Forum - La Genèse I - Une main d'oeuvre.

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Phaeril | 27/05/10 16:31

Aodred n'arrivait pas à dormir. Le temps était lourd, la nuit extrêmement silencieuse. Il y avait en un sens quelque chose de stressant, surtout pour quelqu'un comme lui, mis à la rue il y a peu et non encore habitué à dormir dehors.
«  Qu'est ce que j'ai été con d'venir dormir ici. Un coin tranquille, ah ça oui pardi, même trop ! »
Il se maudissait de son choix. Le cimetière était éloigné de la ville, à l'abri des fêtard, et les mausolées fournissaient un toit facile d'accès pour quelques pochards sans avenir. Mais ce n'était pas à proprement parler un coin où l'on se sentait en sécurité. Quel silence !
Il décida d'aller faire un tour pour se calmer et éloigner ses démons. Mais non, les vampires n'existaient pas, les morts vivants non plus d'ailleurs. Toutes ses rumeurs sur des mages relevant les morts des cimetières c'était des contes pour enfant : on n'en avait jamais vu sur Quanastadhil.

La nuit était électrique, seuls les bruits de pas de l'homme couvraient ce silence de mort.
L'esseulé avait pensé à amener sa bouteille pour lui tenir compagnie. Il en soutirait une goulée à chaque nouvelle allée de tombeaux. Si bien que quand il cru avoir vu bouger une pierre tombale, il n'était pas bien sûr que c'était dû au pinard. Pour se donner du courage, il leva à nouveau le coude.
«  Boarf, j'lé dja fini c'te bouleille ! » dit-il, comme pour percer le silence. Prenant appuie sur la stèle de feu Arthanos dit l'accoudoir, il jeta son bras en arrière pour balancer le contenant d'un contenu disparu. Il ne s'aperçut pas que le bruit attendu d'une bouteille qui éclate au sol n'est pas le même que celui du verre s'enfonçant dans quelque chose de mou. Mais l'aspect inhabituel de ce fait lui fit quand même réaliser qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
Il suffit d'un demi tour pour changer la vision du monde d'un pauvre homme. La bouteille avait fini ses jours dans ce qui restait du torse de Belgoss, l'ancien sommelier de la taverne de la Nouvelle Vie, mort le mois dernier. Ce n'était ni le spectacle de la chair en décomposition, ni la laideur du bonhomme, ni l'instant cocasse d'une bouteille qui avait su retrouver son maitre qui rendit le clochard dubitatif.
Aodred avait l'impression que son homologue mort le fixait : ce devait être l'absence des yeux. Après un instant de stupeur, il lui vomit à la figure. L'autre ne bougeait pas, mais tout se mouvait autour de lui. C'était aux tombes maintenant de régurgiter leur contenu.

Il avait choisi le lieu pour la quiétude, c'était raté ! Des centaines de corps étaient entrain de remettre en place ce qui leur servait de tombeaux. Puis quand ce fut fait, dans un seul mouvement, ils se mirent en marche. La vague de corps emmenait peu à peu Aodred avec elle, sans qu'il comprenne vraiment ce qui se passait. Après quelques minutes, le cortège arrive prêt des côtes, où une dizaine de galions marqués d'un grand I les attendaient. Posté au sommet d'une falaise, l'homme regardait avec effroi les barques aller et venir, pour leur cargaison et l'enfourner dans les navires jusqu'à les remplir à ras bord.

Le soleil chatouillait de ses rayons les joues d' Aodred. C'était le matin, il s'était endormi a côté de la plage. Encore à moitié ivre, mais persuadé de ne point avoir rêvé, il se dépêcha d'aller en ville, quérir la milice. Mais où est la crédibilité d'un vieux poivrot qui dort dans les cimetières ?
L'on prit sa déposition, et ça n'alla pas plus loin. On ne prit pas la peine d'aller examiner les tombes : aucune remarque des gardiens du cimetière, tout était parfaitement en place, et personne n'avait envi de déranger les sommeils des morts.

La rumeurs s'étendit quand même, fruit de la détermination d'Aodred, et alimentée par les ragots des continents voisins. Plusieurs paria étaient venu raconter des histoires similaires sur plusieurs cortèges funèbres sortant d'autres cimetières. La plupart du temps l'histoire était longue et bien ficelée, les morts finissants dans des navires ornés d'un grand I sur le côté de la coque.
On disait même que des dépositions similaires avaient été faites sur Hopandhil, Evolutiondhil, Kerlamodhil, Poupoumdhil, Vipérodhil, Deuxièmecercledhil, Glarfodhil, Martendhil, Golfdhil, Zoumzoumdhil, Pompedhil, et même sur Titanodhil.
Les discours se rejoignaient, et la peur s'intensifiait dans la population. C'était trop pour être un hasard, ou juste répandu par un fou. Après quelques jours, personne n'osait s'écarter de la ville, et encore moins s'approcher des cimetières. Au bout de quelques semaines, la pression était trop importante, et les autorités furent obligées d'aller inspecter les tombes.
Ce fut fait, et chacune contenait ce qu'elle était sensée contenir : des os, des squelettes, de la chair en décomposition. Cela servi tout de même à apaiser la population, la rumeur s'estompa, la vie repris son court.

"Mieux vaut commettre une erreur avec toute la force de son être que d'éviter soigneusement les erreurs avec un esprit tremblant."

Edité par Phaeril le 27/05/10 à 20:57

Petit Faon Espiègle | 31/05/10 18:44

moi j'veux finir comme le vieux clodo :o

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