Forum - Chroniques d'un nouvel âge-6: Abysses

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Noir-feu | 24/07/10 20:08

Chapitre premier: Effervescence

Lune 964, citadelle de Deuxièmecercledhil.

Après trois cent trente-deux lunes de paix, l'attention s'était relâchée, les armées jadis prêtes en tout temps à contrer la venue d'un insondable mal s'étaient peu à peu détendues, et les guerriers ayant quitté les légions n'avaient pas été remplacés. Des trois Veilleurs d'origine, il n'en restait qu'un, les autres avaient disparu, morts de vieillesse, emportés vers d'autres destins, peut-être. Dans la puissante citadelle bâtie par Orféor le Noir, qui comptait à son apogée vingt Dragons de guerre et près de mille paladins, ne demeuraient plus qu'une centaine de défenseurs trop âgés pour se battre. Les autres, tous les autres, avaient succombé lors de la discrète Guerre de l'Oubli, succombé, ou oublié jusqu'à leurs noms, ce qui ne valait sans doute pas mieux. Et parce qu'il semblait qu'en fin de compte aucun mal ne viendrait, le Dragon Noir n'avait pas jugé utile de renforcer la garnison. Aujourd'hui, il se maudissait de cette décision, et les heures lui semblaient bien trop courtes pour remédier de manière convenable à cette erreur.

Dans la salle du trône, une dizaine d'humains, conseillers, officiers, marchands, se tenaient, silencieux. Moins d'une heure auparavant, une convocation sans appel leur était parvenue, de celles qu'on ne refuse pas quand on tient à sa tête. Le Seigneur des lieux n'était pas connu pour sa clémence, et si peu l'avaient déjà rencontré, les rumeurs en disaient long. Nul n'avait souhaiter se dérober, mais quelques-uns commençaient à le regretter. Assis sur le trône d'obsidienne, Noir-Feu avait donné ordre sur ordre, d'un ton tranchant, catégorique. Les humains se regardaient, abasourdis, ne comprenant pas vraiment la cause de ce brutal regain d'intentions guerrières. Dans leurs yeux se lisait le doute, et chacun attendait qu'un autre prenne la parole, préférant cent fois qu'autrui risque la colère du noir seigneur. Mais tous se taisaient. Et le regard de braise de leur maître était posé sur eux, dénué de toute compassion, dénué à vrai dire de tout semblant d'émotion. Bien sûr, aucun n'était bien certain de parvenir à décrypter ces deux brasiers inquiétants, ce qui les mettait encore plus mal à l'aise. Quand la voix rauque s'éleva à nouveau, tous sursautèrent.

-Alors? Qu'attendez-vous? Le temps presse.

Un officier, âgé, prit la parole d'une voix hésitante:

-Seigneur...c'est impossible. Selon les ordres reçus à la fin des conflits, aucun village, aucune ville n'a été construite. Il n'y a pas d'endroit où recruter une armée ici...

-Je sais. Envoyez des navires sur Quanastadhil, Poupoumdhil, Glarfodhil, Quickydhil et Sandhil. Les commandants sont prévenus. Vous y embarquerez les troupes d'élite. Leur remplacement là-bas est en cours. Trouvez-moi aussi une centaine de forgerons, nous devons impérativement constituer des réserves importantes d'armes et d'armures.

-Que se passe-t'il, Seigneur? Nous n'avons pas observé le moindre signe indiquant un proche conflit.

-Non. J'espère qu'il n'y en aura pas. Mais si il éclate, et c'est probable, nous aurons intérêt à être prêts. Allez, maintenant! Chaque minute de perdue peut être lourde de conséquences.

Le vieux soldat s'inclina. Une vie d'obéissance aux ordres laissait des traces. Le Dragon sourit, il sentait que ses consignes seraient suivies avec diligence, au moins de ce côté-là. Les marchands seraient sans doute moins coopératifs...il posa son regard sur le doyen de leur confrérie.

-Marchands?

-Noble Sire, vous ne semblez pas comprendre notre situation précaire...nous...

-Assez! Je vous ai demandé de remplir tous nos entrepôts de denrées non périssables. Vous avez trois lunes. Je veux également de la toile en grandes quantités, du cuir, des métaux, selon la liste que je vous ai fournie. Le délai est le même.

-C'est notre ruine à tous! Il ne nous est pas possible d'accéder à votre demande! Je..

-Il suffit! Voilà des centaines de lunes que vous profitez de conditions des plus avantageuses! Pas d'impôts, pas de taxes, des transports à prix défiant toute concurrence! Vous êtes riches à millions, je connais vos palais, j'ai vu leur faste éhonté. Alors je vous le dis: décevez-moi et votre tête roulera au sol. La vôtre et celles de tous vos confrères. Je n'ai pas de temps à perdre. Est-ce clair?

-...oui...

-Oui...?

