Forum - Départ Pour Rhumdhil
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Khorèn | 20/09/10 14:02
Lune 980,
Départ pour Rhumdhil.
-Les gars ; nous partons !!
-Oé !!
-C'est pas trop tôt !
La voix féminine s'était distinguée parmi le choeur de ces ivrognes de forbans. Tous s'étaient tournés vers leur lieutenant, qui s'avançait entre les matelots nonchalamment. Un sabre battait mollement sa hanche, même le sursaut de ses cheveux contre son dos semblait cossard. Le Capitaine Khorèn s'appuya lourdement contre le garde-corps, du haut du pont supérieur. Un sourire satisfait étira ses lèvres, découvrant une rangée de dents blanches ; ancien atout en son passé de receleur.
-Enfin avoues-tu ton mal de terre ?
-Nos bonhommes sont aussi impatients que moi. C'est trop propre ici et il parait que les catins sont chères. C'est une terre de bourgeois qu'il nous est interdit de piller.
Tous les matelots acquiescèrent.
-C'est pourquoi nous appareillerons dès demain !
-Oé !!!!
-Retrouvez tous ceux qui se sont perdus en taverne et dans les ruelles. Soyez présent dès l'aube ! Notre voyage ne devrait pas être trop long.
-Où allons-nous ? Osa un marin.
-A Rhumdhil !
-Oé !!!!!!!!!
Le pont se transforma en un fantastique piste de danse. Les détails ne les intéressaient pas. Le seul nom de cette île les avait convaincue. Quoi de plus naturel. Quelques soiffards sortirent les accordéons et les flûtes. D'autres éventrèrent le couvercle des barriques de rhum avec leur hachette. Les dès et les cartes jaillirent des poches.
Caïnwell monta sur le pont supérieur et s'accouda contre la balustrade, près de son commandant.
-Qu'allez-vous faire là-bas ?
-Le nom de ce continent ne t'inspire pas ? C'est une île remplie de canne à sucre, et de paysans qui possèdent tout un attirail pour faire de ces champs des litres de rhum !
-C'est tout ?
-Je me lancerais bien dans l'export de rhum... S'imagina-t-il en se gratouillant la barbichette.
-Et à la recherche d'une femme ?
-Quoi ?! Chut ! 
Paniqué, Khorèn s'accroupit. Pensant une faible seconde que les balustres allait le cacher de ses hommes. Il se redressa, conscient de son ridicule, et se reprit. Gardant toute fois un oeil sur son équipage, finalement trop occupé à s'enivrer qu'à les écouter.
-Comment es-tu au courant ? chuchota-t-il, une sueur froide sur la tempe.
-La vieille carne.
- 
-Le magicien dans la Taverne.
-Damned ! Ne sait-il pas la boucler ! Ne dis rien à ceux là, il fit un geste du menton vers le pont inférieur, ils seraient capables de croire que je tente de les flouer.
-Comme le coup de Dessertdhil qui n'était que Desertdhil ? Rappela le lieutenant avec un sourire mutin.
-Une faute de plume. Se justifia l'ex-marchand.
-...
Un silence s'installa entre les deux collègues. Caïnwell le brisa en premier, dévoilant ses pensées :
-J'aurai aimé vous accompagner.
-Tu as une mission ici. Les trois milles pièces d'or toutes les dix lunes ne t'intéressent plus ? Je n'aurais pas confié cette tâche à n'importe qui, c'est une trop grosse affaire ; sans doutes avec un des seigneurs les plus riches !
-Oui, oui je sais, c'est... Elle eu un rire nerveux. Inimaginable ! Mais retrouver ton amie m'importe tant qu'à toi. Alors tu as intérêt à mettre la main dessus !
-Il y a peu de chances. Il fronça les sourcils, réalisant. Mais, tu ne la connais même pas !
-T'occupes, Capitaine.
Edité par Khorèn le 20/09/10 à 14:03
Celimbrimbor | 20/09/10 17:06
N'oubliez pas : vous m'appartenez et vos hommes aussi.
Je vous surveillerai.
L'un et l'autre.
La Demeure Franche : [Lien HTTP]
Edité par Celimbrimbor le 20/09/10 à 17:06
Khorèn | 21/09/10 13:03
~ Port Intercontinental de Daifen ~
Lendemain matin, au potron-minet.
Les loups de mer n'avaient pas tous décuvés de la veille. Mais ils étaient suffisamment en forme pour rassembler et vérifier agrès et accastillage. Puis, le bâtiment fut paré. Khorèn n'avait dormit que très peu. Il était trop excité à l'idée de cette nouvelle terre gorgée de rhum, à l'idée de peut-être revoir une ancienne camarade ; et trop occupé à boire et à tailler le bout de miche avec son lieutenant.
Laissant cette dernière sur le quai, il se tourna vers ses hommes, à leur poste. Il posa une main sur l'épaule du timonier, solidement accroché à la barre et s'écria :
«- Levez l'ancre ! Affalez les voiles ! Virez les amures ! En Av...
~ Rhumdhil ~
-... ant ! »
Le vent n'avait pas eu le temps de gonfler les voilures. Le port derrière eux avait disparut, et à la proue, de hautes falaises accueillaient les flibustiers. Le vieux mage avait tenu parole : le voyage n'avait pas été long.
