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Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:32

La petite escouade avançait lentement sous le couvert des arbres, le blason de leur tabard ne laissait aucun doute sur leur provenance. Ils arboraient fièrement la dague et l'arbre chers au royaume de Sigil.
Ils n'étaient pas plus d'une dizaine menés par un elfe à la peau sombre, burinée par les années passées sur les océans. Son regard était perçant, vif et alerte, son armure de cuir pourpre était signée de motifs céphalopodhilien, tortueux mais gracieux. D'ailleurs, son appartenance aux elfes de Yog ne faisait aucun doute pour l'oeil averti. Le reste de la troupe portait des chemises de fines mailles brillantes sous le soleil qui perçait la voûte verte. Chacun avait une lance, un bouclier et une épée, ils se tenaient droit sur leur monture et le masque de fer aux traits exagérés qu'ils portaient renforçait leur présence.
L'homme leva la main droite, faisant signe a la troupe de s'arrêter, il s'adressa au garde en faction devant la palissade du haut de son cheval.
- Je suis, Gaerdem, un envoyé de Dame Lancwen de Sigil, j'ai été chargé par ma maîtresse de conduire Dame Shadee sur Certadhil. Veuillez reporter mes paroles à votre Dame, j'attendrai ici son bon vouloir.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:33

Ils avaient eu des instructions, ce nom ne leur était pas étranger, rapidement les hallebardes se délièrent pour laisser le passage libre aux envoyés. Point de hauts murs défensifs, pas de herse, la porte était des plus simples, un large passage formé entre deux palissades. La poignée de grands cornus veillait à la tranquillité des lieux, droits dans leur armure brune et or ne servant que d'apparat pour leur fonction. Apparu alors Brume qui se pencha en révérence dans cette étrange apparence humanoïde et athlétique. Sa fourrure noire renvoyait des éclats sombres, quelque chose du taureau émanait de lui.
- Soyez les bienvenus dans la sylve de Flidaïs, Shadee ne devrait pas tarder, elle a eu vent de votre arrivée.

Le visage se fendit à ce qui devait ressembler à un sourire. Lentement, son regard aux pupilles horizontales engloba dans son ensemble ceux qui allaient servir d'escorte à la fille des éléments. Son appréhension n'eu pas le temps d'être partagée avec ces étranges gardiens, car déjà la voix douce de Shadee fut portée par la brise complice.

- Bonjour Gaerdem, puis-je vous proposer de quoi vous sustenter avant de prendre la route?

La surprise ne fut pas partagée de la part de Brume qui se demanda quelles expressions pouvaient se dessiner sous les masques de ces visiteurs. Le vent lui avait porté le message de son départ imminent, elle patientait sereinement. Chaussée de bottes de cuir souple, ses épaules étaient en partie recouverte d'une simple cape de voyage. Pour seuls effets, elle portaient une petite besace, une dague fixée à sa cuisse, et son arc et son carquois passé en bandoulière. Gaerdem se redressa sur son destrier en remerciant d'un signe de tête militaire la proposition de la dame. Il libéra une main gantée pour dévoiler une monture libre de cavalier:
-Dame, si vous êtes prête, nous partons sur-le-champ, la marée est en notre faveur pour cette traversée. Notre goélette est à quelques lieues d'ici.

Un sourire accompagna son agilité à monter en selle en guise de réponse, elle caressa du regard son frère spirituel pour lui véhiculer un message silencieux qu'elle forçait dans la confiance. Elle observa rapidement la petite escorte en tentant de masquer son appréhension, sa parole avait été donnée et quoiqu'il arrive, elle la respecterait. « Nous pouvons y aller. »

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:33

Avec efficacité la petite troupe encadra la dame et en tête de file Gaerdem lança la marche après avoir saluer les derniers mots par un sourire imperceptible. Quelques paroles chaleureuses furent offertes aux siens quand ils franchirent la porte gardée des Grands Cornus, puis Shadee porta son regard vers le lointain, absorbée par ses questions, sa curiosité qui nourrissait le feu dangereux avec lequel elle allait jouer.