-Oui Seigneur.

-Bien. Mettez-vous au travail immédiatement. Et ne pensez même pas à tenter de me tromper...

-Non, Sire...

Le Doyen s'inclina avec mauvaise grâce, quittant la salle en se jurant de faire payer cet affront à l'impudent seigneur. "Ha! Ce cuistre ignore le pouvoir de notre guilde! Et bien il en prendra la mesure sans attendre! Oser me parler de la sorte!!!"

Le responsable des constructions s'avança, la mine soucieuse:

-Seigneur, vous me demandez de faire construire cinquante tours de garde supplémentaires, ainsi que de nombreux fortins dans les montagnes. Mais nous n'avons pas assez d'artisans pour respecter le délai. De plus, nos carrières sont pour la plupart épuisées, voilà longtemps que nous les exploitons. Il nous faut des Nains! Eux seuls pourraient réaliser tel prodige à temps!

-Soit. Trouvez-les. Et vite.

-Mais...ils coûteront cher...

-Ne vous souciez pas de cela. Je vous ferai parvenir de quoi les payer grassement. Mais faites diligence, et respectez le délai, coûte que coûte.

-A vos ordres, messire.

A son tour, il s'incline, et quitte le lieu. La plupart de ceux qui restent lui emboitent le pas, ayant compris que leur seigneur ne changerait pas d'avis. Il ne servait à rien de discuter. Bientôt, ne demeura qu'une relativement jeune femme aux traits rigoureusement anodins, son visage serait oublié par tous les invités à cette réunion avant même qu'ils n'aient passé la grande porte. Le Dragon lui sourit légèrement, l'invitant à s'approcher et à prendre place sur le fauteuil disposé près du trône.

-Une bonne chose de faite. A nous, maintenant...

Edité par Noir-feu le 24/07/10 à 20:15

Rat De Labo | 24/07/10 21:44

Mmmmmhhhhhh.......

Le Rat, démon clanique et seigneur du cauchemar.
"La récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts."

Noir-feu | 25/07/10 03:19

Chapitre deuxième: Enchevêtrements

Le calme était revenu dans la vaste salle. A peine quelques minutes auparavant, la femme avait quitté les lieux d'un pas pressé. D'ordinaire imperturbable, elle peinait maintenant à cacher son anxiété. Ses pensées se bousculaient en une sarabande effrénée sans ordre. S'assurant d'un regard circulaire que nul ne pouvait l'apercevoir, elle s'appuya d'une main contre un pilier octogonal massif, en proie à un vertige qui menaçait de lui soulever l'estomac. Elle qui avait toujours tiré fierté de savoir ce que le commun des mortels ignorait réalisait subitement qu'elle en savait trop. La mission que venait de lui confier le Dragon Noir reléguait toutes ses dangereuses escapades au rang de ballades de santé, et tout son entraînement ne suffisait pas à la rassurer. Une nausée violente la plia en deux. Elle s'agenouilla, priant que personne ne vienne à passer à cet instant. Les paroles de son professeur lui martelèrent l'esprit.

"Tu n'as plus de nom. Tu n'as plus de visage. Aucune histoire. Tu seras une Ombre, nul ne te verra, nul ne te sentira, nul ne saura rien de toi. Tu seras aussi lisse que le verre, aussi transparente que le cristal le plus pur. Tu n'éprouveras aucune émotion, tu ne t'attacheras à aucun être, tu ne compteras que sur toi-même, en n'importe quelles circonstances, tu banniras le doute de ta pensée, tu banniras la peur. Tu ne seras plus qu'une flèche inéluctable dont le destin est de toucher sa cible."

Et les ans s'étaient écoulés. Elle était peu à peu devenue la flèche, forgée par un artisan intransigeant, exigeant à l'extrême. Elle ne se souvenait même pas du nom qu'elle avait un jour porté dans sa jeunesse. Elle était devenue un outil parfait, qui avait accompli son ouvrage sans jamais faillir. Jusqu'à ce soir. Elle serra les dents de toutes ses forces, ses phalanges blanchirent sous la pression exercée par ses poings crispés. Lentement, elle se releva, s'essuya la bouche d'un revers de main.

"Je dois me reprendre. Je n'ai plus de nom, je n'ai plus de visage..." et tel un mantra purificateur, elle se répéta longuement les enseignements reçus en un lieu ignoré de tous. Peu à peu, le calme lui revint. Elle vérifia l'ordonnance de ses vêtements, de ses armes, soigneusement. Puis elle se mit en route, rejoignit sa monture écailleuse. La wyverne lui jeta un regard inexpressif tandis qu'elle bondissait en selle, puis sous l'impulsion des rênes, décolla brutalement. Quelques secondes plus tard, elle disparaissait dans le ciel qui s'assombrissait tout juste.

-Qu'en penses-tu?