-Bon, bah...Jetez l'ancre !
Un plouf éclaboussant se fit entendre à la poupe. Puis, les marins se réunirent en petits groupes d'une dizaine d'hommes et remplirent les youyous. Les matelots désignés pour rester à bord du brigantin s'offrirent une chope de rhum en signe de protestation.
Les pieds sur le sable de l'étroite plage bordant la falaise, Khorèn prit la tête du bataillon d'explorateurs. Ils se rangèrent en colonne, et s'hasardèrent sur la paroi abrupte. Une brèche sculptée par les vagues en furie les jours de tempête rendait l'ascension plus aisée. Ils suivent les roches pareilles à de petites marches se succédant jusqu'au sommet et atterrirent directement dans un champs de canne à sucre. Comme beaucoup avaient pu le remarquer avant eux, on n'y voyait pas plus loin que le bout de son blair. Un des marins commença à tailler dans la masse à l'aide de son sabre.
-Idiot ! Lui cracha Khorèn. Tu tiens à nous faire suivre à la trace ? Je vous rappelle qu'on ne doit pas se faire repérer !
Le soleil tapait fort. Et malgré la densité de la végétation, il n'y avait que peu d'ombre. Voilà deux trois heures qu'ils piétinaient au milieu de la genèse du rhum. Le paysage n'avait pas changé d'un poil. Ou d'une tige. La mauvaise humeur commençait à se faire sentir. L'ex-marchand stoppa la colonne et eu l'idée de monter sur les épaules de son plus balèze gaillard. Confortablement installé, il mit sa main en visière et inspecta les environs. Plus loin au Sud, le terrain semblait se dégager. Il indiqua la direction à la cohorte, restant perché. Les cannes à sucre lui chatouillaient les genoux. Après encore une heure de marche, la plantation s'arrêta net. A la place, un large terrain de terre asséché au soleil abritait ce qui semblait être des restes de tissus, de bouts d'os et de bouts de bois plantés dans le sol. Une ancienne scène de bataille. Elle devait dater de quelques lunes, mais personne ne s'était embêté à faire le ménage. La nature commençait peut à peut à reprendre vie là où cette dernière s'était arrêtée. Dans la mâchoire détachée d'un résidu de squelette, deux fleurs des champs d'un rose pâle cherchaient la lumière. D'un autre côté, le sol craquelé tentait d'aspirer les débris d'une lance pour les faire disparaître. L'autan balayait ce qu'il pouvait renvoyer à la mer. Cette lice révolue ne devait pas être unique. Les marins inspectèrent distraitement les lieux, tapotant le sol du pieds lorsqu'ils croyaient tomber sur un objet brillant ; simple bout de métal sous la poussière. Le capitaine, lui, était un peu plus assidu. Les antiques traces de sang, presque invisible, ne lui apprenaient rien. Il tira sur deux trois hallebardes noyées dans une vielle flaque de boue séchée. Les étendards qui y étaient accrochés et maintenant fossilisés n'étaient pas ceux recherchés.
Le jour s'éteignit, puis réapparut.
Leur but à présent était simple : débusquer les autres théâtres d'escarmouche. L'équipage rappela à son Capitaine qu'ils étaient là pour faire main basse sur la production de rhum, mais ce dernier réussit à leur faire comprendre qu'ils devaient étudier le terrain pour savoir où frapper le mieux, le plus fort. A moins qu'ils ne surent quoi répondre le temps de comprendre. Bref, ils tombèrent sur trois autres cimetières, tous aussi secs et anciens. A chaque fois, le mercantile avait déterré des bannières, des boucliers pouvant porter un armoirie, une devise, n'importe quoi... Ils crapahutaient dans la dernière scène de lutte rencontrée lorsqu'un détail attira l'oeil de l'humain. Il s'accroupit, gratta la terre de ses ongles et recueillit une pipe en bois qu'il s'empressa d'épousseter. Quelque chose était ciselé sur le foyer. Mais l'humidité, le temps et les minéraux l'avaient rendu illisible. Il la conserva dans une poche intérieure de sa veste.
Soudain, les plants de ratafia devant lui se mirent à bouger. Ce qui ressemblait à un fermier émergea de la masse verte et s'arrêta net en tombant sur les pirates en train de racler le sol. Un silence. Un souffle d'autan. Un chien très moche se colla aux chevilles du bouseux.
...
-Attrapez le !!! Hurla Khorèn.
Une horde forcenée se mit à la poursuite du paysan. Khorèn avait commencé à courir en premier, filant le cul-terreux à grande vitesse. Malgré les pousses étouffantes, le capitaine tenait bon. Le cabot se retourna pour faire face aux agresseurs. Khorèn l'envoya valser d'un coup de pied sportif. « Il ne doit pas s'échapper... Pensa le loup de mer, si il fait courir le bruit que des pirates envahissent l'île... C'est fichu !! » Il bondit en avant, et crocha dans les guibolles de l'autochtone. Ses hommes le rejoignirent, exténués. Ils brandirent leurs poings et leurs gourdins lorsque Khorèn arrêta leur geste. Il ne tenait pas à le martyriser ; mais plutôt à s'en faire un allié. Il l'aida à se relever, le retenant fermement par le col de sa chemise. Quelques mots rassurants le convinrent de les amener chez lui. Sa péronnelle allait gueuler. Mais qui préférait-il vexer ?