Le spectacle était grandiose sous le clair de lune qui faisait scintiller les flots argentés. Tel un fantôme des mers, la goélette élancée hantait une petite crique, sa ligne effilée et sombre l'auréolait de mystère. Elle remarqua sur la grève de frêles canots prêts à les accueillir, déjà l'équipage s'affairait de façon quasi militaire, les marins attendaient que les passagers regagnent le mouillage afin de mettre le cap vers Certadhil.

Toute la troupe mit pied à terre et Gaerdem invita la fille des éléments à monter dans un canot.

- Dame Shadee, nous laissons nos montures ici, elles voyageront avec un autre bateau accosté au port marchand le plus proche, notre voyage doit être le plus rapide possible et cette goélette présente tous les gages nécessaires.

Deux matelots musclés, mains sur les rames, attendaient à une impatience contenue que les terriens s'installent à leur place. La courte traversée fut menée à un rythme soutenu sans effort apparent.

A bord les voiles étaient déjà sorties lorsque la troupe mit le pied sur le pont et les matelots s'attelaient à remonter l'ancre, le capitaine du navire lançait des ordres à tout va. Tout ce ballet semblait orchestré à la seconde.

L'elfe tendit le bras vers Shadee pour l'accompagner à sa cabine.
- Ma Dame, le confort sera, je le crains, assez spartiate, ce navire n'a pas l'habitude d'accueillir des hôtes de marque. En contrepartie, la traversée devrait être rapide, les alizés sont avec nous. Nous accosterons au plus prêt de la citadelle de Dame Lancwen.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:34

Elle réprima une surprise quand elle se su considérée comme une invitée de choix. Elle déposa ses affaires sur la mince couchette « Ne vous inquiétez pas pour cela, Gaerdem, tout est parfait. » Un sourire mit fin à sa phrase, le bras droit de la vampire s'inclina avec respect et la laissa à son intimité. La petite porte se referma derrière lui , un soupire de soulagement s'échappa malgré elle de sa poitrine percutée par une sourde angoisse qui commençait à conquérir le creux de ses entrailles.
Avec une grande clarté ,dans la demi-obscurité de la cabine éclairée d'une lanterne, la pensée qui vint flotter dans son esprit ne la rassura pas. Elle la chassa en secouant violemment la tête et rechercha sa sérénité coutumière en se laissant bercer par le contact des éléments.

Le bois du navire grinçait lugubrement, elle tendit un peu plus ses perceptions et ressentit chaque être du navire qui foulait le pont, voyait les traits de chaque visage, de chaque masque que le vent caressait froidement. Comme un bouchon sur l'océan, elle sentit l'immensité de l'eau ballotter l'embarcation vers ce périlleux voyage. Elle se laissa aller contre la couchette, sa main sortit instinctivement une escarcelle d'où elle tira une feuille séchée de kefrial qui se plaqua rapidement contre sa langue. La plante libéra son suc apaisant et la douce euphorie la gagna peu à peu. Son regard fixé sur le halo lumineux de la lampe vacillante, elle écoutait le son de vagues contre la coque qui tirait une plainte au navire.

Elle ferma les yeux pour forcer le sommeil, mais il ne fut pas clément avec son esprit agité, il la fuyait et la laissait en proie avec cette réalité qui la rattrapait et la rapprochait de Dame Lancwen. Shadee repassait en mémoire tout ce qu'elle savait de la vampire, de cette terre mythique de Certadhil, si elle ne pouvait pas dormir, elle pouvait délier sur l'écran de ses paupières closes, son imagination, et penser avec un effroyable plaisir qu'elle allait vivre une expérience hors du commun qui enrichirait encore sa quête de connaissance, et qu'elle en découvrirait davantage sur la Matriarche. Un frisson délectable et angoissant parcouru sa peau à cette dernière pensée, les ombres mouvantes lui composèrent un sourire étrange.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:35

L'aube pointait alors que la goélette atteignait sa destination. Shadee était sur le pont, curieuse de voir à quoi ressemblait Certadhil. Gaerdem à ses cotés, elle scrutait les falaises abruptes et tranchées de la côte. Un méandre de grottes laissait percevoir leurs entrées ténébreuses ou l'imagination créait des monstres fantasmagoriques.
- Nous approchons Ma Dame.
L'elfe pointa son index vers une trouée qui menait à une crique abritée des éléments.
Le navire prit le petit chenal avant de déboucher sur des eaux calmes. Déjà, les matelots apprêtaient les canots et les gardes préparaient leur bardage, réajustant leur masque face au soleil qui commençait à réchauffer l'atmosphère.

