Forum - [Rhumdhil] Eveil
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Bifidus | 01/07/10 14:58
Très humide.
Carrément mouillé en fait.
C'est la première chose qui vint à mon esprit lorsque je suis revenu à moi.
J'étais allongé, trempe, et le bruit de va et vient de ce qui semblait être des vagues me donna l'impression d'être sur une plage. Le sable fin entre mes doigts me le confirma. Toutefois, bien que conscient, je restais allongé, inerte, le temps de remettre mes idées en ordre.
Je savais qui j'étais, à moins d'avoir sombré dans la folie et de faire erreur. Mes derniers souvenirs étaient confus, mais tout se remettait en ordre petit à petit. Le client nous avait fait embarquer dans deux bateaux marchands qu'il avait acheté pour la peine, et prendre la destination de ce continent dont nous ne connaissions pas le nom. Le trajet n'avait pas été long, au bout de quelques jours seulement les côtes étaient en vue. C'est alors que nous longions la côte à la recherche d'un point d'amarrage qu'un brouillard à couper au couteau s'était levé et nous avait rendus aveugles, ne voyant pas même le nid de pie au sommet du mât. D'abord le silence, puis le bruit sourd de la coque se heurtant à un obstacle, et les cris de panique inhérent à tout naufrage.
Bref une jolie promenade...
J'entrouvris les yeux, il faisait nuit et tout semblait calme, jusqu'à ce que j'entende ce qui ressemblait à des pas venir dans ma direction. Trop tard pour prendre la fuite, j'allais encore devoir faire le mort quelques temps, c'est que je suis un nelrk courageux...
Arrivé à ma hauteur, l'individu s'arrêta au-dessus de ma tête. la lueur au travers de mes paupières m'apprit qu'il portait une torche. Et mes oreilles qu'il respirait fort. Je me refusais à bouger, On ne sait jamais sur qui on peut tomber en pleine nuit sur la plage d'un continent inconnu. Au pire des cas, les yeux fermés, je ne verrai pas la mort venir.
L'attente me sembla interminable, jusqu'à ce qu'il brise enfin ce relatif silence :
" Bon ça suffit Bifidus, lève-toi..."
Voilà qui m'apprit deux choses, contrairement à ce que je pensais je ne sais pas faire le mort, et le client avait lui aussi survécu au naufrage.
Il était arrivé à notre campement quelques mois plus tôt, des sacs remplis de pièces d'or sous les bras et s'était targué de vouloir loué nos services de mercenaires pour une durée encore indéterminée. D'ordinaire, nous l'aurions détroussé et renvoyé d'où il venait, ce que cinq de mes compagnons tentèrent de faire d'ailleurs, mais voir cet étranger briser leurs armes à mains nues en leur conseillant de ne pas toucher à ses affaires nous mit plutôt d'humeur à coopérer. Depuis il avait pris la tête de la troupe et s'y était peu à peu intégré, même s'il continuait à verser nos soldes. Mais son surnom de "client" était resté.
Il m'aida à me relever.
" Quelque-chose de cassé ?
- Je ne crois pas.
- Tant mieux, rejoind les autres autour du feu, sèche-toi, reprend des forces, et quand tu seras d'attaque n'hésites pas à nous aider à ratisser la plage à la recherche des autres.
Du doigt il m'indiqua une lueur sous les arbres du bord de plage un peu plus loin, un campement de fortune.
- D'accord, d'accord... Mais, tu sais où on est au moins?
- Oui, on est arrivés à destination, sur Rhumdhil.
Sur ces mots il se retourna et reprit ses recherches.
Après de longues minutes à me traîner sur mes jambes douloureuses, j'arrivai enfin au campement que les rescapés avaient monté, il se constituait d'un grand feu en son centre et de diverses toiles et couvertures tendues entre les branches, destinées autant à nous abriter qu'à sècher.
Je pris l'air du gars qui se tape un naufrage tous les jours au déjeuner et qui est même prêt à en redemander.
" Ah les copines! Sympathique cette petite virée non!?
A la vue du sourire en coin sur certains visages, je compris que ma crédibilité en prenait encore un coup.
- S'manquait q'même d'animation s'tu veux mon avis...
Alvir avait les yeux qui pétillaient, les hommes-lézards n'ayant pas une panoplie de rictus faciaux très variée, on fait comme on peut pour deviner leur humeur. Là en théorie il était content de me revoir mais ne l'aurait jamais admit, trop fier. Alvir était un des rares hommes-lézards à se faire comprendre dans notre langue, les autres n'en voyaient pas l'utilité, ils se trouvaient très bien entre faces de reptiles.
- Bah... Connaissant le client je suis sûr qu'il a prévu plein d'activités amusantes.
Je retirais mes affaires et les perchais sur des bâtons plantés près du feu avant de m'assoir aux côtés d'Alvir. On s'entendait bien lui et moi.
- Des nouvelles de Suitus ?
Suitus était le chef officieux de la troupe avant l'arrivée du client, et j'étais son bras droit. Le client avait pris sa place et en avait fait son "bras gauche". Suitus, qui savait que les responsabilités et leurs importances étaient proportionnelles à la place occupée dans la hierarchie, vit là une belle occasion de se la couler douce quelques temps et s'auto-rétrograda avec grande joie.