-Au fait, comment t'appelles-tu ?
-Arthur.
Edité par Khorèn le 21/09/10 à 13:12
Baramir d'Eckmöl | 23/09/10 10:24
Intéressant.
Me fait penser que j'ai un RP à faire moi.
--
Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Arthur Lavendan | 23/09/10 17:56
Le soir s'apprêtait à chuter massivement lorsqu'Arthur termina de défricher le passage à grands coups de faucheuse toute de rouille émoussée. Les pousses à demi mortes de canne à sucre pliaient sans mal sous sa rude poigne découverte. Un oeil méfiant vissé sur la cohorte de pirates, il avança en terrain dégagé parmi les cendres du village, où ne résidaient plus que quelques maraîchers, affamés et survivants. Ses pas les menèrent bientôt devant une petite bâtisse de plain-pied dont le crépi des murs commençait doucement à décanter pour joncher le sol à ses pieds. L'oeil cerné et les épaules voûtées, l'homme s'arrêta devant la porte branlante, ouverte aux courants d'air secs de Rumdhil. Se tournant vers la petite troupe, sa main découvrit au clair un long coutelas aiguisé, lorsqu'un des hommes présuma bon de lui attraper le gras du poignet. Et Arthur de grommeler dans sa barbe poisseuse de sueur.
-C'est qu'un coutel d'cuisine. Et j'cuisine pas encore les bonhommes, allez vous figurer. Pas encore, soupira-t-il, amer.
Sous leurs sourcils broussailleux, les yeux vairons se posèrent sur Khorèn :
-J'peux pas loger tous vos hommes, là, à moins qu'y z'aient l'pieds terrestre et l'sommeil bien lourdeau. Assez pour roupiller sus la litière. Y'a qu'un vieux paddock assez large pour deux, et un fauteuil tout d'mites. Ma bonne, l'est plus d'ce monde: j'peux laisser l'paddock, si vous l'dégeulassez pas 'vec vos bottes. L'couvert, par contre, j'peux m'en occuper. Mais allez pas compter sur d'la bouffetance bien garnie. Là. Et sinon, z'allez finir par m'dire c'que vous fichez dans l'patelin ? Y'a rien icitte que d'la charogne. Et d'la canne à suc' toute pillée.
Khorèn | 01/10/10 00:25
Khorèn étripa son homme du regard. Décidément, ils voulaient tous lui faire la peau, à ce pécore. L'ex-marchand sourit de toutes ses dents blanches, écoutant poliment celui qui devenait leur hôte. Il n'avait pas vraiment prévu ça, mais vu qu'il parlait de paillasse et de bouffetance, autant en profiter.
-N'ai crainte, brave homme, nous ne te rendrons pas plus pauvre que tu ne l'est déjà ! D'ailleurs, j'ai comme un marché à te proposer. Sans doutes as-tu déjà entendu parlé du légendaire Marchand Khorèn ? Non ? Dans le cas contraire, c'est moi ! s'exclama le capitaine en se frappant fièrement le torse de sa dextre. Allons discutailler.
L'humain posa une main décidée sur l'épaule du gaillard, et le poussa fermement à l'intérieur de sa bicoque.
-J'ai quelques questions à vous poser. Dit-il en attrapant le premier tabouret à sa portée, le poussant vers l'homme.
Ses poches faisaient beaucoup de bruit. Il ne tarda pas à les alléger, libérant une cinquantaine de pièces d'or sur la table la plus proche. Puis il reprit :
-Concentrez-vous, chaque réponse est importante ! Pour qui travaillez-vous ? A qui appartiennent toutes ces récoltes ?
-J'vous l'ai déjà dit, qu'vous y gagn'rez rien avec ces récoltes. 'core qu'elles sont fichues, c'est des terres qu'apportent que l'malheur. Kess'vous croyez, heh? C'pour profiter d'la région qu'j'm'ai installé icitte. R'gardez c'qui m'reste, 'vec la guerre, les razzias. Niet. Z'appartiennent plus à personne ces terres. Leurs proprios, tous à bouffer l'pissenlit par la racine. J'travaille qu'pour mon compte, pour l'instant.
-Y a-t-il beaucoup d'autres paysans sur ce contient ?
-Sus l'continent entier, ch'ais pas bien. Dans l'patelin, vous trouv'rez 'core une dizaine d'maraîchés, fauchés, qu'ils sont, comme leur récolte.
-Certains seigneurs n'ayant pas remportés ces terres sont-ils restés ?
-Pour c'que j'sais, 'sont tous partis sans d'mander leur reste. J'en connaissais qu'deux ou trois. Celle qu'avait annexé l'village,un genre d'elfe bâtarde, s'app'lait Sanaga. Un seigneur qui trainaît 'vec, nain, Eckmöl, j'crois qu'c'était. Pis un aut', un orc qu'est resté peu d'temps après avoir raccompagné l'dame icitte. Ch'ais pas son nom. Y m'nait des nelrks. Tous partis d'icitte. La trogne plus ou moins en friche. Pas trop aimables, nous ont laissés dans not' misère. Les avez manqués d'peu.
-Existe-t-il une carte détaillée de ces terres ?