Sur la grève de galets, deux hommes attendaient autour d'un petit feu, ils levèrent la tête en apercevant le bateau et l'un d'eux se leva et pénétra dans la forêt qui bordait la plage.
Gaerdem fit installer Shadee dans une chaloupe qui glissa bientôt sur les flots immobiles.
- Nous sommes à l'endroit même où Dame Lancwen accosta pour la première fois sur Certadhil, commenta l'elfe alors que les rames étaient ramenées et que la petite embarcation touchait terre. L'atmosphère était étrange, aucun chant d'oiseau, pourtant normalement fort nombreux à cette heure, n'égayait l'instant. Shadee constata que les arbres étaient tous morts, comme calcinés, ça et là, des débris et des ruines indiquaient l'ancienne présence d'un camp. Des squelettes aux armures pourpres étaient éparpillés sous le couvert des branches nues aux cotés de harpies décharnées.
- Cet endroit est protégé des pillages par des harpies, c'est un sanctuaire pour nous.

La sinistre forêt s'étendait sur quelques kilomètres en pente douce. Ce cimetière à ciel ouvert faisait froid dans le dos, laissant apparaître au fur et à mesure d'autres traces de combats acharnés et de construction brulées et réduites en pièces. Des lambeaux de filets étaient encore suspendus à certaines branches, vestiges d'un camouflage qui n'avait finalement pas réussi à occulter l'oeil de Drazankhar. Bientôt les arbres laissèrent place à une grande plaine aride ou un chemin à peine visible serpentait laborieusement.
Gaerdem s'arrêta pour discuter à voix basse avec un des nerlk qui les avait attendu sur la plage. Celui-ci semblait être porteur de mauvaises nouvelles car le visage de l'elfe se barra d'un trait soucieux. Le bras droit de Lancwen fit un signe de la main vers l'ouest auquel le subordonné répondit par un hochement de tête affirmatif.
Gaerdem revint vers la troupe:
- Nous chevauchons le plus rapidement possible vers la cite romaine, le mauvais temps sera bientôt sur nous.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:36

Sans plus de mots, il talonna sa monture, suivi de ses hommes et de Shadee. La course était rapide, portée par le galop groupé des cavaliers qui filaient à toute allure à travers ce paysage fantomatique. Le regard plissé au vent qui leur cinglait le visage, la fille des éléments les suivait aveuglément à travers ces terres inhospitalières. Les corps soumis à la vitesse affrontaient des murmures plus légers que les soupirs des spectres. Elle connaissait ces voix, les souvenirs d'une lutte hantait chaque parcelle de cette plaine aride, les plaintes étaient prisonnières d'une histoire tragique qui hantait l'atmosphère de façon lugubre. Des pensées obscures cavalaient à une vitesse effrénée, elle les repoussait hors de son esprit, se fermait aux messages du vent qui lui sifflaient contre sa peau et s'infiltrait dans son esprit.

Les masques aux faciès durs se fondaient dans cette ambiance avec une harmonie inquiétante, les nuages de poussière gonflaient derrière le petit groupe serré. Ils dansaient en des formes spectrales formées par le souffle d'une tempête qui se levait. Ils chevauchaient à travers la mort, chaque foulée semblait détruire le peu d'espoir qu'avait Shadee de sortit indemne de cette chasse. Les crinières secouées lui paraissaient être de longs doigts qui égrainaient un tourment sifflant dans les réminiscences d'un passé sanglant. Gaerdem passa un regard par-dessus son épaule, observant furtivement la petite troupe et força l'allure en sentant que le mauvais temps les rattrapait. Les destriers quittèrent cet endroit hanté par des souvenirs sans lumière, accroché à cette plaie qui saignait encore et empoisonnait la terre desséchée de vie. L'air devenait suffocant, peu à peu les cavaliers se couvrirent le moitié du visage d'un tissu pour se protéger leur respiration.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:36