- Pas q'je sache. Mais l'est solide, lui en faut plus. Puis l'est tellement têtu qu'même la mer voudra pas d'lui !
- Quand même... Vous êtes organisés comment sinon pour les recherches ?
Alvir ricana et me jeta une couvertue sèche.
- T'occupes. T'as une tête à faire peur à un troll, repose-toi jusqu'à demain.
Epuisé que j'étais je n'ai même pas cherché à avoir le dernier mot, je m'enroulais aussitôt dans la couverture et m'allongeais sous un arbre à quelques mètres. A peine le temps de me dire qu'on était dans une belle merde que je sombrais dans un profond sommeil.
Noir-feu | 01/07/10 15:12
Baramir d'Eckmöl | 01/07/10 15:33
Mais c'est qu'il est touristique ce continent...
Bienvenue alors
On attend la suite.
--
Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Celimbrimbor | 01/07/10 16:59
Bifidus | 05/07/10 17:23
Je n'ai jamais aimé être réveillé par de petits coups de pieds dans les côtes, mais c'est là un fait qui ne semble pas intéresser grand monde, en conséquence de quoi je me réveille ronchon.
" Hummmmm...?
- Bifidus, je te retrouves trop souvent en train de roupiller ces temps-ci.
- Faudrait pas confondre le sommeil et le coma...
- Debout. J'ai besoin de toi maintenant, le sommeil se lève.
Pas très concilient le client. Néanmoins je me redressais et ouvrais les yeux, il posa quelques bananes sur mes genoux.
- On a de la chance, on est entourés de fruitiers, et il y a même une source pas loin.
- Youpi...
Le client était imperméable à mes sarcasmes, c'était de mon point de vue sa principale qualité.
- Ca manque d'elfettes, je sais... Mange ces fruits, bois un coup et rejoinds moi sur la plage dès que possible avec une liste des effectifs.
- Hein!?
- On a pas de temps à perdre, il me faut savoir rapidement qui est là, qui est blessé, qui est mort... Bref, tu sais ce qu'il te reste à faire.
- Mouais... Du nouveau pour Suitus?
- Il va bien, t'en fais pas pour lui. Allez, traînes pas trop.
Alors qu'il s'éloignait je constatais qu'on avait pris soin de déposer mes habits secs près de moi durant mon sommeil. Sûrement Alvir. Aussitôt levé et habillé je rejoignais les autres autour du feu, ils étaient bien plus nombreux que lorsque j'étais arrivé, plus tôt dans le nuit, et les mines étaient bien moins sombres que ce à quoi je m'étais attendu. Un bon présage."
Un peu plus tard je retrouvai le client et Suitus sur la plage, Suitus m'acceuillit avec un large sourire que je me fis un plaisir de lui rendre. Le client m'interrogeait néanmoins du regard.
" J'en ai une bonne pour toi, tiens-toi bien. C'est l'histoire de deux navires remplis de nelrks qui partent vers un continent qu'ils connaissent pas, et là paf ! Naufrage. Les deux coulent. Et y'a pas un mort!
Le client se renfrogna.
- C'est pas trop le moment pour les conneries là tu sais...
- J'vais même t'en dire davantage, on a pas un seul blessé, pas un bras cassé, pas une entorse. Rien! Tout juste quelques hématomes pour certains et d'autres encore en état de choc.
- T'es sérieux là?
- Ouais, et j'en reviens pas moi-même de ce que je suis en train de te dire, mais je suis formel, j'ai vérifié plusieurs fois. On est au complet.
Suitus n'en revenait pas plus que le client.
- On est bénis des dieux.
- Laisses tes dieux là où ils sont, cracha le client, moins ils s'intéresseront à nous, mieux on se portera.
- Bref, on fait quoi du coup ?
- Vous allez repêcher tout ce qui a coulé, j'ai bien dis "tout". Même si ce n'est plus utilisable, vous le remontez, ça sera toujours du combustible supplémentaire pour nos feux. Vous vous partagez la troupe. Suitus tu prends ceux qui se portent le mieux et vous plonger tant que le mer est calme pour remonter tout ce que vous trouvez sur la plage. Pendant ce temps, Bifidus avec le reste des hommes, vous restez sur la plage, vous réceptionnez ce qui est remonté, vous en vérifier l'état, vous le triez, faites sècher... Tout ce que vous voulez, démerdez-vous juste pour que ce soit utilisable le plus vite possible. En même temps faites en sorte que les plongeurs aient toujours des fruits et de l'eau potable qui les attende sur la plage, ils vont avoir une rude journée. Moi pendant ce temps je prends quelques gros bras pour aller jeter un oeil aux ruines là haut. Si on est pas revenus demain au lever, considérez-nous comme morts.
- Tu fais peur quand tu parles comme ça.
- Je fais toujours peur Bifidus, toujours...
Alors son air renfrogné s'effaça pour faire place à un large sourire benêt. C'est quelque-chose, un orc qui prend un air benêt.
- Bon allez les filles, exécution. Suitus je te laisse les commandes en mon absence.
- Et merde...
- Je savais que cela te ferait plaisir.
La journée passa, chaude et etouffante. Les plongeurs la passèrent à remonter tout le matériel embarqué, et nous autres à le trier. Le client revint avec les gros bras qui l'avaient accompagné un peu avant que la nuit ne tombe. Il avait l'air radieux et le devint presque lorsqu'il vit la quantité de matériel qui avait été remontée. Il nous prit Suitus et moi-mêm à l'écart.
