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Furya | 27/09/10 13:28
Ils sont cinq à la suivre. Furya chevauche le sixième, les yeux plissés aux fumées agressives. Le boyau privé de lumière défile à toute vitesse pour ne ressembler qu'à un mur lisse et sombre. Le dernier virage serré découvre une montée vertigineuse à leur vue nyctalope. Les dragons l'abordent avec une puissance effroyable sans la moindre difficulté pour s'y engouffrer. Le mouvement provoqué par leurs ailes veut inviter en duel le tonnerre tant le grondement de l'air y ressemble. Tout d'un coup, il ressert leurs larges membranes contre leurs flancs écailleux pour piquer vers les tréfonds du passage. La lueur rouge se rapproche dangereusement et déjà la chaleur aurait suscité la panique des mortels. Sans s'en soucier, ils filent droits devant eux tels des boulets de canons propulsés par la rage de la guerre. Tout à coup, lorsque l'immensité du lac de lave se révèle, les ailes se déploient plus sombres que jamais en effleurant les bouillonnements de souffre. Les premiers planent au-dessus de la roche en fusion le temps du rassemblement qui se fait dans un cercle terrifiant de puissance. Quand tous sont sortis du Passage, Furya prend la tête du cortège pour quitter la gueule béante du volcan. Tels des étranges danseurs du chaos, les mouvements souples des dragons évitent les bombes naturelles qui honorent cette sortie d'un feu d'artifice des plus destructeurs.
C'est le faible éclat de la lune qui les accueille. Ils sont plus sombres que la nuit mis à part que la peau, les cheveux d'un blanc nacré de La Noire scintillent au frottement de cet air si particulier, comme si une poussière d'étoiles l'avait recouverte. De cela, Furya s'en contrefiche. Elle n'est pas là pour s'émerveiller de ce monde si insipide.
En-bas, des centaines d'yeux exorbités fixent le réveil d'un volcan longtemps endormi. En-haut, les éléments se déchaînent. Peu à peu, des masses vaporeuses, électriques se gonflent de colère à la suite des dragons. Les cieux, si dégagés quelques secondes avant, s'obscurcissent de façon effroyable. Tout d'un coup la panique immerge la terre d'une déferlante de terreur lorsque les villageois perçoivent la source de leurs pires cauchemars.
Elle rit. Elle rit à gorge déployée quand elle sent ces hurlements qui chatouillent ses instincts. Mais, ce ne serait que perte de temps de s'intéresser à une poignée d'hommes et de femmes qui invoquent encore la clémence de leurs divinités pour sauver leurs âmes. Non, ils ne sont pas le but, juste une gourmandise pour La Source. Furya ne fait pas ce voyage pour hanter les songes des marmots, tout comme, elle se moque de la bourse des chasseurs de démons qui vont se mettre sur la route dès le lendemain.
Au loin, une surface insondable charrie un courant iodé que sa monture emprunte. Le bras de mer est rapidement franchi, ce n'est qu'une broutille pour ces seigneurs des airs. Après la masse sylvestre, les lumières d'une cité se révèle enfin. Elle ne lui plaît pas vraiment car elle est beaucoup trop vivante, mais cela fera l'affaire pour le moment...
Les mains derrière le dos, la combinaison en écailles de Furya craque agréablement à chacun de ses mouvements. Elle marche calmement, le visage fermé à toute expression. De temps en temps, elle observe un invité surprise sous la forme d'un dragonnet couleur de suie qui plane au-dessus d'eux avant de disparaître brusquement. Cette apparition est vite oubliée quand il faut que ses " hommes liges " et elle-même se rangent sur le bas-côté de la route pour laisser passer la garnison armée. Un détachement de militaires fonce au pas de course vers l'endroit qu'ils viennent juste de quitter. Ce n'est pas parce qu'ils sont insignifiants qu'il faut oublier les codes de courtoisie de cet univers.