La compagnie avançait lentement dans l'intérieur de Certadhil, un nuage de poussière ralentissait leur progression, limitant la visibilité. Ce temps n'était pas inhabituel, aucune plante ne tenait la terre ocre au sol et les vents qui parcouraient ces contrées étaient puissants. La poussière s'infiltrait partout, obstruant les narines, piquant les yeux et remplissant les bottes. Gaerdem avait pris la décision de voyager jusqu'à la citadelle de Drazankhar malgré tout, sa maitresse ayant stipulé que sa mission ne devait souffrir d'aucun retard.
Il avait été étonné que cette dame Shadee soit venue de son plein gré, l'accord entre elle et Lancwen restait obscur a ses yeux. Il lui paraissait inconcevable de vouloir être chassé surtout par une Vampire. Il voulut la rassurer en hurlant pour couvrir le bruit des bourrasques.

- Ma Dame, ne vous inquiétez pas, Dame Lancwen ne lancera jamais une chasse pour ce temps, elle préféré les nuits de pleine lune sans nuage...
N'attendant pas de réponse, il se retourna sur sa selle pour voir ses hommes courbés eux aussi sur leur monture.
- Nous faisons halte pour le moment, indiquant un promontoire rocheux où les hommes et les bêtes seraient quelque peu à l'abri des éléments.
Des bâches furent plantées tant bien que mal dans le sol rocailleux pour offrir un répit mérité a la troupe. Le bruit du vent allié au claquement des bâches emplissait l'air de mille coups de tonnerre sans pour autant qu'une goutte d'eau ne soit versée. Chaque guerrier s'était emmitouflé dans sa cape, face à l'amas rocheux qui leur donnait asile.

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:36

Au-dessus de leurs têtes un éclair déchira le ciel, suivi aussitôt d'un coup de tonnerre. Shadee força sa concentration pour se composer une sérénité, elle perçu une odeur singulière dans l'air qui lui était trop familière. Le vent agitait sauvagement sa chevelure et plaquait sa cape contre son corps. Au couvert de ses épaules courbées, Shadee observait les guerriers et son regard se posa sur Gaerdem. Son allure était martiale et digne, quelque chose de froid et de dur habitait son regard. Nul doute qu'il ait vu tout ce dont la Matriarche était capable. Il la surprit dans son observation sans ciller, attendant qu'elle formule peut-être une demande. Mais, elle s'esquiva et remonta un peu plus le foulard protégeant son visage et se laissa aller contre la roche. Devait-elle agir sur les éléments et calmer la fureur des cieux? Devait-elle se découvrir? La réponse s'imposa à elle avec les éclats aveuglants lui révélant à chaque éclair les silhouettes statiques des guerriers, véritables statues façonnées par la volonté et le détachement à la douleur. Elle releva son regard vers l'Ouest, ils ne devaient plus être très loin, il n'y avait plus qu'à attendre que les éléments s'apaisent, peut-être qu'elle aussi serait moins en proie au doute quand elle serait enfin en face de ce qui l'attendait. Ses pensées flottèrent vers la vampire au rythme des bourrasques désordonnées. Que faisait-elle en ce moment? Que préparait-elle dans sa citadelle de Certadhil?

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:38

La vallée en contrebas restait vide, rien d'inhabituel a cela, personne ne venait troubler la route encadrée de ruines et de brouillard opaque et épais a moins d'y être invité. La matriarche scrutait le paysage, attendant visiblement une caravane ou une patrouille qui tardait. La dame était contrariée, cela ne faisait aucun doute a Cirth Lingwe. L'elfe connaissait Lancwen depuis des centaines de lunes et pouvait presque décrypter le moindre de ses mouvements.
_ Madame, ne vous inquiétez pas, Gaerdem est une personne sure et dévouée, li mènera a bien sa mission.
_ Je ne suis pas inquiète, je suis impatiente. Depuis que j'ai gagné ce pari, cette chasse me hante.
_ les conditions sont difficiles sur la plaine et...
_ Je sais mais je les sens approcher.
Cirth se tut et s'enfonca dans les ombres, Lancwen s'assit dans son fauteuil de velours pourpre et attendit...