La question posée d'une voix rauque résonna lugubrement dans la nef imparfaitement éclairée par quelques trop rares torches. Une lourde tenture noire brodée de fils d'argent aux motifs géométriques s'écarta sans bruit. D'un pas encore alerte, le vieil homme-lézard s'avança, haussa les épaules avant de s'asseoir lourdement sur le fauteuil abandonné.

-La même chose que toi. Elle est la sssseule qui ait une chanssse. Je n'aimerais pas être à ssssa plasssse. Sssss....

Les yeux aux pupilles verticales se posèrent sur Noir-Feu, pensifs. Étrange, se disait-il, comme ce jeune homme est devenu semblable à son père. J'aurais sans doute de la peine à les distinguer l'un de l'autre. Non, je ne les différencierais pas. Pas du tout. Même regard, même gestes, même maintien, c'est Lui, de la gueule aux pattes. Sssss! J'aimerais avoir deux cents lunes de moins, ha! Je pourrais lui être utile! Manier les sabres, participer aux batailles qui s'annoncent!

-Tu m'es utile, Ssssarkosss. Très utile, n'en doute pas.

Le vieux conseiller soupira discrètement, chassant la question d'un geste désabusé. La manière qu'avait le Dragon Noir de percer ses pensées le surprenait encore, le mettait toujours mal à l'aise, malgré les lunes écoulées. Mais il n'était pas dupe. Bientôt, il en serait réduit à donner quelques conseils du fond d'un grabat, lui qui avait été l'un des plus redoutables maîtres de guerre d'Orféor le Noir.

-Ssss! Occupe-toi plutôt d'elle! Tu ne peux pas te permettre de la perdre. Pas maintenant.

-Je ne peux rien pour elle, tu le sais. Elle réussira, ou elle mourra en essayant. Il n'y a pas d'alternatives. Pas avec elle, pas là-bas.

Sarkos soupira sombrement, fixant un moment le sol. Puis releva les yeux, croisant le regard du Seigneur.

-Et ssssi...ssssi elle trouve cccce que tu ssssupposssses enterré...là-bas?

Un sourire dur releva les lèvres de Noir-Feu, ses yeux flamboyant intensément dans la pénombre ambiante.

-Alors j'irai.

-Ssss!! Je m'en doutais...tu ssssais que cccc'est de la folie! Combien de Gardiens y sssont resssstés?

-Deux? Trois? Plus? Qu'importe. J'irai.

-Prends-la avec toi, au moins.

-Non. Elle a d'autres ordres. Mais tu le sais déjà, tu étais là.

-Alors fais-toi accompagner par quelqu'un d'autre! N'y vas pas sssseul!

-Qui?

-La Vampire? Elle est puissssante...redoutable. Et la nuit est sssson domaine.

-Mmm...tu tiens rudement à me faire chaperonner...

Sarkos fixe durement le guerrier, sa voix se teinte d'une autorité qu'il manifeste de plus en plus rarement.

-Je ssssais que tu n'en a cure. Mais ccccertains sssse ssssouccccient de ton ssssort! Ccccertaine, aussssi! Que deviendrait Tãla si tu ne revenais pas?

Le Dragon lève les yeux au ciel, soupire profondément.

-Ah! Nous y sommes! Tu ne la connais même pas!

-Et alors? Çççça change quelque chosssse?

-Non...bien sûr que non.

-Alors?

-Soit. Je lui demanderai si elle souhaite m'accompagner. Pour autant qu'il y ait une raison valable d'aller là-bas.

-Mercccci.

-Je t'en prie, mon diligent ami. Bien, je dois partir. A très bientôt.

Le Seigneur d'Obsidienne se leva, donna une tape amicale sur l'épaule du vieillard, puis se dirigea vers la plus proche terrasse. Les airs vacillèrent un instant, le Dragon retrouvant avec plaisir sa forme reptilienne. Il songea futilement qu'il n'en avait pas toujours été ainsi, que cette apparence l'avait jadis rendu nerveux, maladroit. Un temps si lointain qu'il en devenait éthéré. Il songea aux quelques êtres plus âgés encore que lui, admira leur force, leur constance. Un rire jaillit, grondement grave et sourd, puis le chevaucheur d'orages bondit dans les cieux. Une tâche de la plus haute importance l'attendait: s'assurer que la taverne était toujours bel et bien ouverte. Et surtout, surtout, ne pas y manquer le rendez-vous fixé.