Le passage des grandes portes ne posa aucun problème. Celui à travers les rues animées fut distrayant quoiqu'un peu salissant. Le léger rictus qui déforme la courbe de ses lèvres marque son ennui à ne pas être impeccable pour se présenter au seigneur qui réside ici. Du revers de la main, elle essuie le filet de sang tâchant sa joue pour être plus disposée à accueillir les regards sur sa personne.
Peu de temps après, les gardes armés tremblent de tous leurs membres sans se l'expliquer. Leurs expressions terrifiées ont bien du mal à quitter le regard lumineux de La Noire habituée à percer les ténèbres. Surtout, ils n'ont jamais vu des hommes liges tels que ceux qui l'encadrent. Ils ont quelque chose de bestial qui font paniquer chevaux et cabots. Ces gardes ne sont que des détails hurlants car toutes les portes s'ouvrent pour la nouvelle maîtresse des lieux. Rapidement, le souverain de ces terres est tiré de son sommeil. Les hurlements de son épouse égorgée d'une étrange baguette d'or sont bien réels...
Maintenant, confortablement installée sur le trône de sa Majesté, Furya patiente. Elle détaille avec froideur l'homme qui se disait roi. Comment peut-on se dire souverain quand on tremble autant de peur? Elle attend encore, impassible, froide aux plaintes douloureuses du déchu.
- Je...Je vais le faire! Promettez-moi, de me laisser la vie.
Sa tenue craque délicieusement quand elle se lève en silence. Avec une élégance effroyable, elle dégage une baguette dorée de sa coiffure. La pointe acérée relève le menton du malheureux qui s'accroche à son attention
- Ne me donnez jamais d'ordre. Vous devriez être heureux d'avoir pu me voir, dit-elle.
- Je le suis, je le suis! Pitié...
- Pauvre petit, je n'en ai guère... Mais je vous permets d'en avoir pour ceux que vous allez tuer! Maintenant donnez l'ordre!
Piteux, le roi se tourne vers le héraut plus pâle que la mort. « Que notre armée marche sur notre cité! Il ne doit rester aucun survivant. Quand les âmes du peuple seront libérées, alors nos hommes viendront offrir la leur à Furya, leur nouvelle reine. » Furya renâcle de dédain face à ce titre si dérisoire. Ce qu'elle veut ne se trouve pas dans cette sordide cité. Ce n'est qu'une étape...
L'homme gradé hésite à avancer dans l'allée formée par la garde rapprochée de la femme. Furya force un sourire pour l'encourager:
- Allez...
Il ne se fait pas prier, il court pour donner le commandement aux troupes qui s'attendent à d'autres manoeuvres.
La pointe en or s'enfonce légèrement dans la gorge du roi, une goutte de sang perle aussitôt. Soudain lassée, elle l'abandonne pour voir si le spectacle sera intéressant à l'extérieur. Un simple frémissement de ses cils et tout un pan de mur s'écroule pour lui dégager une vue panoramique. Soudain, les six hommes courent à toute allure pour se jeter dans le vide. Aussitôt après leur disparition, des dragons pointent vers les cieux ombrageux pour se faire les gardiens d'une aurore sanglante.
A cet instant, le roi préférait vraiment mourir que d'être avec cette démone. Elle a lui dit venir de La Source. Cela ne fait nul doute qu'elle est maléfique... Sans se préoccuper de sa futre victime, Furya sourit avec tendresse quand elle voit le vols majestueux de ses complices. Puis, elle se tourne avec une lenteur malveillante pour fixer le roi qui croit mourir de terreur.
- Aimez-vous jouer?
Il déglutit péniblement ne sachant que répondre pour sauver sa vie. Aussi, il ne va prendre le risque de froisser la femme.
- Oui...J'adore...Je suis un joueur.
- Parfait!