La tempête dura ce qui parut une éternité a la petite troupe. Mais la fureur de la terre s'évanouit bientôt, continuant son chemin vers l'est.
Les hommes se préparaient déjà, jetant les selles sur leur monture, vérifiant les attaches, secouant leurs habits pour en retirer le sable ocre qui s'y était introduit.
Gaerdem mena Shadee un peu a l'écart. Il montra le nord ouest.
« voici notre destination Madame. »
Dans cette direction, des montagnes s'élevaient en grappe, leurs cimes couvertes de neige immaculée. Telles des dents accerées, elles semblaient se projeter vers ce ciel pour le mordre, rangées déchiquetées, morceaux de terre arrachés a la plaine en contrebas, elles se mariaient parfaitement avec l'atmosphère dure du continent.
« Mais il est grand temps de repartir, le beau temps ne durera peut être pas et les abords de la citadelle ne sont pas sur dans des conditions difficiles. »
L'elfe de Yog aida la demi-elfe a monter a cheval et donna le signe du départ.

Au fur et a mesure de leur progression, les montagnes se faisaient de plus en plus oppressantes, emplissant l'horizon de leurs formes grisâtres et noires.
Au Nord, commençait a apparaître une vaste cité, gardienne d'une route aux pavés noirs. Celle ci s'élevait en serpentant telle une coulée de sang séché d'une plaie béante.
La cite en elle même était construite autour d'un tumulus ou se dressait de hautes palissades bardées de tours de gardes. Le panorama du haut de la cité devait être grandiose et englobait certainement toute la plaine que la troupe parcourait actuellement, un point idéal pour contrôler les alentours.
Le bras droit de Lancwen était avare de paroles, il informa néanmoins Shadee.
« Je pense que vous serez intéressée de savoir que cette cité est celle du consul Celimbrimbor, elle marque aussi la limite des terres sous contrôle total de Dame Lancwen. A partir d'ici, nous n'aurons plu a craindre les attaques d'éventuels pillards. Les romains patrouillent cette route sans interruption, rien ne peut leur échapper. »

L'ascension commença, lente et monotone. Les ruines de part et d'autres des pavés noirs semblaient malveillantes, pleines d'ombres prêtent a déchirer les chairs des cavaliers si ceux ci avaient le malheur de s'éloigner de la trace. Des tours de garde a moitie écroulées trônaient, anciens vestiges de luttes sanglantes et impitoyables. Si, parfois, le regard parvenait a percer l'épais brouillard, la vision de corps tordus, de squelettes éparpillés et d'armes brisées s'offraient a la vue du voyageur, si celui ci avait le cran de ne pas tourner la tête bien entendu.
Le voyage continua ainsi, les vampires encadrant de près la demi-elfe, tous aux aguets. Puis au détour d'un prémonitoire rocheux, la citadelle de Drazankhar s'offrit aux yeux des cavaliers, amoncèlement de pierres noires, hauts murs dont les chemins de rondes étaient apparemment vides. Au dessus de cet enchevêtrement de bâtiments défensifs, s'élevait une simple tour dont l'utilité n'était pas guerrière, on pouvait apercevoir des vitraux aux couleurs chatoyantes qui brillaient de milles feux sous le soleil blafard de Certadhil.
Comment ne pas être impressionné par l'immense barbacane qui protégeait l'entrée de cette forteresse avec sa double porte taille pour des géants?
_ Nous touchons au but ma Dame, vous avez devant vous la forteresse de Drazankhar le noir, celui qui déclencha la seconde guerre de Certadhil avant d'être tue par un des sbires qu'il avait lui même recruté.

