ombres infernales, hurlantes dans ce silence mortuaire. Par un clignement de cils, elle pourrait happer tout ce qu'il représente, il en est certain.
- As-tu peur?
Elle connait déjà la réponse, d'ailleurs, le bouclier qu'il tient, se cogne contre son plastron. Le soldat prend sur lui pour forcer ses paroles à ne pas trembler.
- Non, Votre Grâce.
Un léger rictus de sa nouvelle souveraine marque une pensée qu'il est impossible de déchiffrer.
- C'est très courageux de me mentir, mon petit...
La baguette en or s'enfonce dans son coeur sans autre forme de procédure en ayant transpercer le plastron sans la moindre difficulté. Elle se recule d'un pas pour éviter qu'il ne s'affale sur elle, dans le même mouvement, elle récupère son bien. Le son de la baguette en or souillée du sang du moribond continue sa mélodie métallique pour l'effroi de tous. Furya traverse les rangs à la manière d'une prédatrice, puis elle s'arrête subitement au niveau d'un nouveau soldat:
- Et toi, as-tu peur?
- Oui, votre Majesté.
- Tu n'es donc qu'une bête effrayée...
- Oui, votre Majesté.
De ses arrières, elle se place devant lui pour mieux sentir sa terreur. Dans l'amusement de son petit jeu, elle est pourtant de marbre. La dernière question qu'elle lui pose est déliée avec une délicatesse enchanteresse:
- M'aimes-tu?
Le soldat tente de se dérober à son regard insondable. Mais, c'est trop tard, il est prisonnier de cette observation obscure.
- Non, je vous hais!
La réponse vibre d'une intensité sincère qui vient d'épargner la vie du militaire. Furya le délaisse comme une chose inutile pour rejoindre les devants.

Des centaines d'hommes attendent le verdict. Ses bras légèrement tendus, elle est prête à accueillir ses infants contre son sein.
- Vous me haïssez pour cette terrible nuit et c'est votre plus grande force. Vous allez m'aimer comme vous n'avez jamais appris à aimer. De cette haine, vous allez me servir aveuglément. Vous allez tuer, en pensant me tuer, mais cela ne fera qu'accroître ma puissance car vous voulez me servir et me donner jusqu'à votre vie. Pour vous, mes petits soldats, je vais être douce, je vais vous libérer de cette peur qui ne réside qu'au coeur de ceux qui ont l'espoir de vivre. Maintenant, à genoux!
A l'unisson, dans un fracas de métal, tous se ploient à sa volonté. La tête baissée, ils attendent la suite au bord d'une panique qui la grise.
- Maintenant, recevez La Marque! Répétez ceci: J'offre mon âme à Furya, ma Reine, Maîtresse des Ombres, Dame de La Source. Je suis son bras armé et pour son oeuvre sacrée, je lui offre ma vie. Dans sa bonté, elle me tend la mort éternelle et m'ouvre à La Source.

Le temps s'assombrit brusquement, les fumerolles naissent de l'éther tout autour d'elle, les dragons élargissent leurs ailes étourdissantes, prêts à fondre sur l'armée pour ce rite si délicat. Dans une fraction de secondes, la folie risque d'engendrer un bain de sang. La passion sera telle qu'ils seront capables de s'entretuer pour être l'unique source d'attention de Furya.
En une seule voix monocorde, ils répètent les paroles sacrées qui les déchirent de l'intérieur en d'affreuses souffrances. Ils s'écroulent un à un, ridicules pantins, tout en continuant de prononcer la Volonté.
Ils meurent.
Soudain, ils se redressent tous d'un même mouvement parfaitement coordonnés. Ils ne tremblent plus, ils ressemblent davantage à des statues incroyablement vivantes. Les poings sur les armes se resserrent jusqu'à saigner, mais le mouvement de main de Furya les calme aussitôt. Aujourd'hui, elle ne veut pas de ce spectacle passionné.

La baguette en or désigne un homme qui se détache aussitôt du groupe pour la rejoindre. Quand il est près d'elle, Furya lui saisit le bras comme le ferait une mère pour un enfant afin de le guider dans une forêt sombre et dangereuse. Puis, sa douceur est splendide quand elle effleure le visage de l'homme libéré de son casque. De son autre main armée, la geste est vif pour transpercer le coeur du soldat. Il vacille à peine. Au contraire, sur ses traits marqués d'épuisement, un sourire fou se lie à son regard qui n'est que folie dévorante quand il comprend que la mort n'est plus son ennemie.
- Voyez, ce que je viens de vous offrir, mes petits!
Les cris de joie seraient bien trop déplacés ici. Aussi, un léger silence plane avant qu'elle reprenne sa démonstration d'une façon des plus sordides.
- Mais, n'oubliez pas que je peux reprendre mon dû...