-Une carte ? J'ai t'y l'air d'avoir une trogne d'pinturlureur? Z'avez qu'à faire l'tour des côtes. S'vous voulez une carte, allez d'mander aux régnants. Traz, Amalia. Pour des régnants, z'ont pas l'air d'trop s'intéresser à not' cas non plus. J'peux juss' vous décrire un peu les entourages du village.
-Recevez-vous régulièrement de la visite ? De seigneurs, ou autre ?
-Les seules visites que j'reçois, c'est...*Après un moment d'hésitation* C'est qui vot' amie ? :
-Sanaga, justement.
-Ah... Ben... Mettons qu'vous donneriez combien contre une p'tite info ? S'enquit Arthur, l'air revêche, pas trop enchanté de mendier quelques piécettes, on lui devine un passé plus glorieux. Bah, c'te dame est partie en m'laissant un p'tit queq'chose. M'proposait d'passer maître-queux dans sa d'meure. M'a laissé une lett' de r'commandation pour son seigneur. À dire vrai, j'attends qu'une navette pour quitter c'bourbier. Z'avez d'la place, sur vot' chaloupe ? M'a dit d'me rendre à l'cité intercontinentale, puis d'trouver mon ch'min 'partir de là.
Combien ? Grand diable ! Khorèn ne laisserait passer aucune divulgation. Il jeta sa lourde besace sur la table et en sortit, fier comme un taureau en rut, deux énormes bourses. Il desserra les cordons, laissant imaginer une grande expérience dans ce domaine. Les pièces d'or se déversèrent. L'aumônière était apparemment un peu trop étroite. Il devait y avoir deux cent piécettes à tout casser. L'avait beau être un vieux con, le mage n'était pas radin. Pas cette fois. L'ex-marchand joignit ses phalanges, tournant ses pouces l'un autour de l'autre.
-Je vous écoute, cher ami. Et sachez que pour quelqu'un de conciliant comme vous, il y aura toujours de la place sur ma vieille coque.
Avec cette air toujours revêche qui lui collait au visage, Arthur finit par se diriger vers un tiroir pour en extraire une boîte en bois. Il l'ouvrit sous les yeux du marchant, non sans émettre quelques précautions.
-M'avait offert un joli tribut pour r'mettre ça, quand j'me déciderais à y'aller. Par contre, j'veux pas 'voir d'ennuis. 'pouvez décach'ter l'sceau d'la lett', mais proprement, qu'on puisse y r'coller après, ni vu ni connu.
Khorèn hésita. Longuement. Puis il se décida, comme si un éclair venait de lui flasher le cerveau. D'un mouvement rapide, il arracha la boite des mains du pécore, et l'enfouit dans sa besace trop pleine.
-Ne me prenez dont pas pour un amateur. Laissez moi cette écrins un moment, je vous le rendrais intact, pour que vous puissiez la remettre à qui de droit, parole de marchand !
Le receleur leva la main droite et cracha par terre.
Baramir d'Eckmöl | 01/10/10 01:14
La parole d'un marchand, on sait tous ce que ça vaut.
c'est comme les jolis coquillages qui brillent, c'est beau et on crois ça précieux, mais ça ne vaut rien.
Enfin peut-être qu'en étant mandaté par le mage, vous saurez tenir votre langue.
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Khorèn | 01/10/10 01:39
Plus tard, la nuit fut.
La moitié de l'équipage campa sur la plage, près du Sesterce Volant. Le reste squatta royalement le taudis du bouseux, envahissant tabourets, chaises, table, plancher, cultures... Jusqu'au pieu. Mais les gaillards n'étaient pas malpolis, leurs bottes étaient restées sur le paillasson.
Le capitaine ne pouvait se résoudre aux ronflements. Au milieu d'un champ voisin, une bougie vacillait aux vents faiblards qui parvenaient à se faufiler entre les cannes à sucre. Assit en tailleur, le quinquagénaire était absorbé dans la lecture de cette fameuse lettre. Il ne put y résister. Et il détestait se retenir. Ses mains tremblaient encore : peut-être allait-il y découvrir sa future gloire ??
Voici ce que son encéphale put décrypter :
//Au mage, habile entre tous,
Au maître de la Franche Demeure,
Amour mien,
Ab imo pectore,
Salut.//
Quelques instants plus tôt, je suppose sans trop de peine qu'en prétendant franchir le haut portail, après le périple de son ascension, le porteur de cette missive se verra arrêté par le portier. Je songe au faciès résolument fermé de ce dernier, juché sur la dernière marche, et la tempérance avec laquelle il jugera bon de vous faire parvenir ces quelques lignes, mon âme. Vous pouvez apaiser sa défiance. Votre visiteur ne vous vient que de ma part. Si détaché soyez-vous des choses de la bouche, je gage sans hésitation que les talents culinaires de cet homme ne vous échapperont pas. Tranchoir sied à sa main comme épée à celle du plus capable des soldats. C'est un don qu'il faudrait souffrir de cécité pour ne le pas voir. Vous imaginez aussi, sans en mesurer l'ampleur, les besoins de nourrissement que peut avoir une personne de mon aberrante condition. Aussi ai-je jugé bon, au vu de la délicate condition de cet homme, de lui proposer ici une charge d'officier de bouche. Je passe sur les mérites qu'on lui prétend donner, qu'il saura vous conter par lui-même.