" Y'a tout là ?
Suitus intervint.
- Non, y'a un peu de matériel qu'on a pas pu remonter, les canons par exemple, trop lourds...
- Forcémment... La poudre est foutue ?
- On a ouvert deux barils, elle semble sèche.
- Parfait. Bon, vous avez bien bossé, on a largement le nécessaire grâce à vous. Concernant la ruine là-bas, c'en est pas une. C'est un fortin qui n'a pas été terminé, le chantier a été abandonné il y a des années il semblerait. De là-haut on a une vue pas possible sur toute la région, y'a même une source pas loin. On va s'y établir, en finissant le fortin petit à petit.
- Et y'a quoi tout autour ? m'inquiètai-je.
- Des champs, des champs de canne à sucre à perte de vue. Bon, demain on transportera tout le matos là-haut, à dos de nelrks. Y'a une piste largement praticable dans le bois. Mais ce soir, place à la picole! La bibine est en libre service pour tout le monde.
- Voilà le genre de discours que j'aime entendre! lâcha Suitus dans un large sourire.
Mais une question me tracassait trop pour que je n'ose la poser, et, retenant le client par le bras:
- Minute. Moi je veux savoir un truc, Pourquoi on est ici?
L'orc parut gêné, il avait esquivé le sujet durant toute la traversée. Mais il parla enfin. Ou presque.
- Disons qu'on vient aider une amie.
J'éclatai de rire.
- "Aider une amie"? Merde alors! Avec deux bateaux coulés ça revient cher le coup de main!
- Sans parler de ce qu'on lui coûte avec nos soldes! ajouta Suitus.
- Oui en plus! A ce prix là j'espère qu'elle se montre particulièrement gentille avec toi, ton..."amie".
Les nelrks ont des très bons réflexes, mais ceux des nelrks écroulés de rire sont un tantinet plus lents. Raison pour laquelle ni Suitus ni moi n'avons vu l'orc porter ses deux énormes mains à nos nuques et serrer pour nous paralyser dans le rictus ridicule du "j'ai mal et si je bouge c'est pire".
- Alors vous allez bien m'écouter vous deux. Je suis un orc particulièrement gentil, vous l'avez vu, vous avez aussi vu que j'ai beaucoup d'humour. Mais s'il y a bien un sujet sur lequel il vous faudra faire attention, c'est celui de mes amis. Ils sont assez rares pour que je sois tatillon sur le sujet, tout particulièrement pour cette amie là. Et vous comprendrez pourquoi lorsqu'on la retrouvera. J'ajouterai enfin que je ne suis plus orc à engager la vie de mes hommes pour les fesses d'une quelconque donzelle. On est là pour aider mon amie, et accessoirement se faire un sacré paquet de fric.
Nous relachant il ajouta:
- Toujours est-il que ce soir, on picole !
Baramir d'Eckmöl | 05/07/10 17:30
Un orc qui vient aider une copine... Bart ? t'a vu ça ?
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Baramir d'Eckmöl, Mister Daifen 2008.
Archiviste occasionnel de la Skippypédia
Noir-feu | 05/07/10 20:14
Bifidus | 10/07/10 13:12
La nuit fut arrosée plus que nécessaire et le client prit soin de nous rappeler que les orcs éliminent l'alcool plus vite que les nelrks en nous tirant de nos paillasses de fortunes peu après le levé du soleil.
" Debout les demi-orcs! Ne laissez pas votre côté elfe prendre le dessus! La salade, c'est le mal!
Le client était roi, mais clément, certains se permettaient d'être familier avec lui, moi le premier. Cela ne semblait pas l'ennuyer tant que ses ordres étaient exécutés et qu'on ne lui manquait pas de respect. Si bien que quelques reproches se firent entendre.
- Je m'en contrefous de vos revendications, bande de larves. C'est encore moi qui paie, alors quand je dis debout on s'exécute.
La journée débuta réellement après un déjeuner frugal. De ce moment jusqu'à la tombée de la nuit, nous n'avons eu de cesse de transporter à dos de nelrks et d'hommes-reptiles le matériel remonté des épaves. Le client voulait que la plage soit débarrassée à la tombée de la nuit, ce fut chose faite, il n'hésita pas à mettre la main à la pâte.
Le fortin dans lequel nous nous installions aurait été de bonne taille, s'il avait été terminé. Manifestement le client n'avait nulle intention de nous faire jouer les maçons, tout au plus prévoyait-il de nous faire installer quelques toitures de fortunes pour nous abriter.
" Il y a sûrement du beau monde sur ce dhil, si on se contente de monter une forteresse et de s'y planquer, on aura tôt fait de s'y retrouver acculés, et ce ne sera plus qu'une question de lunes. Il vaut mieux appliquer une tactique de guerilla.
- De la guerilla sur un terrain que l'on ne connait même pas ? m'étais-je inquiété.
- Ils ne le connaissent pas plus que nous. Il nous faudra être dynamiques et nous servir des champs de cannes à sucre à notre avantage. Peu prendront le risque de les raser pour nous en déloger, ce serait ruiner l'économie de la région. Et c'est justement ce qu'ils viennent chercher.