Edité par Furya le 28/09/10 à 15:40

Lancwen de Sigil | 28/09/10 18:45

Un sousfifre de la Source est donc de retour en ce monde?
Voila qui est inquietant. Mais les véritables tènebres ont encore du chemin à parcourir avant que le commun des mortels ne s'en soucie. Certains ont l'esprit tourné ailleurs, profitez chère Dame tant que vous le pouvez...

Celimbrimbor | 28/09/10 22:08

Profitez que certains soient occupés ailleurs. *Rit sous cape.*

L'équilibre attendra.

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Khorèn | 28/09/10 22:18

Les océans ne sont donc pas concernés. Pour le moment ? Profitons !

Furya | 29/09/10 12:17

Les ténèbres sont devenues les maîtresses de cette cité sur la Côte des Vents Hurlants. Nul n'aurait pu penser que ce morceau de terre puisse porter aussi bien son nom. Légèrement retranché dans les terres, après une forêt qui n'est maintenant que cendres, la première cité est enveloppée d'une aura des plus inquiétantes. Dans les rues dévastées, les familiers des ombres grouillent tels des rats qui cherchent une pitance facile à se mettre sous les crocs. Les Chapardeurs vont et viennent au-dessus des corps mutilés à une vitesse que seul un oeil ténébreux peut percevoir. Ils flottent de façon furtive au-dessus des râles, ils capturent les derniers rêves, les espoirs détruits qui voguent dans l'éther et s'en gonflent d'un plaisir malsain. Ils se chamaillent pour une âme esseulée qui est passée entre les mailles de la Récolte.
Les corps physiques sont laissés à la gourmandise des vautours, des corbeaux et des loups plus aventureux. Ils forment des allées que Furya trouve assez plaisantes, la distraction à les observer fut presque possible à cause de certaines positions cocasses des cadavres. Jamais, elle n'aurait pensé que ceux d'En-Haut puissent être amusants sans produire un son, ou sans souffrir mille morts entre ses mains expertes.
Dans sa promenade au clair-obscur qui l'enveloppe de pénombre douillette, Chapardeurs et nécrophages fuient bien avant qu'elle apparaissent. Elle aime être seule quand elle inspecte les lieux après l'oeuvre. Dans son sillage, la mort impose davantage sa marque. Les plantes s'assèchent pour se répandre en cendres, les pavés se fissurent. De ces failles, les Bâtisseurs entendent l'appel. Invisibles mais toujours si bruyants lorsqu'ils composent les murs d'âmes.

Quel étrange voyage qu'est le sien, de l'abîme des mondes au sommet d'une tour dans celui d'En-Haut. De là, Furya contemple l'ombre qui déploie ses bras ténébreux. Ils se tordent et se nouent autour de tout ce qu'ils trouvent, parfois ils se tendent vers leur Reine pour qu'elle offre un signe de clémence. Bientôt les murmures glacés des Bâtisseurs s'étiolent pour disparaitre soudain quand le regard de La Noire se tourne vers leur travail. Mais avant d'y porter une réelle attention, elle regarde là où jadis s'élevaient des chênes mordorés avant que la Source n'y pénètre un peu en passant par ce lac devenu acide. Elle se demande comment un monde si éphémère a pu perdurer si longtemps... Lentement, elle regagne la salle du trône qui n'est maintenant que terrasse offerte au vent. Lors de sa montée envoûtante, elle dégage une baguette d'or de sa chevelure d'un blanc spectral. Son arrivée majestueuse est précédée par des hurlements infernaux qui ne la font pas ciller, elle a entendu pire dans son univers.
Quoi qu'il en soit, cela veut dire que les âmes damnées sont éveillées à leur tourment, l'enceinte est réellement terminée et cela la satisfait. De l'extérieur, elle ressemble à une bulle de fumée grisâtre. Si l'on se rapproche, on devine dans ses vapeurs, des silhouettes qui se tordent, hurlent. Elles sont prêtes à foncer sur le visiteur assez fou pour franchir ce rideau dans l'espoir d'arriver au coeur de la cité gardienne.