Attendu que ses qualités humaines ont tendance à le réfréner sur l'usage de la bonne chère humaine, sans doute se montrera-t-il réticent à apprêter une autre carne que celle animale. J'ai moi-même souffert de l'en persuader. L'espoir subsiste que vous le convainquiez, vous, éloquent esthète, troublant mage à l'exquise verve inflexible, grisante merveille d'âme, à le convaincre de s'essayer l'art du carnage anthropien? Alors, l'entreprise n'aura pas été vaine.
Et si vous constatez, avec raison, que ces quelques lignes n'ont pas été écrites par ma main, j'en appelle aux lacunes de ma graphie, qu'une main plus habile aura sû retranscrire avec d'autant plus de joliesse. Qu'il me paraît insoutenable, en des instants où je me dolente de votre présence, d'oser abîmer vos admirables yeux de mon écriture vilaine. Mais laissez plutôt votre attention se porter sur le cadeau que flanque la présente, Amour mien, auteur de ma fièvre. Il n'est pas chose plus exclusive que celle que je vous offre. Je l'ai trouvée bien distrayante, en la retrouvant au hasard d'un rêve. Sa forme et sa matière sont telles qu'elle semble désosser la lumière, lorsqu'on l'y expose. Aussi verrez-vous se déployer, comme parfois après déluge, un spectre de couleurs toutes méthodiquement ordonnées.
Cette chose est vôtre, à présent. N'escomptez pas en tirer quelque précieux effet, mage que vous êtes. Une écaille brisée ne sera jamais que l'ombre d'une écaille intacte. Mais ce sont ces brisures, nettes, qui lui donnent tant d'attrait, et cette dérisoire capacité à entrapercevoir la lumière vraie. Sachant cependant que ce genre de babiole ne sera pas fait pour vous distraire plus d'une paire de minutes, j'en viens à vous révéler son rôle véritable. Il s'agit d'un réceptacle, mon Tout. Celui qui contient une partie de ma personne, diffuse et nébuleuse, qui a trop longtemps erré. Celui qui l'a écrouée en cette pierre m'a appris qu'une âme errante n'est jamais à l'abri de quelque nécromant désireux d'animer ses pantins. La voici à l'abri, à présent, d'autant plus qu'elle est entre vos mains. Me ferez-vous l'honneur de la conserver, pieusement, aussi longtemps que durera mon voyage? Laissez-là sommeiller contre votre sein, pour la confiance de moi. Je vous ai jà dit que mon âme était vôtre, souvenez-vous, en témoignant de mon inclination pour vous.
Je la vous confie donc, avant que d'être amenée à vous revoir. Je vous avais signifié un périple bien moins long, je le sais, et de ceci je suis blâmable. Mais je vous reviendrai, tôt ou tard, bientôt que bientard. Quand ce temps viendra, je vous en prie, ne vous effrayez pas!
Ardemment, mon âme, ardemment,
Sanaga.
Extrait de la boîte qui contenait la missive, se trouvait, camouflé dans un linge blanc, un petit objet que pouvait contenir une paume. Bien plus lourde qu'au juger, la pierre -puisqu'à première vue, il s'agissait d'une pierre-, avait la noirceur de l'asphalte autant que la transparence de certains quartzs. Elle semblait avoir appartenu à un corps plus vaste, que le hasard avait idéalement brisé en un prisme aux bordures parfaites. Seule une encoche en perçait le bord supérieur, où une ficelle avait été introduite, puis nouée, dans le dessein d'en faire un pendentif. En y approchant son oeil, l'on pouvait voir, à certains moments où la lumière n'était pas trop forte, une petite brume vivoter entre les parois de l'étrange pierre.
A la lueur de la flamme, Khorèn n'avait jamais rien vu d'aussi émouvant. Il ne sut dire pourquoi, mais une grande émotion le submergea, assortie de larmes. Beauté... Précieuse...
Un autre jour vint, encore.
Personne ne croisa le capitaine de la journée. Le bosco, responsable en son absence, n'avait reçu qu'une seule consigne : Garder le lopin de cannes et laisser tranquille le paysan. Son cerveau lent apprécia. Pas de difficulté majeur. Les matelots firent des rondes distraites, pour se désengourdir les gigues. Et aucun ne leva la main sur celui qui leur apporta un frichti sur les coups de midi.
Ce ne fut que le lendemain que le refourgueur émergea des pousses rigides. Un sourire éclatant lui rosissait les joues. D'une humeur guillerette, il fit le tour de ses hommes, tapotant les épaules, serrant des mains, les laissant sur le cul. Quand il croisa enfin le responsable d'équipage, il lui annonça qu'ils lèveraient l'ancre avant midi, rentreraient au bercail, et recevraient leur solde ! Il n'en fallut pas plus pour leur faire plier bagages.
Le soleil atteignit son zénith. Arthur avait prit son nécessaire, et avait embarqué comme les autres, tentant de trouver sa place sur le pont qui grouillait d'hommes affairés. Sur terre, une dizaine de matelots secouaient des mouchoirs crasseux, les évidant de leur contenu poisseux et verdâtre à chaque battement de poignet. Leur mission : Sauvegarder le restant de plantations et perpétuer la production de nectar.
Profitant d'un courant d'air favorable, le bâtiment prit le large.