Quelques heures plus tard, taverne de la cité intercontinentale de Daifen:

Son rendez-vous était arrivé. Elle avait réussi. Et ce qu'il espérait c'était révélé juste. Son coeur avait bondi dans sa poitrine, une brusque montée d'adrénaline envahi ses veines, et une sourde joie de la savoir en vie avait failli submerger son masque d'impassibilité. Mais il était hors de question qu'elle le sache, aussi avait-il maté durement le flot de joie qui le parcourait. Froidement, il lui avait ordonné de passer à la tâche suivante. Elle avait acquiescé, et était partie sans un mot de plus. L'étincelle de fierté et de satisfaction qui avait brillé dans son regard n'avait pas échappé au Dragon, pourtant. Il avait souri intérieurement, puis entrepris de relater l'essentiel à son interlocutrice principale dans cette affaire. Et la Vampire avait accepté de l'accompagner.

Un Seigneur présent, téméraire ou en manque de sensations fortes les accompagnerait, accompagné de ses goules de compagnie, ce qui ne manquait pas de faire grincer les crocs du Dragon. Il avait jaugé le Seigneur et ses créatures, et si le premier semblait apte à ce qui les attendait, les deux bestioles semblaient rigoureusement intenables.

Quoi qu'il en soit, Sarkos serait satisfait, et incidemment, le Dragon l'était tout autant. La Danse allait bientôt commencer dans les ténèbres.

Edité par Noir-feu le 25/07/10 à 03:26

Celimbrimbor | 25/07/10 19:05

Je n'aime pas toutes ses trames.

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

Noir-feu | 26/07/10 21:10

Chapitre troisième: Un pas dans le vide

Lune 965, Krak du Dragon Noir

La pièce servant de bureau au Dragon Noir était à peine éclairée par les dernières lueurs du jour, filtrant au travers des étroites fenêtres surplombant le cratère dantesque entourant sa citadelle. Les teintes rougeâtres de la lave bouillonnant à l'extérieur se reflétaient sur l'ébène du mobilier, lui donnant une sinistre aura sanglante dont le propriétaire ne se paraissait pas se soucier. Sur le bureau lui-même, diverses cartes étaient étalées, les unes récentes, d'autres d'aspect antique, certaines à demi-effacées par les temps. Quelques rouleaux de parchemins ainsi qu'un encrier et quelques plumes complétaient le matériel disposé sur le meuble savamment ouvragé. Penché sur l'une des cartes, sa longue chevelure neigeuse frôlant le vélin, Noir-Feu étudiait les rares inscriptions qui marquaient les points stratégiques, le front barré d'un trait soucieux.

Trois coups légers furent frappés à la porte aux nombreuses ferrures, entremêlées de runes complexes évoquant de souples flammes. D'une pensée, il désactiva les protections, puis murmura: "Entre Elynn..." L'huis s'écarta sans un bruit, laissant passer une jeune femme aux longs cheveux bruns portant un lourd grimoire. Elle sourit timidement au Dragon, ses yeux d'un bleu acier se baissant fugitivement, puis s'approcha du bureau et y déposa son ouvrage, prenant grand soin de ne rien déranger.

-J'ai fini de l'étudier, Seigneur.

-Oh. Fort bien. Assieds-toi, je t'en prie. Alors? Qu'en as-tu retiré? Demanda Noir-Feu d'une voix empreinte de fatigue.

La jeune femme s'assit au bord de l'un des deux fauteuils à hauts dossiers faisant face à l'occupant des lieux, réfléchit quelques instants puis d'une voix un peu hésitante lui répondit:

-Je n'ai rien compris aux passages mentionnant les mouvements "chaotiques". Il n'y a aucune logique là-dedans! Et puis je ne comprends pas non plus pourquoi un maître de guerre de très haut niveau risque sa vie en affrontant un débutant...

Le Dragon se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, scrutant la jeune femme avec attention.

-Il n'y a en effet aucune logique dans le Chaos. C'est précisément sa nature. Totalement imprévisible, c'est ce qui en fait tout l'intérêt dans l'art de la guerre. L'adversaire ne peut prévoir tes gestes, il ne peut que réagir, en général trop tard. Quand à ta question suivante, cela peut en effet paraître surprenant, mais en réalité, c'est assez simple: un maître de guerre digne de ce nom cherche à atteindre l'absolue perfection dans son art. Pour cela, chaque coup doit être à l'extrême limite de ses connaissances, qu'il cherche à améliorer en permanence. Aussi, quel que soit le niveau de l'adversaire, le risque d'échec est le même, puisque il frôle toujours ses propres limites.

Un air perplexe s'afficha sur le visage angélique d'Elynn.

-Alors à quoi bon s'entraîner, si même un novice peut nous battre?

-En combat réel, les choses sont un peu différentes. L'instinct, les réflexes issus de l'entraînement, jouent un très grand rôle. Au bout d'un moment, la plupart des coups sont connus, et la parade, ou l'esquive, se fait de manière totalement automatique, l'esprit est déjà focalisé sur les actes suivants, ce qui permet de poser des enchaînements de coups qui conditionnent les actions de l'adversaire, l'amenant au coup final sans plus guère de chances de le contrer. Comprends-tu?

-Oui...oui...je crois.