La porte s'ouvrit lentement a l'approche de la colonne dans un bruit de gonds rouillés. Le système d'ouverture restait caché et les bruits de chaine qui accompagnait la manoeuvre ne pouvait qu'aiguiller l'imagination.
L'intérieur ne ressemblait en rien aux étendues dévastées et inertes qu'ils avaient traversées, des rangées de bambous emplissaient l'espace entre les deux murs, apportant une touche couleur bienvenue dans ce monde jusque la noir et marron. Des primotaures travaillaient a des taches énigmatiques près des murailles.
Un pont enjambait un gouffre sans fond pour atteindre une deuxième porte du même gabarit que la première. Gaerdem mit pied a terre, invitant Shadee a faire de même, pendant que la porte s'ouvrait a son tour laissant apparaître une silhouette connue, dissimulée sous un épais manteau dont la capuche couvrait son visage.
_ Dame Shadee, bienvenue chez moi, j'espère que vous avez fait bon voyage...

Edité par Lancwen de Sigil le 12/07/10 à 23:39

Lancwen de Sigil | 12/07/10 23:44

Precisions concernant ce texte.

Il a été réalisé avec le concours de Shadee, chacun alternant sa part de récit. J'ai essayé de retranscrire cela en multipliant les posts.
Ce texte a plus de six mois et je le post pour qu'il ne soit pas perdu et que notre collaboration donne peut être des idées a d'autres.
J'espere en tout cas que cela vous aura plu, ce n'etait que l'introduction d'une histoire plus longue mais je crains qu'elle ne voit jamais le jour.

enjoy!

Celimbrimbor | 13/07/10 00:32

Bien sûr qu'on va le suivre.
La preuve !

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Celimbrimbor | 13/07/10 00:33

Elle avait osé.

Non, elles avaient osé.

Si la fureur le pouvait encore agiter, le tableau aurait identique. Dans son bureau de la demeure franche, l'elfe considérait le spectacle du bateau sur les mers, puis le frêle équipage à cheval passer près du fortin et se diriger vers la citadelle maudite.

Elles avaient osé.

Son regard était aussi glacial que les neiges des montagnes qu'il avait suscité dans le ciel. S'il laissait à la Dame de Sigil la régence des terres, ce n'était pas que par amitié, c'était aussi par confiance. Et tout ceci ne lui disait rien qui vaille. Son élève... Il réprima un sourire mesquin. Son ancienne élève réussirait à aller réveiller Drazankhar et, pourquoi pas, Kehan, avec toute la curiosité naïve qui la caractérisait. Dérober, voler le savoir. Quelle petite insolente.

Il ne s'énervait pourtant pas et si la colère battait aux portes de son esprit, il restait d'un calme inquiétant. Rien n'échappait au mage. Rien ne lui échappait plus. Il respira doucement et se leva du fauteuil spartiate qui était le sien dans la forteresse qu'il avait érigé pour veiller sur Certadhil.

D'un tour distrait, il nettoya le peu de poussière qui encombrait ses quartiers. Il sourit. Les légionnaires, quand bien même il n'était plus consul depuis plusieurs centaines de lunes, continuaient d'obéir à ses ordres. Veiller sur le continent, entretenir les routes et faire le ménage à intervalles réguliers dans sa chambre, pour le cas où lubie lui prendrait de revenir. Et bien voilà, il était de retour.
Le mage considéra lentement tout ce qu'il avait laissé dans cette salle lorsqu'il l'avait quitté après l'amère victoire. L'arc de Jag, son lieutenant. Son vieux glaive. Une toge. Un jeu d'échec auquel il avait aimé joué avec AIWFRE avant la trahison de ce dernier. Une mappemonde, dépassée à l'instant même où l'artisan avait projeté le dessein de la créer. Quelques livres de stratégie qui lui avaient peu servi. Il se souvint soudain de quelque chose et, un instant plus tard, il était sur la plage où il avait débarqué, longtemps plus tôt, sur une grève qui faisait maintenant partie du port d'une petite ville qui survivait tant bien que mal des permissions des soldats. Où était-elle ? Il était sûr qu'elle avait poussé. Par miracle. Peut-être avait-elle survécu ? Un bosquet, même, avait peut-être poussé...