Une fois de plus, Rhumdhil eut à peine le temps de s'éloigner que la magie fit son oeuvre. Le port de la cité intercontinentale poignit sans appel. Trop vite, trop proche. Prit de panique générale, le navire ravala ses voiles et cracha son ancre. Il ralentit et stoppa sa course un peu brutalement ; la pierre de l'appontement abîma l'étrave lorsque cette dernière vint s'y heurter, y abandonnant quelques échardes.
La routine du débarquement opéra.
Avant qu'Arthur ne les quitte, Khorèn lui taquina le flanc d'un coup de coude. Il lui remit la cassette en bois.
-Vous oubliez ça. Ne le perdez pas en route. Et surtout... Bon vent !
Le marin regarda le bêcheur s'éloigner vers son destin.
Dans son gousset, ses doigts pleins d'encre caressaient rêveusement la Précieuse... Sa plume avait rendue l'âme. Trop longtemps elle l'avait supporté, sans être régulièrement taillée.
La boite qu'Arthur portait sous le bras avait subit quelques changements... De contenu. Le cachet avait été reproduit à l'identique. Les sceaux n'avaient plus de secret pour l'escroc.
Le linge blanc fut soigneusement replié autour d'une sorte de gris-gris orné de plumes de poule, - honneur aux poules de feu ? - d'estomacs séchés de souris et quelques dents de glaug-glaugs morts depuis des centaines de lunes.
La lettre... était la même. De loin. Si l'on s'y rapprochait, voilà ce qu'elle relatait :
//Au mage, à bille entre tous,
Au maître de la Franche Deux meurent,
Amour mien,//
//Ab imo picore,
Salut.//
Quelques instants plus tôt, je suppose sans trop de peine qu'en prétendant franchir le haut portail, après le périple de son ascension, le porteur de cette missive se verra arrêté par le portier. Je songe au faciès résolument fermé de ce dernier, juché sur la dernière marche, et la tempérance avec laquelle il jugera bon de vous faire parvenir ces quelques lignes, mon âme. Vous pouvez apaiser sa défiance. Votre visiteur ne vous vient que de ma part. Si détaché soyez-vous des choses de la bouche, je gage sans hésitation que les talents culinaires de cet homme ne vous échapperont pas. Tranchoir sied à sa main comme épée à celle du plus capable des soldats. C'est un don qu'il faudrait souffrir de cécité pour ne le pas voir. Vous imaginez aussi, sans en mesurer l'ampleur, les besoins de nourrissement que peut avoir une personne de mon aberrante condition. Aussi ai-je jugé bon, au vu de la délicate condition de cet homme, de lui proposer ici une charge d'officier de bouche. Je passe sur les mérites qu'on lui prétend donner, qu'il saura vous conter par lui-même.
Attendu que ses qualités humaines ont tendance à le réfréner sur l'usage de la bonne chère humaine, sans doute se montrera-t-il réticent à apprêter une autre carne que celle animale. J'ai moi-même souffert de l'en persuader. L'espoir subsiste que vous le convainquiez, vous, éloquent esthète, troublant mage à l'exquise verve inflexible, grisante merveille d'âme, à le convaincre de s'essayer l'art du carnage anthropien? Alors, l'entreprise n'aura pas été vaine.
Et si vous constatez, avec raison, que ces quelques lignes n'ont pas été écrites par ma main, j'en appelle aux lacunes de ma graphie, qu'une main plus habile aura sû retranscrire avec d'autant plus de joliesse. Qu'il me paraît insoutenable, en des instants où je me dolente de votre présence, d'oser abîmer vos admirables yeux de mon écriture vilaine. Mais laissez plutôt votre attention se porter sur le cadeau que flanque la présente, Amour mien, auteur de ma fièvre. Il n'est pas chose plus exclusive que celle que je vous offre. Je l'ai trouvée bien distrayante, en la retrouvant au hasard d'un rêve. Sa forme et sa matière sont faites en votre hommage, amoureux des poules de feu. Aussi verrez-vous se déployer, comme parfois après déluge, chapelet de canines très anciennes et très rares, ayant pour certains êtres un prix inestimable, auquel me je soustrais pour vous en faire présent.
Cette chose est vôtre, à présent. N'escomptez pas en tirer quelque précieux effet, mage que vous êtes. La capacité à éloigner du mauvais oeil le porteur de ce bijou exceptionnel, et intact. Mais ce sont ces panses asséchées, nettes, qui lui donnent tant d'attrait, et cette habile manière dont l'artisan a su les extraire de si petits animaux sans les abîmer. Sachant cependant que ce genre de babiole ne sera pas fait pour vous distraire plus d'une paire de minutes, j'en viens à vous révéler son rôle véritable. Il s'agit d'un réceptacle, mon Tout. Celui qui contient une partie de ma personne. En effet, venir à bouts de ces bestioles si féroces m'a coûté. Celui qui a joint les éléments entre eux dit n'avoir jamais vu pareils spécimens. Le voici à l'abri, à présent, d'autant plus qu''il est entre vos mains. Me ferez-vous l'honneur de le conserver, pieusement, aussi longtemps que durera mon voyage? Laissez-le sommeiller contre votre sein, pour la confiance de moi. Je vous ai jà dit que mon âme était vôtre, souvenez-vous, en témoignant de mon inclination pour vous.
