Forum - [Les contes du pélicans] Braddock.

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Celimbrimbor | 04/05/10 21:00

Il faut bien une fin à tout, se disait Braddock en regardant l'épée enfoncée dans son ventre jusqu'à la garde. Une envie morbide de tourner la tête le saisit, pour voir si ses intestins ressortaient de l'autre côté. Il n'en eut pas vraiment la force et tomba à genoux, plutôt, le chef brinquebalant doucement. Dans un instant, Braddock le puissant serait mort, tombé au combat dans une bataille où il n'avait pas compris grand-chose, pour changer. Un corbeau vint se percher sur son épaule, les pattes plantées dans la chair, noyées dans les longs cheveux couleurs de cendre et piqua un coup près de l'oreille, pour voir si son repas était encore trop frais. Un grognement faible le délogea mais il ne voleta pas trop loin. Il voulait être un des premiers à se jeter dans la curée. Après les guerres des humains venaient les escarmouches sanglantes des animaux et il ne fallait pas se priver d'une place de choix. Son oeil serait à lui.

Braddock le puissant était à genoux les yeux hagards et la bouche ouverte, d'où un filet de bave coulait, mêlé de sang. Combien de combats ? Combien de cicatrices ? Une dernière en tout cas. Il avait survécu à temps de choses, accompli tant de haut faits et voici que maintenant il allait trouver sa fin. Il tomba la tête en avant sur le sol sanglant et boueux de la plaine, pour faire la nique au corbeau, son dernier ennemi, un qu'il ne vaincrait pas encore. Bientôt il cessa de respirer. Braddock le puissant était mort.

Et après ? Les armées de Carnélia avait vaincu, malgré un désavantage numérique effroyable, en jouant habilement leurs cartes sur un terrain qu'elles connaissaient par coeur. Les stratèges avaient parfaitement maîtrisé la bataille du début jusqu'à la fin, sans jamais rompre leur ligne de communication avec les troupes. Hurton était vaincu et avec lui les hordes de barbares qu'il avait réussi à fédérer. Le monde civilisé pouvait se reposer en paix, encore une fois, ses frontières étaient sauves.

Pourtant ce monde civilisé, quelques villes un peu avancée sur une côte marchande, allait disparaître lui aussi, bientôt. Le voici, d'ailleurs, qui s'enfonce dans la mer suite à un tremblement de terre sans commune mesure. Quelques habitants pensent trouver refuge dans les montagnes, près des champs fertiles, mais les volcans se réveillent et noient tous ces espoirs sous la lave. Flots bleus et flots de feu ravagent tout sur le passage. Il ne reste plus rien du dessin précédent des côtes, même pas un souvenir. Alors l'histoire du glorieux combat qui sauva le monde n'est plus.

Et après ? Ailleurs, les flammes prennent, à leur façon et ce n'est pas la roue qu'on invente ou la géométrie, mais une spiritualité étrange. Qui s'éteint à son tour. Et ainsi de suite. Allons voir plus haut.

Plus haut, il y a les dieux, vénérés, craints, créés pour l'occasion ou matérialisation de principes fondateurs. Transitoires, la plupart. Effrayés, tous, d'un jour disparaître. Ils se battent pour être révérés. S'affrontent via disciples interposés pour gagner le coeur de foules sans jamais le reperdre. Ils sont à l'image même des êtres : fous et sots. Quelques uns tombent dans mon escarcelle alors que je vais plus haut encore.

Plus haut, il y a le Tout et son jeu avec le Néant.

Incroyablement complexe, tout en nuance de destruction et de création. Un compromis constant, toujours en déséquilibre malgré tout, qui n'autorise aucun joueur surnuméraire. Je le regarde un instant avant de repartir.

Plus haut, il n'y a plus rien. Tellement rien que l'on retrouve les profondeurs. Le bas.

En bas, il y a moi, en majesté, régnant. Je ne comprends pas très bien comment, je ne sais pas très bien pourquoi, cela ne m'intéresse pas. Certaines choses doivent être faites et peu de monde sinon moi pour les faire. Mémoire et disparition dans le même temps, je vais partout dans le temps et l'espace et j'accomplis ce pour quoi j'ai été suscité au premier matin du monde. Où étais-je un démon nommé Baal ? Trop de lignes de temps ici pour être vraiment clair. Autant reprendre.

Il faut bien une fin à tout, pensait le guerrier alors qu'il jetait un regard curieux vers l'épée plantée jusqu'à la garde dans son estomac, les intestins se déversant dans une odeur nauséabonde derrière lui. Il a envie de se retourner pour vérifier, motivé encore par la curiosité qui l'a toujours mené en avant dans sa vie de destruction. Il n'y arrivera pas. Cela se lit dans ses yeux : il n'en a pas la force. Braddock le puissant tombe à genoux sur le sol boueux et sanglant, au milieu des cadavres des deux camps. Lui qui avait chevauché sur les grandes plaines d'Hircanie et dérobé plus de trésors sacrés que les temples des sectes recluses n'en avaient compté était à quelques doigts du trépas. Un corbeau vint se percher sur son épaule mais il le délogea. Ne jamais se rendre, ne jamais abandonné. Voilà bien un humain. Pourtant, tout est vain, pour eux, pour lui spécialement. Il ne me voit pas encore mais il me discernera bientôt.

Il vient de tomber la tête la première. Mon entrée en scène. Ne vous posez pas de questions sur le temps, cela ne servirait à rien. Vous ne comprendriez pas. Pas tout de suite. Un rapide mouvement du bras. Voilà. C'est fini.

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Edité par Celimbrimbor le 04/05/10 à 21:01

Sanaga | 10/05/10 13:48

Intriguant. Une suite?

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