Non. Rien. Même plus la petite plante rouge qui était née de ses pleurs de sang ce jour-là. Un rictus agita son visage un instant. Kehan continuait de tout détruire sur cette terre ? Qu'à cela ne tienne. Celimbrimbor avisa un espace dégagé, non loin, et, parce qu'il en avait désormais le pouvoir, créa de toute pièce un massif de cette fleur rouge, comme il s'en souvenait. Une tache de couleur dans un monde gris. Il était bel et bien de retour sur Certadhil.

Le centurion qui avait commandement pour les trois prochains mois de la forteresse ne haussa même pas un sourcil quand l'elfe apparut devant lui :

« Les légions Ursa sont prêtes à servir, ô Consul ! Que pouvons-nous pour toi ?
-Paix, paix, Centurion Arctynoös. Vous faîtes déjà suffisamment, ne cherchez pas à mourir plus. Des incidents remarquables ces derniers jours ?
-Aucune activité ces dernières années à part celle que vous avez autorisé à Dame Lancwen de Sigil. Cependant, nous avons laissé passé un petit détachement accompagnant un civil jusqu'à la citadelle, Consul.
-Je sais, je sais. Vous ne manquez de rien ?
-La famine nous a guetté plusieurs fois, mais les réserves de grains se sont étrangement ragaillardies à chaque fois.
-Ah oui ?
-Oui Consul.
-Pour le moins étrange. Autre chose ?
-Non Consul.
-Bien. Annoncez à vos... Celimbrimbor corrigea devant le regard sévère du Centurion. Annoncez à nos hommes qu'ils sont en permission à compter de maintenant et jusqu'à ce que je vous donne contrordre. Je m'occupe de la défense de l'île.
-Vous vous... Seul, Consul ?
-J'ai changé, Centurion, vous n'imaginez pas à quel point j'ai changé. Exécutez mes ordres.
-Comme il vous sied Consul ! Ave !
-Ave Centurion. »

L'elfe qui avait changé regarda s'éloigner le Centurion. Le mot serait passé. Les légionnaires iraient se divertir. Mais ils garderaient leurs boucliers à portée. Leurs lances pas trop éloignées. Pour répondre à l'appel si celui-ci venait. Il esquissa un sourire. La plupart avait aux environs de trente ans. Comme cela avait changé aussi. Quand il était parti, les plus vieux avaient vingt ans, peut-être vingt-deux. Les choses pouvaient s'améliorer. Ici, c'était une fatalité : elles devaient s'améliorer.

Shadee était arrivé devant celle qui allait la pourchasser. Son sourire se fit franc et ouvert, carnivore presque, et il fit un pas en avant.

« Mes salutations les plus respectueuses, Mesdames. J'ose espérer ne rien interrompre, si ? »

La Demeure Franche : [Lien HTTP]

Noir-feu | 27/07/10 00:08

Je veux une suite!8) ;)

Shadee | 27/07/10 01:40

Oh je n'avais pas vu! :o
J'y travaille 8)

Shadee | 27/07/10 11:14

Lancwen était enfin devant elle, majestueuse et charismatique. Son aura semblait plus importante que jamais dans sa demeure. Si Shadee réprimait sa sourde inquiétude, son corps ne put résister à couler un frisson le long de sa nuque. Ce devait être le souffle des spectres qui lui susurrait un message du royaume des morts. Bientôt, elle serait des leurs.
Dans le souffle du vent, ils paraissaient danser une folle danse autour des tourbillons de poussière tout en chahutant sa cape pour en chasser les grains. Elle n'avait jamais senti l'élément de l'air aussi lugubre qu'en ces terres. Il avait dû balayer bien des charniers et se mêler aux plaintes d'agonisants pout changer sa mélodie habituellement si harmonieuse.