Elle observa un moment son interlocuteur, songeuse, puis lui demanda:

-Alors quand vous commencez un combat, la plupart des coups sont écrits d'avance? Mais quel rapport avec le Chaos?

-Bonne question. Dans la plupart des batailles, les coups s'inscrivent à l'instant de la première passe. Mais il arrive de rencontrer un adversaire de même niveau, voire supérieur. Dans ce cas, c'est un jeu, chacun tentant de prévoir et d'anticiper les actions de l'autre. Parce que les techniques de base sont plus ou moins codifiées, le plus expérimenté l'emporte en général. Dans le cas où ta technique est surpassée, il te reste la possibilité d'effectuer un pas "chaotique", qui a pour but de rompre l'enchaînement fatal, et de porter un coup totalement imprévisible à ton adversaire. Mais c'est une danse extrêmement aléatoire, risquée, qui ne doit être employée qu'en dernière extrémité.

-Et...le Néant?

-Pas aujourd'hui, c'est encore trop tôt, et je n'ai pas la tête à ça.

-Vous avez l'air fatigué...voilà des heures et des heures que vous scrutez ces vieux parchemins...vous devriez aller vous promener un peu...

Surpris, le Dragon haussa un sourcil, puis éclata de rire.

-Je n'ai pas le temps d'aller me promener. Je viens d'échouer dans une Danse capitale, beaucoup de choses sont maintenant en péril. Le mage est rendu aveugle par son propre pouvoir.

-Celimbrimbor?

-Lui-même.

-Il s'est dressé contre vous?

-Non. Il ne me fait pas confiance. Me voilà donc contraint de fouiller toutes les archives, et probablement toutes les terres, pour m'assurer qu'un objet est bel et bien chez lui. J'en ai pour des lunes et des lunes, alors que de partout les trames se déploient, et n'attendront pas.

-C'est dommage...

-Ô combien. Mais c'est ainsi. Rends-moi un service, veux-tu?

-Bien sûr!

-Merci. Vas dire à mon dragonnet de se rendre au plus vite auprès d'elle. Qu'il lui dise de revenir ici de toute urgence, nous devons modifier tous nos plans.

-Il est en train de dévaster les cuisines. J'y cours!

Sans plus attendre, la jeune femme se précipita hors de la pièce. Quelques minutes de dure persuasion plus tard, le dragonnet prenait son envol à tire-d'ailes. Dans le bureau, Noir-Feu se replongea dans les trames ébranlées de ses Danses en soupirant. Il s'était attendu à bien des difficultés, mais celle-là l'avait pris de court.

Edité par Noir-feu le 26/07/10 à 22:08

Noir-feu | 27/07/10 02:18

Chapitre quatrième: Le chant d'Aube

Trop près! Ils sont beaucoup trop près! Le Dragon Noir rugit de frustration, plonge de toute sa vélocité entre les deux pâtés de maisons, arrachant une partie de toiture de son aile droite, éventrant la demeure d'en face d'une patte rageuse qui projette loin à la ronde moellons et poutres. A quelques mètres encore du sol il reprend une apparence presque humaine, une longue lame de feu sombre étincelant à la main droite, une fine rapière à la main gauche. Il amortit la chute brutale en s'accroupissant par terre, quelques carreaux d'arbalète le frôlent, il se relève d'un bond, se rue à l'assaut avec une férocité démente.

Elle suffoque, le dos contre un mur qui lui semble glacial, le manche d'un poignard dépassant d'entre ses côtes. Son sang s'écoule de nombreuses estafilades dont elle n'a pas eu le temps d'estimer la gravité, ses forces l'abandonnent, elle sent ses jambes trembler, sent qu'elles cesseront de la soutenir dans quelques secondes. Une larme de dépit coule lentement le long de sa joue, elle rage de mourir comme une mendiante au fond d'une ruelle mal famée, maudit ses agresseurs tout en parant de sa lame brisée une dague visant son visage. Aperçoit du coin de l'oeil le carreau qui va la clouer au mur, il semble se diriger vers elle dans un étrange ralenti. Elle a le temps de penser: Ainsi, c'est donc ça la fin de la route?

Elle avait passé la soirée dans les tavernes du port, questionnant discrètement quelques habitués, usant, une fois n'est pas coutume, de ses charmes pour obtenir le renseignement qu'elle cherchait. Toutes les réponses avaient été négatives, jusqu'à ce qu'elle tombe sur un étrange sire à la pâleur inquiétante. En temps normal, elle se serait méfiée, aurait pris le temps de chercher un autre informateur. Mais le temps n'était pas extensible, et chaque heure qui passait rendait la situation plus périlleuse, elle le savait. Elle avait donc abordé ce qu'elle supposait être un vampire, et lui avait posé la même question qu'aux dix précédents: Connaissez-vous la demeure d'un certain Findel? Le regard glacial de l'être s'était posé sur elle, il avait eu un sourire mauvais, mais avait répondu d'une voix chaleureuse:

-Certes, belle dame. Il habite près d'ici. Souhaitez-vous que je vous y conduise?