Une colonne de fumée épaisse s'élevait au loin depuis quelques minutes, certains s'étaient regroupés pour observer.
- Ben apparemment certains n'ont pas eu peur de mettre le feu à ce champ là.
- Rien ne dit que ce soit des champs... Formes des équipes d'éclaireurs et envoies-les dans la région, je veux un maximum d'infos.
Un ordre ne se discute pas, surtout au prix où l'on est payés pour ne pas le discuter. J'avais donc tourné les talons et m'en été allé former de petits commandos d'éclaireurs avant de les envoyer dans la nature, une fois la nuit tombée.
C'est au petit matin qu'ils revinrent et rejoinrent le client sous sa tente de fortune pour lui faire leurs rapports, ce qui dura une bonne partie de la matinée, Alvir, Suitus et moi-même furent invités à notre tour pour être informés des dernières nouvelles. A nous trois nous étions un peu les lieutenants du client, notamment Alvir qui avait l'estime des siens et faisait donc partie de ceux avec qui il était bon de s'entendre. Suitus et moi l'étions davantage du fait que nous connaissions chaque membre de la troupe et que nous avions tous les deux conscience de ce qu'était le commandement. Ainsi les nouvelles n'étaient pas des plus réjouissantes. Nous n'étions pas seuls sur ces terres. Vraiment pas seul. Des troupes avaient été observées en train de débarquer sur la côte, une grosse armée semblait-il. D'autres semblaient s'être mêlés doucement à la population, des elfes qui prenaient soin d'engager des autochtones, sûrement pour se fondre un peu plus dans la masse. Un des groupes d'éclaireurs s'était dirigé vers la colonne de fumée observée la veille et nous apprit qu'il s'agissait bien d'un champ de cannes dans lequel un feu avait été allumé, mais pas un feu pour détruire, davantage un grand feu de détresse au centre d'un campement de fortune. D'autres armées semblaient s'être aussi établies dans des zones plus ou moins désertes de civilisation. Quelques noms avaient été rapportés, chacun rendait le client un peu plus sombre lorsqu'il les prononçait. L'un d'eux notamment lui faisait prendre une moue de dégoût. Une fois qu'il eu achevé de nous apprendre ce que nous devions savoir, un silence s'installa, brisé par Suitus :
" Et ton amie ?
- Pas de nouvelles, mais rien ne presse.
- Ca pue cette histoire... On ferait bien de commencer à construire le radeau.
- Ton optimisme est toujours un régal Bifidus. Cette histoire ne pue pas davantage que les précédentes. Au contraire même vu que l'on a déjà une alliée sûre.
- Alliée qui est encore introuvable et dont tu es le seul à connaître l'identité.
- C'est un détail.
- On commence à recruter ? demanda Suitus qui jusqu'à présent ne voyait la conversation que comme une dispute de vieilles aigries.
- Non. On va scinder la troupe en commandos, choisir des messagers, et décider de notre première cible. On ne doit pas hésiter à se la jouer fourbe. Amener l'ennemi sur un terrain pour aller frapper au coeur de ses terres. Déclencher des conflits entre armées rivales. On doit cacher notre existence. Et on est assez nombreux pour ça. Pour l'instant. Nous aviserons ensuite.
- Avec une telle stratégie on a plus de chances de se faire marcher dessus que de vaincre, tu en es conscient ?
- Je ne crois pas avoir parlé de victoire.
- Tu t'fous d'nous !? *Alvir parlait comme un muletier, et sa voix portait, nul doute qu'il venait de se faire entendre de toute la troupe.* T'peux nous dir'alors s'qu'on est v'nus branler ici si s'pas pour gagner ? On s'est tapés l'naufrage et les corvées pour ton bon plaisir alors !?
Le client se leva doucement de son tabouret improvisé et vint se placer face à Alvir.
- Baisse d'un ton tu veux ? Pas la peine de prévenir nos futurs adversaires de nos intentions...
Il se tourna ensuite vers Suitus et moi et nous toisa du regard.
- Une victoire ? Pour quoi faire !? L'honneur ? La fierté ? Vous autres nelrks vous en passez très bien. Vous préférez vivre lâchement que mourir dignement. Sinon, pourquoi me suivriez-vous encore ? Je vous paie grassement et fais en sorte de ne pas mettre vos vies en danger plus que nécessaire. Cela doit bien vous convenir, vous m'auriez abandonné depuis longtemps sinon. Je vous ai déjà dis ce qu'on était venus faire ici, aider une amie et se remplir les poches au passage. Car mes bourses ne sont pas des cornes d'abondance, un jour elles seront vides, et là, que ferez-vous ? Croyez-vous trouver auprès d'un autre "client" les avantages que je vous offre ? Sûrement pas. Vous avez donc autant d'intérêts que moi à voir mes finances garder la tête haute. Laissons la gloire à ceux qui s'en nourrissent. A nous autres c'est de l'or qu'il nous faut.
- Parce-que si ta pote écrase les autres, elle partagera l'magot avec toi ?
- Je ne crois pas qu'elle veuille elle-même d'une victoire. Elle à d'autres intérêts ici. Si elle cherche à vaincre, ce sera un moyen de plus pour elle d'arriver a ses fins, rien d'autre. Ce qui est sûr c'est qu'à aucun moment elle ne nous mettra de bâtons dans les roues pour notre petit commerce. Nos intérêts sur ces terres ne sont pas les mêmes, donc on a forcément tous les deux à y gagner.