Au centre de la salle du trône, les six seigneurs sombres sont militairement alignés. Ils se penchent légèrement en un signe de respect dont elle n'est pas avare envers eux. Sans une once d'hésitation, elle se dirige vers l'un des dragons pour le désigner roi-gardien. Cette cité sera sienne. Il en sera le maître, un des piliers de la frontière. Près du trône, une immense vasque a été portée, peu importe sa forme, sa matière. Elle gardera la flamme noire du premier gardien. Furya possédera sa soeur jumelle dans son Royaume, à la manière d'une sentinelle la prévenant d'un danger qui guette son complice.
Quand la baguette est transmise à celui qui a été choisi, les cinq autres dragons rejoignent les cieux dans un fracas proche du tonnerre. La vision de l'objet servira à entretenir la folie de l'armée damnée qu'elle abandonne ici. Ces hommes verront à travers cet objet, un peu de leur Reine qu'ils haïssent et qu'ils aiment d'une passion meurtrière.
Furya fixe longuement celui qui ressemble à un jeune homme à la peau sombre. Ses yeux lumineux s'inondent d'une noirceur profonde telle de l'encre malsaine. Les paroles sont échangées en un dialecte oublié depuis longtemps mais dont les mots sacrés peuvent engendrer quelques cataclysmes. D'ailleurs, l'atmosphère en devient presque collante, écoeurante, et extrêmement pesante qu'elle pourrait broyer une infime trace de vie s'il en restait.
Paradoxalement, le dialogue s'achève avec un échange des plus sensuels et doux. Furya dépose sa marque respectueuse sur le front de son gardien qui la recueille avec un bonheur non feint. Quand cela est fait, Le seigneur dragon lui offre un peu de son souffle occulte en effleurant les lèvres entrouvertes de Furya qui en soupire de plaisir. Cet échange est cordiale comme il peut l'être dans le monde d'En-Haut à travers une poignée de main entre personnes qui se respectent. Lorsque cela est fait, plus froide que la mort, Furya se détourne. Elle quitte les lieux vers d'autres horizons sans un autre regard pour le gardien prenant place sur le trône qu'est sien. Même d'où il est, il saura quand elle sera enfin maîtresse de Son Royaume, il saura alors que son rôle prendra reéllement "vie".

Edité par Furya le 29/09/10 à 12:21

Baramir d'Eckmöl | 29/09/10 15:58

Vos plans semblent se dérouler comme vous le souhaitez. Mais ne souffrez pas de cet ennui que l'on éprouve lorsque tout va bien ?

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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
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Noir-feu | 29/09/10 16:40

Vous proposez-vous pour que les choses aillent mal, Seigneur Baramir?

Edité par Noir-feu le 29/09/10 à 16:40

Baramir d'Eckmöl | 29/09/10 16:57

Je ne me propose pas. Je n'ai pas encore décidé le camp auprès duquel je me rangerais. Je ne sais même pas s'il me sera possible de choisir.

Il me faudra y réfléchir.

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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia

Celimbrimbor | 29/09/10 17:12

Parce qu'il faut choisir son camp ?

*Part d'un rire tonitruant, assez fou.*

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Noir-feu | 29/09/10 17:47

Le "bien", le "mal", quelle délicieuses et infantiles caricatures...sans doute quelques châteaux de sable tiendront-ils lieu de campements dans les temps à venir. Qu'ils se munissent de seaux et de pelles, ceux qui croient pouvoir ranger le monde dans si étroites conceptions, nombreuses seront les tombes à creuser.

Baramir d'Eckmöl | 29/09/10 18:50

Je n'ai pas parler ici de bien et de mal. Peut-être me dresserais-je pour affronter un quelconque danger et défendre des valeurs sans valeurs elles même. Ou bien peut-être laisserais-je faire...

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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
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Phaeril | 29/09/10 20:30

Si conflit il y a, j'en serai. Tout ceci m'intrigue, il semble que tout cela va avoir des conséquences - bonnes ou mauvaises -et je ne peux y rester indifférent.
Cela va être dangereux, mais il y a des choses à apprendre. Là où il y a du pouvoir, il y a du danger. Là où il y a du danger, il y a du pouvoir.

Ceci dit, je n'ai que faire du bien ou du mal, ces considérations ne font pas parti de mes préoccupations, donc si c'est en ce sens que le conflit prendra forme, je ne me rangerai que du côté qui m'arrangera le plus pour poursuivre mon propre chemin.
Si certains peuvent ou veulent m'aider, que ce soit pour le même but ou seulement par intérêts communs, il sera bien accueilli.

Je ne peux pas décemment laisser quelqu'un détruire tout ce que je m'efforce de construire, de créer, de protéger. Ainsi Furya, si la construction de votre royaume passe par mes terres ou celles que je convoite, elle s'arrêtera nette.

Si quelqu'un qui m'est néfaste veut survivre, il devra se justifier d'une utilité plus grande ou d'une attache qui est antérieure au conflit.

Je suis ouvert à toute discussions, propositions, coalition et à tout ce qui pourrait me permettre de mieux comprendre ce qui se trame.

"Mieux vaut commettre une erreur avec toute la force de son être que d'éviter soigneusement les erreurs avec un esprit tremblant."

Edité par Phaeril le 29/09/10 à 20:31

Baramir d'Eckmöl | 30/09/10 14:31

Ecoute le discours en riant dans ma barbe.

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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
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