-C'est fort aimable à vous, messire, mais je ne veux pas vous déranger. Si vous pouviez simplement m'indiquer l'adresse, je vous en serai infiniment reconnaissante.

-A votre guise. Mais les rues ne sont pas sûres, à cette heure, pour une jolie dame.

-Je sais me défendre, ne vous inquiétez pas pour moi.

L'être lui avait indiqué la route à suivre, elle l'avait remercié de son plus beau sourire, puis s'était mise en route. Une sourde inquiétude lui avait noué les entrailles au fur et à mesure de son avance, tandis que les ruelles devenaient de plus en plus étroites, de plus en plus sombres, sales. Au bout d'un moment, elle avait entendu des pas furtifs derrière elle, s'était retournée, la main sur sa rapière. Ils étaient là.

Froidement, elle avait examiné la situation: la ruelle dans laquelle elle venait de s'engager était sans issue, les rares portes et fenêtres bardées de fer. Elle savait qu'il ne servait à rien de frapper à l'une d'elles, aucun être sensé ne lui ouvrirait à cette heure tardive. Elle avait donc serré les dents, et dégainé son arme, bien décidée à éventrer le premier qui s'avancerait. Puis elle avait vu les arbalètes. Les battements de son coeur avaient manqué quelques mesures, son sang s'était glacé dans ses veines. Sa main gauche avait volé vers sa ceinture d'armes dissimulée sous sa cape, le claquement d'une corde avait retenti. Une brûlure violente avait déchiré son épaule gauche, sa main était retombée, inutilisable, et la dague avait résonné sur les pavés luisants de crasse. Trois assaillants s'étaient avancés, tenant de longs poignards recourbés.

Les deux premiers gisaient par terre, l'un avait eu la trachée perforée, l'autre avait pris la pointe létale de la rapière dans l'oeil, le force du coup avait suffit à traverser l'os, et la lame s'était fichée dans le cerveau. Lorsqu'elle avait tenté de la dégager, l'arme s'était rompue sèchement, elle avait contemplé d'un air effaré le vague tronçon de lame qui lui restait. Le troisième compère s'était précipité à cet instant, et était parvenu à lui planter son arme dans la poitrine. D'un geste brusque, elle avait sabré l'air devant elle de sa lame brisée, un voile de douleur brouillant sa vue, forçant l'assassin à reculer. Titubante, elle s'était appuyée contre le mur le plus proche, le sang battant douloureusement aux tempes. Le tueur avait souri narquoisement sous sa capuche, s'était collé contre un mur. Les quatre arbalétriers s'étaient alors avancés, tranquillement, prenant leur temps pour viser. Elle avait compris à cet instant que sa mort serait lente, ils ne visaient pas pour la tuer, seulement pour l'affaiblir. Deux carreaux l'avaient manquée, les deux autres lui avaient infligé de profondes estafilades aux jambes. Elle avait failli hurler, l'aurait sans doute fait si elle n'avait aperçu à cet instant la silhouette aisément reconnaissable du sire qui lui avait indiqué le chemin. Sa voix n'avait plus rien de chaleureux, elle était grinçante de mépris, suintante de moquerie:

-Alors, poupée, comme ça on cherche Findel? Tu veux lui raconter ce que tu as vu dans notre nécropole? Notre maître serait très mécontent que cela advienne...je vais devoir faire de toi une fidèle servante. Peut-être même t'honorera-t'il comme tu le mérites...

Son regard avait eu une lueur lubrique, perverse. Il avait fait un pas en avant, puis...

Le Chaos.

Les airs s'emplissent de gravats et de poussière, les masures environnantes semblent littéralement exploser, il voit un trait de feu, sent un souffle à ras son oreille, réalise que l'un des arbalétriers a manqué le trucider, se jure de l'éviscérer à petit feu, puis...

Il se jette à terre en hurlant une malédiction tandis que d'autres projectiles fusent vers le nouvel arrivant, sent une étrange chaleur dans le dos, puis...

Noir.

Les portes des maisons s'ouvrent, des dizaines de zombies armées jusqu'aux dents en jaillissent de leur pas étrangement saccadé, se dirigeant vers l'être qui vient de fendre en deux leur chef.

Elle sourit, doucement, tristement. Il est venu...pour elle...Ses jambes la trahissent, elle glisse mollement contre le mur, laissant une trainée écarlate sur la pierre.

Noir.

Le démon écailleux hurle de tous ses poumons:

-NOOOOOOOONNNNNN!!!!!!

Puis...

Le Chaos.

Noir-feu | 27/07/10 16:09

Chapitre cinquième: Brasier

Dans une ruelle des bas quartiers. de la cité intercontinentale de Daifen.