Je le vous confie donc, gris-gris véritable, avant que d'être amenée à vous revoir. Je vous avais signifié un périple bien moins long, je le sais, et de ceci je suis blâmable. Mais je vous reviendrai, tôt ou tard, bientôt que bientard. Quand ce temps viendra, je vous en prie, ne vous effrayez pas!
Ardemment, mon âme, ardemment,
Sanaga.
Il en était fier. Rien ne pouvait l'inculper... Rien ? Et Arthur alors ? ... Un sursaut d'adrénaline lui raidit les veines. Le capitaine avait oublié de lui préciser la phrase magique : « Et n'oubliez pas : vous ne me connaissez pas ». Une goutte de sueur glissa le long de sa colonne, épongée tantôt par sa tunique jaunie.
Tel un automate, il tourna les talons et remonta à bord. Le quinquagénaire ordonna à ses hommes d'amarrer le navire plus loin, vers les falaises, n'importe où, mais en dehors du port. Si son navire n'était pas visible, c'était qu'il n'était pas là. Du moins... dans son esprit. Sans perdre de temps, ses pas le menèrent dans les ruelles de la cité. Il connaissait les chemins déserts. Il ne souhaitait rencontrer personne.
Puis, il s'évanouit dans la nature.
Edité par Khorèn le 01/10/10 à 01:40
Celimbrimbor | 03/10/10 22:33
Le mage lui avait pourtant dit. Vous m'appartenez. Les mots avaient été clairs. Les paroles sereines. La vérité nette et brute. Ce que le mage disait était. Nulle limite à son pouvoir. Nul obstacle à son vouloir. Il avait été sur l'épaule du marchand tout le long de son aventure, derrière lui, au-dessus, le surveillant, vérifiant ses pensées. Ne jamais faire confiance à un commerçant, même quand l'attrait d'une manne sans fond semblait l'appâter suffisamment. Ils sont roublards, traîtres et incapables de penser plus loin que le bout de leur nez. Celui-là ferait office d'exemple. Pour tous les autres.
Le mage avait pleuré, quand il avait lu la lettre de sa compagne, alors que Khorèn la parcourait sans trop y croire.
Le mage avait pleuré quand il avait vu l'écaille splendide. De joie, de tristesse, d'il ne savait quoi. Avec cela, il pouvait la sauver.
Le mage s'était tu quand le pendard avait falsifié le tout.
Le mage s'était tu quand il avait bricolé un grigris pour faire illusion.
Le mage avait ramené le navire jusqu'au continent. Et maintenant, Khorèn était seul.
A présent, Celimbrimbor était assis à son bureau, le regard tourné vers le marchand qui marchait sur ses chemins déserts connus de lui seul. Un sourire mauvais vint éclairer le visage sombre de l'elfe. D'abord, il devait corriger quelque chose, pour faire sentir l'amère goût des ténèbres à l'imprudent qui lui avait désobéi. On ne mentait pas au mage. Pas impunément. Le bibliothécaire passa une tête poilue par l'embrasure de la porte et couina doucement, préférant reculer.
Le maître de la demeure solitaire n'esquissa pas un geste et soudain il ne fut plus là.
Les couloirs du temps. Une métaphore bien peu intéressante pour comprendre la façon dont l'être voyait à présent le monde et le temps. Il aurait fallu imaginer, plutôt, une sorte de sphère pleine, où chaque point, pour tout microscopique qu'il fût, représenterait une seconde, voire moins. Il aurait fallu imaginer que chaque point lui était accessible, au même instant, tous en même temps. Il aurait fallu imaginer qu'il puisse se déplacer sans se déplacer, courber chaque chose pour lui agréer. Il aurait fallu imaginer qu'il fût lui-même et qu'il était de mauvais poil. Le gardien du seuil le comprit très vite.
« Que venez-vous faire ici ? L'équilibre est perturbé ailleurs. Pas ici.
-Silence. Écartez-vous.
-Vous ne pass... »
Le gardien avait à peine eut le temps d'étendre les bras pour fermer le passage que le coup de poing le saisit en plein ventre, perçant la peau, l'estomac et endommageant quelques organes au passage pour venir se refermer sur la colonne vertébrale et l'arracher sans qu'un trait du visage de Celimbrimbor ne bouge. Nulles limites à son pouvoir, nul obstacle à son vouloir.
« L'équilibre attendra le mien. Je paierai pour cela, plus tard. »
Il était entré, marchant sur le cadavre gémissant de la pauvre créature qui tentait de se reconstituer mais qui s'en trouvait empêcher par un sort mesquin. Un autre tour à jouer, à une autre sorte d'adversaire, pensa-t-il. Et il nota dans un coin de son esprit de commencer à apprendre à éviter de passer par ce chemin à l'avenir pour toucher aux temps. Nulles limites.
Un souffle plus tard, Khorèn regardait l'écaille de dragon avec des yeux de merlan frits et une convoitise qui aurait fait frémir une putain des plus aguerris. Le pouvoir, la richesse. Les pensées se bousculaient dans la tête du marchand comme des mouches sur une bouse fraîche. Celimbrimbor esquissa un sourire torve et accompagna l'humain jusqu'au moment de la substitution de l'écaille noire par le grigris. Quand il l'effectua, il joua un peu sur les perceptions du monde. L'échange était fait. Deux grigris, un dans une boite, un dans la poche de Khorèn. Quant à l'écaille, elle était déjà en sécurité dans le corps du mage, à la place exacte qu'avait tenu, longtemps auparavant, son coeur. Il n'y avait pas d'endroit plus sûr au monde. Et puis, il ne fut plus là, encore.