Je ne voyais pas comment il voulait s'enrichir dans un conflit.
- Comment tu comptes faire ? Pour l'or ? Une guerre c'est coûteux, tu en sais quelque-chose.
- Une guerre oui, une guerilla beaucoup moins. On va piller, voler, saccager. Ce continent est le principal producteur de rhum. Une fois qu'un seigneur y aura mis la main dessus, il voudra se rembourser de ses batailles précédentes, vite renflouer ses caisses. Le prix du rhum va monter très vite et très haut. C'est là qu'on va s'enrichir, grâce au stock que l'on aura fait et qu'on écoulera à prix réduit. Dès que possible il faudra aller dans une cité portuaire, acheter des bateaux, vu que les notres ont été coulés. On va piller toutes les réserves et toutes les caves de rhum que l'on trouvera, et on les enverra via bateau chez nous où elles seront stockées. Dans tous les cas on se fera un sacré paquet de pognon au final.
- Pourquoi faire cette guerilla alors s'il ne s'agit que de vider les caves?
- Pour maintenir les troupes loin de là où on agira. On est pas les seuls à en avoir après le rhum, alors il va falloir qu'on se serve vite et généreusement.
- C'est d'la folie ton affaire là...
- Je sais Alvir... Mais c'est aussi ça qui vous excite, non ?
- Ce qui m'excite moins en revanche, c'est ton goût pour le mystère. Tu ne nous informe que par bribes, lorsque tu n'as d'autres choix, on va de surprises en surprises... Et ça ne me plait pas.
- Je ne vous dis que ce que vous avez besoin de savoir, au moment opportun.
Exaspéré je me dirigeais vers la sortie sous leurs regards. Dans l'entrée de sa tente je ne pus retenir davantage mon venin.
- Et bien moi ça me les brise ! Continues à nous refuser ta confiance et tu te retrouveras seul avec ton rhum, comme le sombre con que tu es.
Sur ces mots je sortais pour de bon.
Noir-feu | 10/07/10 21:23
*s'installe, en fin de compte, histoire d'écouter la suite
.*
Lancwen de Sigil | 13/07/10 09:50
Bifidus | 15/07/10 18:44
J'avais évité le client le reste de la journée. Même si cela me répugnait de le reconnaître, il avait dit vrai, on en était venus à avoir autant besoin de lui que lui de nous. Mais était-ce une raison pour nous traiter comme des mômes et faire tant de mystères ? Je ne m'en suis jamais convaincu. Alvir vint me retrouver un peu plus tard et me gratifia d'une tape dans le dos.
" Ben si j'm'étais attendu à ça d'toi... Comment t'lui as fermé son claquet !
- Je l'emmerde.
- Moi aussi mais c'est encor' lui qui nous paie.
- Justement, on a assez bossé pour lui non ? On pourrait rompre l'accord.
- Vu s'qu'il débourse pour nous, personne voudra le lâcher. J'te rapelle que tant qu'on bosse pour lui il continue à envoyer la paie des potes morts à leurs familles... T'as souvent vu faire ça toi !? Tout l'monde est pas aussi radin qu'toi et n'a pas son p'tit pécule de côté, beaucoup ont besoin d'son or.
- Mais arrêtez avec ça ! J'suis pas radin et y'a aucun "trésor de Bifidus" nulle part !
N'ayant pas de famille et n'étant pas du genre à dépenser outre mesure, beaucoup se sont demandés ce que je faisais de mon or, de là est née une rumeur comme quoi je gardais jalousement mon butin dans un endroit connu de moi seul. Même si la rumeur n'était pas totalement érronnée, je me devais d'essayer de la faire taire.
- Allez un peu d'humour, merde ! Bon, j'ai des ordres pour toi, on prend chacun un groupe de quatre hommes et à la nuit on part fureter dans l'voisinage pour trouver des réserves de rhum, ou au moins des pistes pour nous y conduire. Il veut aussi qu'on vole des attelages pour transporter le rhum plus vite. Faudra les planquer dans la forêt au-dessus d'la plage.
- Et en attendant ?
- En attendant on reste planqués, il veut rien faire de trop visible le jour, pour pas se faire repèrer.
Le client avait été bien clair là-dessus, au moins, il voulait se faire le plus discret possible, a tel point qu'il avait finalement décidé de ne pas nous installer dans le fortin mais plutôt dans les bois en contrebas. Le fortin servirait plutôt de vigie, des hommes y seraient de faction en permanence. Nous allions donc joyeusement camper durant plusieurs lunes.
- Rien de plus ?
- Ah ! Si, il veut qu'on surveille l'ciel.
- C'est-à-dire ?
- Ben il encore fait des mystères, mais en gros si on voit un truc louche dans l'ciel, quoi qu'ce soit, faudra vite l'en informer.
La nuit tomba et nous prîmes le départ, Alvir, Suitus et moi, accompagnés chacun de quatre hommes. Nous nous séparâmes rapidement, piquant chacun vers un des points cardinaux. Futé que je suis j'avais choisis l'ouest, histoire de vite se retrouver à longer la côte. Après avoir traversé de nombreux champs de cannes et manqué de peu à chaque fois de nous perdre, mon groupe et moi sommes finalement arrivés sur un chemin relativement large semblant longer la côte à bonne distance tout en zigzagant entre les champs.