Les premiers zombies arrivent au contact de l'être enragé. La puissante lame runique décrit un arc de cercle létal, maniée d'une main furieuse. La tête du plus proche adversaire vole dans les airs, s'enflammant aussitôt, l'espadon poursuit sa course, se plante de biais dans le cou du second assaillant, l'ouvrant jusqu'au sternum. Les suivants imaginent avoir un instant pour frapper, se précipitent en hurlant, réalisent trop tard que la main gauche tient une fine rapière à l'éclat insoutenable. une autre tête vole, puis un bras choit au sol, tranché net. Ce qui, évidemment ne freine pas l'avance du zombie, qui frappe à son tour de son cimeterre. Il ne rencontre que le vide, trébuche, repart brutalement en arrière au contact brutal de la garde de l'espadon, la nuque brisée.

Les zombies sont nombreux, mais n'ont aucune chance face au Dragon pris de folie, ils tombent comme des quilles, se gênant les uns les autres dans l'étroite ruelle qui commence à ressembler à un charnier d'après bataille. Peu à peu, leur flot se ralentit, les rares survivants commencent à hésiter. Fatal instant de doute, le fou furieux dévaste leurs rangs aussi aisément qu'un paysan fauche son champ. Quelques fractions de seconde, il s'acharne tel un dément sur les corps qui n'ont pas encore compris que leur deuxième vie venait elle aussi de s'achever. Partout, le sol est recouvert de morceaux de cadavres à moitiés décomposés, la plupart d'entre eux se consumant suite au contact d'Aube. Hagard, hébété. le Dragon laisse son arme finir son mouvement dans un tronc démembré, peine à réaliser que le combat est terminé. D'un pas hésitant, il s'approche de la femme agonisante, tombe à genoux devant elle, lâchant ses armes qui tintent lugubrement contre les pavés. Délicatement, il lui relève la tête, la maintenant contre lui, écartant ses cheveux noirs poisseux de son visage. Elle ouvre péniblement les yeux, voilés, ternis par la mort qui s'approche inéluctablement. Elle murmure d'une voix brisée:

-J'ai...échoué...pardon...

-Chut...ne parle pas, économise tes forces. Je vais te tirer de là...

-C'est...c'est trop...tard...m...merci...d'être venu...

Elle se crispe faiblement, ses yeux se figent, rivés sur ceux du Dragon. Sa poitrine cesse de se soulever, tout son corps se détend, un vague sourire semble flotter sur ses lèvres. Noir-Feu serre les dents à les faire éclater, une unique larme roule sur sa joue, traçant un clair sillon entre les traînées de sang et d'entrailles putréfiées qui le recouvrent. Lentement, il se penche, dépose un baiser délicat sur son front, ses yeux virant lentement au plus insoutenable blanc, de celui qu'on peut observer au coeur d'un brasier fortement attisé. Il récupère ses armes, puis retournant vers la jeune femme, passe un bras sous ses épaules, l'autre sous ses genoux, la soulève comme une plume et l'emporte d'un pas absent au travers des ruelles. Quelques très rares passants s'écartent hâtivement devant lui, sentant de loin l'aura destructrice qui entoure le Seigneur d'Obsidienne.

Une heure plus tard, dans le Sanctuaire des Noirs, quelque part sous un titanesque pic enneigé, le corps lavé, habillé de soie noire aux discrets filigranes d'argent est posé sur un autel couleur de jais gravé de sombres runes oubliées. Immobile, Noir-Feu contemple longuement la morte, fixement, le visage figé en un masque de douleur brûlante. Puis il tend doucement la main en direction du corps, murmure un unique mot incompréhensible. La dépouille s'enflamme brutalement, se consumant intégralement en quelques secondes. Le Dragon demeure encore quelques instants devant l'autel, suivant d'un regard absent les dernières cendres virevoltantes qui retombent lentement.

Puis la rage se réveille à nouveau, sourde, profonde, issue de la part la plus lointaine de son être, envahissant chaque parcelle de son corps, de son âme. Il hurle cette rage avec une telle force que les murs en tremblent, puis se détourne de la pierre ancestrale d'un mouvement lent, indiciblement menaçant. Enfin, il se dirige vers la sortie, se métamorphose avec une brutalité qui lui soutire une grimace de souffrance et s'envole comme une tornade vers les responsables de cette mort. Le prix sera exorbitant, il se jure d'y veiller avec la plus absolue violence.

Rat De Labo | 27/07/10 17:12

rebondissement fort navrant...j'attends la suite.:)

Le Rat, démon clanique et seigneur du cauchemar.
"La récompense des grands hommes, c'est que, longtemps après leur mort, on n'est pas bien sûr qu'ils soient morts."

Noir-feu | 30/07/10 01:26

Chapitre sixième: Marchandage.