Le ton enjoué dénote réellement avec son visage glacé. Elle abandonne son apparence prise pour ce monde habitué à la matière, afin d'être ce qu'elle est vraiment: ombre et tourment. En libérant un peu de sa furie, Furya glisse vers l'âme qu'elle va lacérer de ses doigts éthérés. Ce soir, elle n'a pas envie de jouer avec les corps.
Etrangement, ce n'est qu'un râle qui signe la fin du roi dans cette vie...
Noir-feu | 27/09/10 14:55
Assis sur son sombre trône, le Seigneur d'Obsidienne attend, imperturbable, minéral. Son regard embrasé parcourt distraitement les alentours, ses pensées tournées vers son messager. Son instinct lui hurle que, bientôt, il saura. Il verra. Un rictus sombre durcit encore ses traits marqués, il les sent, il pourrait presque les voir, ces chevaucheurs d'orages qui ressurgissent soudain d'il ne sait où. Puis le dragonnet survole la cible de son attention, et par ses yeux, Noir-Feu voit véritablement, enfin. Sur l'accoudoir, sa main se resserre lentement, broyant la pierre comme si elle n'était que sable, sa mâchoire se crispe. Six...six Noirs...six Noirs et...la voix mentale du Dragon claque comme un fouet, ordonnant à son messager de s'approcher un peu de cette silhouette qu'il a aperçue. Aussi discret qu'une feuille dans la sylve, son dragonnet obéit, rive son regard sur la femme. Et le Noir l'observe, longuement, avec une extrême attention.
Lentement, il s'adosse contre le dossier de son trône, songeur. Temps étranges, de coïncidences trop troublantes pour n'être que ce qu'elles semblent être. Trouver une voie, nouvelle, autre, voilà qui s'impose. Les équilibres du monde vacillent, le Seigneur de la Pétrifiée le sent, quand bien même il n'en cerne pas toutes les ficelles. Un rictus mauvais relève le coin de ses lèvres, ses yeux de braises s'assombrissent, deviennent puits de noirceur, puis cessent d'être, regard de pur Néant, regard du Gardien de la Porte d'Ivoire.
Fous...fous qu'ils sont, tous ces êtres, qui ne pensent qu'à baffrer, copuler, mener leurs dérisoires guerres pour assouvir leur morbide soif de pouvoir, de gloire. Comme si la gloire était durable, comme si leur pouvoir signifiait quelque chose. Sombres fous, aveugles qui ne voient pas que les ténèbres sont à leurs portes, déjà chez eux, souvent, mêlées d'indicible manière à leurs pitoyables vies, à leurs amours teintés de haines, même. Et ceux-là qui se targuent de surveiller les lointains actes morbides d'une Reine nouvelle, alors que déjà les râles de leurs proches résonnent à leurs pieds. Aveugles, aveugles et fous. Inconsistants, pareils à de fugaces fantômes en attente de leur fin, ils ne veulent pas voir, ils s'entourent de leurs petites illusions de bonheur pour traverser des existences qui, en définitive, ne sont que brindilles passagères. Le Dragon jure sourdement. Est-ce pour ces faibles, est-ce pour ces lâches qu'il s'est battu sans relâche, des siècles durant? Un long rire amer retentit dans la salle ouverte à tous vents, le Duc de L'Uto devait avoir raison, en fin de compte. Anéantir cette racaille, tous, jusqu'au dernier. Et, peut-être, laisser au monde le soin, la possibilité de faire mieux. Difficile de faire pire, à bien y songer.
Il se lève, avec une lenteur macabre, glaciale. Il sourit plus durement encore. Même au travers du regard de son dragonnet, la sombre essence de cette femme l'atteint, l'enveloppe de son linceul de terrible cruauté, et il le sait. Comment pourraient-ils résister, tous ces éphémères, tous ces pantins dévoués à des causes dont ils ne cernent rien? Un rire, lugubre, grinçant. Aucune chance. Sombrez, misérables. Qu'importe? La Mort gagne toujours...
Edité par Noir-feu le 27/09/10 à 17:05