" Il doit bien mener quelque-part, On va le suivre depuis les champs qui le bordent, deux avec moi à droite, les deux autres à gauche. Et surtout on reste en vue les uns des autres.
Les hommes s'exécutèrent en silence, ce qui était rare chez les nelrks, mais la nouvelle consigne concernant la surveillance des cieux avait fait courir quelques rumeurs, et certaines avaient de quoi coller les jetons aux plus téméraires. Depuis notre départ je m'étais parfois surpris à me retourner pour vérifier que mes accompagnateurs regardaient bien où ils mettaient les pieds, à chaque fois au moins l'un deux avait les yeux tournés vers les étoiles.
- Et n'oubliez pas que les dangers immédiats viennent des alentours, pas du ciel...
- Faut dire qu'on est pas rassurés avec toutes ces histoires...
- Quelles histoires ?
- Ben on embarque pour ce qu'on croyait être une campagne facile, on s'échoue, on dort dans les bois alors qu'on a des ruines presque habitables à quelques mètres, après quoi on apprend qu'on va passer la majeure partie de notre temps à piller les réserves des habitants, et enfin on nous demande de surveiller le ciel... Disons qu'on se demande ce qui va nous tomber dessus au final. Y'en a même qui on déjà lancé des paris.
Je ne pu m'empêcher de sourire à ces paroles, je découvrais que mon point de vue était plus ou moins partagé. Mais le révéler risquait d'entraîner un schisme au sein de la troupe, chose qu'il fallait éviter en cette période incertaine.
- Alors il y a des paris... Dix pièces d'or que tout ça va finir dans un sacré merdier !
- Je note !
Merde, seulement quatre hommes m'accompagnaient, et il fallait que le responsable officieux des paris en soit.
- Trève de bavardages, tâchons de plier cette mission en beauté, histoire qu'il nous lâche un peu.
Les hommes acquiescèrent en silence et le rythme de marche s'intensifia de lui-même.
Au bout de quelques heures nous débouchâmes à un croisement à côté duquel un large espace n'était pas cultivé. Des bâtisses y prenaient place, leurs formes se découpaient dans l'obscurité ambiante. Nous restâmes quelques temps à l'aurée du champ, cachés par les cannes, à observer les lieux et s'assurer que le calme qui y régnait n'était pas qu'apparent.
L'endroit abritait donc quatre édifices, trois étaient de tailles similaires et bien disposés, à égale distance, comme si on s'était laissé la possibilité d'en augmenter le nombre sans se retrouver confronter à des problèmes d'espace. Ils étaient longs et ressemblaient à des bâtiments fonctionnels, à la fois étables et hangars. Le quatrième bâtiment, muni d'un porche, avait été placé à l'écart des autres et était de taille moindre. Les seuls points communs qu'il partageait avec les trois autres étaient l'absence d'étage et le matériau de construction lui-même. Même dans la nuit on devinait que les bâtisseurs s'étaient contentés de clouer ensemble de vieilles planches et d'étayer le tout pour éviter d'éventuels éffondrements.
Il fallait qu'on aille jeter un oeil. Je me retournais vers mon groupe et leur faisais signe de faire silence, un doigt posé sur mes lèvres closes. Ils acquiscèrent de la tête. Je tirais alors mon couteau de son étui et le pris fermement, à l'envers, de manière à plaquer la lame contre mon avant-bras et ainsi la cacher au clair de lune. Il aurait été mal venu que notre présence soit trahie par un reflet accidentel. Après m'être assuré que mes hommes m'imitaient, je suis sorti de notre couvert en trottinant pour aller me cacher derrière le coin de bâtiment le plus proche. Mes hommes me suivirent. Explorer les deux hangars ne nous pris pas plus de quelques minutes. Le premier était rempli de fûts pleins de rhum, le second servait d'étable et abritait cinq canassons placides, deux charettes, diverses réserves de grains et de fourage, ainsi que le matériel nécessaire à l'exploitation de la canne à sucre. Voilà qui allait donner le sourire au client. Avant de repartir, j'ai fais un détour vers la cabane, voir si elle était habitée, et en effet quelqu'un y dormait, trahit par le bruit de ses ronflements.
Nous reprîmes la route du camp, heureux de notre trouvaille qui allait nous garantir un peu de repos.
Bifidus | 22/07/10 19:38
Voilà une bonne heure que le soleil s'était levé et que nous attendions, Suitus, Alvir et moi, de pouvoir faire nos rapports au client. Mais celui-lci était absent. Il avait quitté le camp peu après nous en s'engouffrant dans la forêt, pour faire une promenade avait-il expliqué. Toujours est-il que toute la troupe commençait à se poser des questions.
Il revint aux alentours du midi, une caissette en bois sous un bras, diverses branches sous l'autre, et un sac de toile plein jeté par-dessus l'épaule et nous salua gaiment d'un signe de tête alors que nous le suivions jusqu'à sa tente. Sa nonchalance ne manque pas d'énerver Suitus.
" On t'attend depuis l'aube...
- J'ai dû m'attarder.
- Où étais-tu ?
- Partis chercher des fournitures. J'ai perdu pas mal de matériaux qui me sont indispensables dans le naufrage, mais j'ai trouvé de quoi les remplacer.