Retour au temps présent et à Khorèn qui marche sur des chemins déserts. Il se croit seul. Regardez-le. Il s'imagine que tricher contre moi est sans répercussions. Surtout, il pense avoir gagné. Après tout, ne m'a-t-il pas refourgué une babiole sans intérêt pendant que, dans un coffre à lui, palpite l'écaille de Sanaga. Je n'ai pas souri ainsi depuis longtemps et cela n'augure rien de bon. Ni pour lui, ni pour moi, d'ailleurs.
Bien, affairons-nous à le châtier.
D'abord, les chemins déserts.
Peu à peu, autour de lui, les rues, les routes, les maisons, les habitants, les passants, tout disparu pour laisser place à du sable âcre et piquant, aux odeurs peu amènes. Gris. Gris et plat, uniforme, infernal.
J'attends qu'il panique un peu, à grand renfort d'effet sonore bon marché et de cycles jours nuits un peu précipité.
Voilà, le temps semble échu. Autant apparaître devant lui.
« Marchand, nous avons à parler. »
Baramir d'Eckmöl | 04/10/10 15:37
Moi j'en connais qui aurait mieux fait de rien faire, justement 
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Khorèn | 04/10/10 18:13
La ruelle était étroite, l'atmosphère poisseuse. Les vapeurs se dégageant des pavés humides collaient à la peau ; mélange de fange, de rats crevés, et de déjections en tous genres. Le receleur traînait le pas. Il était perdu dans ses pensées, et fumait distraitement. Des colonnes de fumeroles s'envolaient au dessus de son épaule, retombant dans son dos, tourbillonnant à chacune de ses enjambées. Légèrement éméché, il crut à un mauvais effet de l'alcool lorsque le décor se troubla, se tordit, s'évapora. Tournant sur lui-même, il observa le phénomène, non sans appréhension, ouvrant de grands yeux, clignant des paupières, se les massant. Puis plus rien. Enfin presque. Du sable. Infiniment trop. Plus que sur Canyonchaudhil. Il n'y avait que ça. D'ailleurs il n'était pas jaune. Crapotant nerveusement, il pensa à son herbe à pipe. Etait-il tombé sur une mauvaise feuillasse ? Quel drôle de trip, comme on dit ! Il avait l'impression d'être nu, vulnérable. Il se sentait définitivement mieux dans les venelles, où les toits se rejoignant presque empêchaient la lune de trop s'y aventurer. Il fit encore plusieurs tours sur place. Sa nuque le démangea, son aisselle aussi. Son cerveau endormit par les substances aliénantes ouvrit un oeil mou.
Sacré nom d'un chien ! La nuit... Le jour... La nuit.. Le jour.. La nuit. Le jour. La nuit, le jour, la nuit, le jour, la nuit, le jour, la nuit !! Corne bleue ! Il eut un vertige, son instinct lui fit comprendre qu'il devait s'inquiéter. Il fit un pas... Non, finalement pas par-là. Il avança à nouveau, par ici. Pour aller où ? Désolation. Comment mieux qualifier ce merdier ? Un Rien de trop de sablon couleur « gris-déprimant ». Les grondements, chuintements, tambourinements qui l'entouraient étaient extrêmement agaçants, et firent monter la pression chez le marchand. Ce dernier tâta ses poches convulsivement. Il dévoila sa blague à tabac, et s'attela à remplir sa bouffarde rapidement. Une allumette craqua contre la semelle de sa botte trouée. Ses mains tremblantes lui donnèrent du fil à retordre pour viser le foyer avec sa flamme minuscule. Le mortel créa de petits nuages orangés tout autour de lui, pensant qu'un peu de Voyage le calmerait. Ses mirettes vertes s'échouèrent une nouvelle fois sur la toile de fond.
Une voix. La sienne. Sa tête s'enfonça dans ses épaules. Il se raidit comme un radis.
Le mage avait germé devant lui. D'un coup. Qu'il aurait put recevoir dans les côtes, l'effet restant le même. Se persuadant mentalement qu'il n'avait rien à se reprocher, tentant de paraître innocent, il se détendit progressivement. Ses épaules retombèrent. Un sourire fendit sa poire en deux. Son éloquence prit le dessus.
-Quel plaisir, cher Mage ! Vous tombez bien, et je vois que nous avons eu la même idée : parlons. Les recherches concernant Sanaga avancent. Et je vous remercie, le voyage fut bref mais intense !
Son coeur battait au rythme d'un tambour de guerre humain, sonnant la retraite de toute urgence. Ses mains étaient moites, son front également. Ses dents rayaient l'embout de son brûle-gueule, dont la séduisante herbe se consumait à vue d'oeil.
Khorèn dressa un doigt qui s'agita comme une aiguille de boussole paumée. Il indiqua l'étendue de gris, reprenant la parole :
- C'est de vous, tout ça ? C'est très... personnalisé. Affirma-t-il d'un hochement de tête convaincu.