Une chose était certaine, elle aimait la vie. En cet instant où tout semblait enfin prendre corps, elle se fit la promesse de ne point sombrer dans ce jeu mortel. Aussi surprenant que cela puisse être dans pareilles circonstances, c'est un sourire radieux et sincère qui éclaira son visage. Shadee avança vers Lanwcen et se courba en une gracieuse révérence. Ce salut, elle ne l'effectuait jamais. C'était une manière de lui témoigner son respect dans une terre qui lui était absolument étrangère, en adoptant les coutumes des daifeniens.

La dame de Myrilla s'avança de quelques pas en observant les traits réguliers et impénétrable de son hôtesse. L'étrange lueur qui hantait son regard, était bien celle d'une prédatrice. Il y avait aussi une sagesse sans âge sur un visage épargné par les méfaits du temps. Shadee rejeta ses pensées pour ne point céder au doute:

- Bonjour Dame Lancwen de Sigil, Mon voyage fut éprouvant mais il n'y a rien à déplorer. Vos hommes ont pris soin de me guider de façon efficace et talentueuse. 

L'attention de Shadee louvoya vers les primotaures, surprise de les voir sur une terre peu encline à célébrer toutes les richesses de la nature dans ses plus infimes variations. Shadee se ressaisit rapidement mais le léger sourire de la vampire lui apprit qu'elle avait noté son malaise. Peut-être que son coeur avait légèrement changé son rythme lors de son pincement...

Derrière elle, le bruit sourd des sabots emportait son escorte vers d'autres lieux qui resteront un mystère pour Shadee. La voici maintenant seule, réellement seule face à ses talents et ceux de Lancwen. Le geste gracieux de la dame l'invita à la suivre à l'intérieur de sa demeure dont les plus grandes hauteurs flirtaient avec les nuages bas.
Cependant une voix familière interrompit ce projet.
Shadee devait le voir pour le croire. Elle se retourna soudain pour découvrir son maître Celimbrimbor. Même s'il semblait l'avoir rejeté pour toutes ses fantaisies, pour elle, il occupera toujours cette place dans le silence de ses pensées.
Le vieux mage s'avança vers les deux femmes sans rien avoir perdu de sa souplesse. L'atmosphère avait prit une tournure différente. Ce devait être l'effet de la magie qui suintait de toute la personne de l'elfe.

- Cher Mage, je ne pensais pas que vous seriez là. Je suppose que ce n'est point pour ma sécurité que vous vous inquiétez. Mais votre présence me fait énormément plaisir. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite bon jour.

Un sourire espiègle aux allures de défi transforma son expression. Shadee ne parvenait jamais à retenir sa langue quand il s'agissait de s'adresser à Celimbrimbor. Elle mit ses mains sur les hanches, prête à affronter un courroux, s'il devait prendre naissance, puis observa Lancwen s'apprêtant à saluer le visiteur surprise.

Celimbrimbor | 12/08/10 23:12


L'elfe qui n'en était plus un regarda les deux femmes. La plus redoutable vampire du monde et une apprenti qui l'avait déçu au-delà de toute mesure, mais seul le professeur était à damner pour cela. Il secoua la tête.
« Faisons court, alors, puisque tout le monde semble savoir ce que tout le monde fait ici, sauf moi. »

Il afficha un sourire des plus inquiétants.

« Cependant, je dois vous avouer que j'ignore, ou tout du moins affecte de le faire, ce que vous venez faire ici, ma jeune apprentie, sur les terres d'une personne qui, avec tout le respect que je vous porte, Dame Lancwen, pourrait vous être, à court terme, plus létale que n'importe qui que vous pourriez avoir rencontré jusqu'à présent. Aussi aimerais-je, ayant reçu également ma part de responsabilité de ce continent maudit, être mis au courant... »

Il regarda autour de lui et jugea rapidement que les alentours n'étaient pas suffisant.

« Bien, avec votre permission, je vous propose de poursuivre cette discussion devant une tasse de thé ou autre, dans un endroit plus propice, qu'en pensez-vous ? »

Il cherchait dans sa mémoire un emplacement plus à même de les recevoir tous les trois, attendant une réponse des deux femmes.

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