Nous entrâmes sous sa tente. Bien que plus grande que celles du reste de la troupe, elle était tout aussi sobre. Il jeta son fardeau dans un coin, sortit de la caisse diverses sortes d'insectes, d'araignées et de grenouilles qu'il sépara dans des pots de verre.
- Bon alors, ça a donné quoi vos expéditions ? Suitus, à toi l'honneur.
- Partis à l'est on a trouvé que des champs de cannes sur notre route sur plusieurs lieues de distance, après quoi on s'est retrouvés aux abords d'un campement humain. Ils étaient organisés et bien équipés, mais pas très nombreux, une centaine d'hommes à peu près, l'avant-garde d'une armée je pense. Du coup on à pris vers le nord et là on a trouvé un hameau qui doit abriter quinze à vingt familles. On a visité tout ce qu'on pouvait, pas mal de rhum en réserve et quelques attelages. Ce ne sera pas compliqué de vider tout ça.
- Quinze familles... Je m'en occuperais. Alvir ?
- Ben nous cap plein nord, on a ralliés le même bled que Suitus, mais sur notre route y'a eu cinq fermes qu'on pourra facilement vider en revenant du bled.
- Suitus a pris l'est, puis le nord, toi et tes hommes le nord directement, et vous vous êtes retrouvés... Y'a un problème là...
- Ben... On a préféré obliquer nord-est... Y'avait un truc dans le ciel. Si c'est ce que tu nous disait de surveiller va encore falloir que tu t'expliques, parce-que j'ai jamais vu un truc pareil. J'en aurais chié dans mon froc.
Suitus était aussi étonné que moi, à croire que malgré qu'ils aient fait le chemin de retour ensemble, Alvir ne lui avait pas parlé de cet incident. Le client en revanche paraissait plutôt curieux:
- Développe Alvor. Qu'avez-vous vu ?
- Rien de précis. On avançait dans les cannes, et le silence s'est fait. J'veux dire, le vrai silence, les oiseaux et insectes se taisent, le vent souffle plus, et même les plantes font en sorte de pas faire de bruit. Un de mes mecs à pointé le ciel du doigt, il pouvait plus parler. Y'avait un truc qui venait sur nous, je sais pas ce que c'était, c'était comme si un morceau de néant passait sous les étoiles. De l'obscurité qui se découpait dans la nuit. On a flippé comme des bleusailles et on s'est jetés au sol. C'est passé au-dessus, puis ça a fait comme un demi-tour, c'est revenu sur nous, c'est resté là, au-dessus pendant une éternité, puis c'est repartit plein nord. Suis pas suicidaire,j'allais pas suivre ce truc.
- Ca avait quelle forme ?
- On a pas vu.
- Mais quand c'est passé au-dessus de vous ?
- Tu crois qu'on s'amuse à regarder la mort en face !? Quand on s'est couchés au sol c'était la tête dans la terre et les bras par-dessus. La seule chose qui permettait de la situer c'était le silence, et un putain de mal de bide... Un de mes mecs en a chialé ! Pourtant j'avais pas pris des pucelles avec moi.
- D'accord, d'accord... Bifidus ? Tu l'as vu aussi ?
- Non et je ne m'en plains pas. Nous on est partit sur l'ouest, on est tombé sur un chemin qu'on a suivit par le nord et là on est tombé sur une cabane et deux hangards, deux attelages y sont disponibles, et une sacrée réserve de rhum. Et tout ça gardé par un seul homme, à prioris.
- Parfait.
Le silence s'imposa, le client réfléchissait. Ca se voit vite sur un orc lorsqu'il réfléchit, le client ne faisait pas exception. Nous attendions sagement les ordres, qui vinrent au bout de quelques minutes.
- Alvir, tu te reposes aujourd'hui, et cette nuit tu prends tous les hommes-serpents avec toi et vous irez sur la côte. Apparemment les deux bateaux qui y ont amenés une armée sont encore amarrés non loin de la plage. Vous les prendrez discrètement pour les amener à la crique près de laquelle on s'est échoués. Pas de prisonniers, vous liquidez les marins présents et vous les jetterez à la flotte à mi-chemin.
- J'croyais qu't'allais acheter des bateaux !
- Hors de question de me rendre en ville, en plus avec la guerre qui se prépare les vendeurs potentiels vont vite faire grimper les prix, je n'aurais pas assez d'or.
Alvir était réticent, non pas qu'il hésitait à l'idée d'égorger des marins innocents, mais voler ces navires demandait une approche à la nage, et en bon homme-lézard il avait horreur de l'eau, contrairement aux hommes-serpents qui se sentaient à l'aise dans tous les milieux. Mais c'était là un ordre indiscutable.
- D'accord on s'en occupe ce soir.
- Très bien. Donc ce soir les bateaux pour Alvir, et vous deux autres vous repartez trouver des réserves de rhum. Et la nuit prochaine, on vide un maximum de caves d'un coup. Compris ?
- Et pour c'qu'on a vu cette nuit ?
- Vous n'avez rien à craindre. Le fait que vous n'ayez pas été attaqué en dit long. Toutefois maintenez la troupe en alerte, pour le moment on vide les caves, on s'amuse. Mais d'un jour à l'autre il faudra prendre les armes, et tout risque d'aller très vite.