Lune 966, citadelle de Deuxièmecercledhil.

Un sourd tremblement résonne dans toute la citadelle, cent regards se cherchent, inquiets, en quête d'un début d'explication. Sur la principale place d'armes, les novices refluent de toutes leurs jambes, en proie à une totale panique. Quelques vétérans tentent d'ordonner le chaos qui se répand comme une crue subite. Un rugissement indicible met à genoux la foule par cercles concentriques, l'onde sonore se précipite dans les moindres recoins de la forteresse, ébranlant l'âme de chaque être. Tous se fige, le temps semble suspendu un bref instant. Puis sur la place, des ordres claquent comme un roulement de tonnerre.

-Généraux! Levez les défenses! Soldats, debout! A vos postes! Exécution!

Le noir Dragon rugit à nouveau, le temps bondit, pressé de rattraper son cours. Affolés, les officiers s'empêtrent dans un chaos d'ordres et de contre-ordres, la soldatesque mal formée s'emmêle de partout, trébuche, s'affale, reste abasourdie et figée, ou se précipite à l'abri. Le Dragon observe le chaos d'un air excédé, puis reprend sa forme humaine dans un éclat d'obscurité. D'un pas pressé, il entre dans le donjon, gravit les escaliers quatre à quatre avant de traverser en hâte la salle du trône.

-Gardes! Trouvez-moi Sarkos. Je veux aussi les trois Généraux responsables de ce bordel devant moi dans les trois minutes! Et appelez également l'intendant pendant qu'on y est!

-Oui Seigneur.

Dans un ordre impeccable contrastant singulièrement avec le désordre extérieur, la garde prétorienne exécute les ordres. Prenant nerveusement place sur son trône, Noir-Feu dissimule un léger sourire satisfait. Quelques secondes plus tard, les trois généraux entrent, la mine sombre, inquiète. Ils s'inclinent, puis le plus âgé prend la parole:

-Seigneur...nos excuses...

-Oubliez ça. Ou en sont les navires qui ramènent nos troupes d'élite?

-Ils arriveront dans une lune, Sire.

-Bien. A partir de cet instant, nous sommes en état de guerre. Fermez les portes. Personne n'entre ni ne sort sans mon autorisation ou celle de Sarkos. Doublez la garde aux entrées des souterrains. Approvisionnez en flèches toutes les tours. Ah! Intendant! Ou en sommes-nous?

-Les marchandises peinent à arriver, Seigneur. J'ai...j'ai l'impression que les marchands ne coopèrent pas...

-Je vois. Bon. Général, vous m'envoyez un détachement quérir ces odieux sires, les bonnes manières ne sont pas nécessaires.

-Oui Sire.

-Tu m'as demandé, Sssseigneur?

-Elle est morte. Ils l'ont repérée, et suivie. Je suis arrivé trop tard...

-Ssss!!! Nous avons un ssssérieux problème.

-Oui. Il n'y a pas de temps à perdre. Fais en sorte que le Temple d'Inn-Halad soit informé de ce qui se passe. Tu diriges cette citadelle en mon absence, je veux aller écraser cette vermine avant qu'il ne soit trop tard.

-Elle vient avec toi?

-Oui. Je vais la chercher. Elle et un autre. Mmm...attends, voici nos avares...

Dans un concert de protestations outrées, les marchands sont poussés dans la salle, solidement maintenus par quelques gardes. Ces derniers les projettent à genoux brutalement, la main sur leur armes. Le chef des marchands lève un regard incrédule sur le seigneur, qui vient de se lever. Noir-Feu descend les quelques marches, se penche, le saisit par la gorge d'une main de fer et le soulève de terre.

-Je n'ai pas été assez clair, peut-être?

-Garggglll!!! Si! Si!

-Tant mieux. Je voulais être sûr...

Il relâche le marchand qui tombe lourdement au sol, à moitié asphyxié, toussant et gémissant. Presque négligemment, le Dragon invoque son arme, fixant les autres marchands.

-Je vous avais prévenu.

Une arabesque flamboyante, la tête de leur chef roule au sol, noircie et fumante.

-Intendant. Vous allez avec la garde réquisitionner tout ce dont nous avons besoin dans les demeures et entrepôts de ces "sires". Gardes, vous mettez ces rats au travail dans les carrières, ça leur fera le plus grand bien et nous manquons de main d'oeuvre. Sarkos, je dois y aller. A toi de jouer, mon ami. A bientôt.

-Compte ssssur moi! Ssssois prudent...

-Jamais. Ne t'en fais pas.

Un dur sourire sardonique et Noir-Feu quitte en hâte la salle, puis la citadelle, traversant les airs en droite ligne jusqu'à la Porte des Brumes. Il la franchit sans même y prêter un regard, puis se dirige vers son Krak, espérant que Lancwen et Arma' y seront prêts.

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