Noir-feu | 22/07/10 20:56
Lancwen de Sigil | 22/07/10 22:59
Bifidus | 25/07/10 10:53
Alvir avait volé les bateaux sans rencontrer de réelle résistance, et ils étaient bien a l'abri dans la petite crique, loin des regards indiscrets. Venait le moment de partir piller les réserves de rhum. Le client accompagna le groupe qui s'occuperait de vider le hameau trouvé par Suitus et Alvir, il me demanda de l'accompagner et de donner la consigne à chaque membre du groupe de se munir d'un tissus épais et d'une gourde pleine. Les consignes furent respectées.
Arrivés près du hameau, le client fit le signe de ralliement et le groupe vint former un cercle autour de lui. Ses paroles semblèrent des murmures.
" Faites comme moi, et ne lésinez pas.
Il sortit un tissu et le mouilla allègrement avec l'eau de sa propre gourde, à plusieurs reprises, de sorte que le tissu fut rapidement imbibé. Après quoi il se le noua derrière le crâne, puis la nuque, couvrant ainsi son nez et sa bouche. Tout le monde l'imita, et il prit soin de contrôler chaque tissu.
Une fois que tout le monde fut équipé comme il le souhaitait, il donna l'ordre de rester grouper.
- Je vais me préparer, dès que la brume se sera dissipèe, commencez. Une fois tout le rhum emporté, rentrez au camp, je vous y rejoindrais plus tard.
Puis il disparu dans la nuit.
Personne n'avait osé l'informer de l'absence totale de brume, il avait trop l'air à cran.
Au bout de longues minutes, un étrange brouillard, si épais qu'il en semblait palpable, commença à se répandre sur le sol. Tel un cours d'eau ralentit, il vint se répandre entre les chevilles des hommes et pris la direction du hameau, où il s'insinua entre chaque bâtisse, et en elles par chaque imperfection dans les parois. Puis il commença à monter, lentement, comme le ferait une marée, si bien qu'il dépassa bientôt nos têtes et que nous nous y retrouvâmes totalement plongés, incapables de voir à plus d'un mètre. Je commençais à comprendre :
" Surtout gardez vos masques.
Le conseil était inutile, mais deux précautions valent mieux qu'une.
- C'est lui qui fait ça ?
- Faut croire...
Je ressentis le frisson qui parcouru le dos des hommes. Bien qu'il ne l'ai jamais caché, le client n'avait jamais exposé son art chamanique plus que nécessaire, si bien que dans la troupe, bien qu'il soit connu qu'il avait quelques tours dans son sac, personne ne savait vraiment quels étaient ses pouvoirs.
Nous attendirent que le brouillard se soit entièrement levé pour commencer notre pillage. Alors que les chevaux se portaient tous bien, nul signe de vie n'émanait des habitations. Par chance il y avait juste assez d'attelages pour transporter tout le rhum que nous avions trouvés dans la zone. Certains chariots furent tout de même chargés plus que la raison ne le conseille, mais ce fut sans incidents que le campement fut rallié, et le fruit de notre exaction amené à la crique pour le préparer au chargement sur les bateaux.
La zone débordait d'activité, des groupes de toutes tailles ramenaient les barils qu'ils avaient pu subtiliser, et le chargement à bord du premier bateau avait déjà commencé. Alors que nous avions passés la nuit à ramener notre chargement, j'ai appris plus tard que certains groupes avaient fait jusqu'à six aller-retours pour des zones plus proches et sans risques. Au final la quantité de rhum volée était conséquente et dépassait de loin mes attentes.
Le client fut de retour peu avant le lever du jour, il vint immédiatement à la plage pour s'informer du déroulement de la nuit. Aucun incident n'ayant été à déplorer, il ne cacha pas sa satisfaction et félicita tous les chefs de commandos.
Alors qu'il s'en retournait à sa tente, j'en profitais pour le questionner :
- Le brouillard de cette nuit, c'était toi ?
- Oui.
- Tu aurais pu nous prévenir.
- Tu veux aussi que je te siffles la prochaine fois que je vais à la selle ?
- Arrêtes, balancer ce genre de truc droit sur nous sans nous en informer c'est se foutre de nous.
- Il y a eu un problème ?
- Non mais...
- Alors j'ai fais ce qu'il fallait, je vous ai dit comment ne pas être touché, vous m'avez écouté, et vous n'aviez rien à craindre. Je vois pas pourquoi tu me sautes sur le râble avec ça, Je vous ai pas mis au milieu d'une épidémie de peste que je sache.
- C'était quoi au juste ?
- Un sort de sommeil profond, rien de plus. Tu t'attendais à quoi ?
- J'ai cru que tu les avais... Il n'y avait plus aucun signe de vie après le passage de ce brouillard !
- Ben c'était le but, faire dormir tout le monde pour que vous puissiez être tranquilles. T'es devenu parano avec moi ou quoi?
- Non, non... Même si il y aurait de quoi...
- Casse pas la tête. Fais passer le message, ce soir on reste au calme, mais la nuit prochaine on remet ça sur de nouvelles zones si il n'y a rien de nouveau.
- Et en attendant ?
- Reposez-vous et profitez du calme, ça ne durera pas.
Bifidus | 09/08/10 10:10
Suite dans le sujet " Tu trembles, frêle carcasse. " de Sanaga



