Forum - la quête les légendes : Epilogue.
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Celimbrimbor | 08/03/10 17:35

« Voilà comment s'achève l'histoire de Celimbrimbor Elanden, qui fut elfe, mage, autre chose et finalement garant de l'équilibre. »
Le conteur s'enfonça un peu dans les coins que les flammes qui s'élevaient du foyer ne recouvraient pas de lumière. Le silence pesa un instant dans l'assemblée et puis les questions fusèrent.
« Et il a fait quoi de la dernière sphère ?
-Il a revu le Tout ?
-C'est qui ce Tout d'abord ?
-C'est fini ? Vraiment fini ?
-Allons, allons. La voix grave s'éleva de nouveau, pleine de sourires. Doucement, doucement, ne me pressez pas trop. Que voulez-vous savoir ?
-La dernière sphère ! Les spectateurs demandèrent à l'unisson.
-La légende veut que Celimbrimbor, après avoir réussi à extirper la sphère à la Mort, se retira de longues journées dans son manoir au milieu de ses terres. A la vérité, il avait peur de cette dernière sphère. Il avait faites siennes les quatre autres, mais celle-ci le terrifiait, d'une certaine manière. Le temps. Il l'avait contemplé et n'avait pas survécu. Si sa mémoire était un peu pataude à ce sujet, sa chair s'en souvenait parfaitement et ne voulait pas subir de nouveau une telle expérience. Aussi regardait-il la petite boule de cristal avec un sourire mêlé d'appréhension peint sur les lèvres. Devait-il l'absorber, comme les autres ? Devait-il simplement la laisser quelque part, protégée, et puiser dans son pouvoir quand le temps le demandait ? Simplement s'accorder à elle ? Ces solutions ne le satisfaisaient pas. Il n'avait pas parcouru tout ce chemin simplement pour une mesquine récompense à cette façon.
-Alors quoi ?
-Oui ? Il a fait quoi ?
-Eh bien, ne le devinez-vous pas ? Cela fait bien des nuits que je vous conte ses aventures, ne le connaissez-vous toujours pas ?
-Il a pris le pari ?
-Il l'a planqué comme un lâche ?
-Non ! Il l'a absorbé !
-C'est vrai ? Il a sauté le pas ?
-Oui ! J'en suis sûr !
-Alors ?
-Quoiqu'il en soit, c'était fini. Il était devenu tout autre chose que ce qu'il était.
-Ah, oui ! Le Tout !
-Parle-nous du Tout !
-Oui !
-Du calme... Le Tout, comme vous l'avez sans doute compris, est la cause sans cause. Le créateur, celui que l'on appelle souvent avec une majuscule. A l'origine de toutes choses, les contenant toutes. Questions à toutes les réponses, réponses à toutes les questions.
-C'est un dieu ?
-Il rirait s'il t'entendait demander cela. Non, ce n'est pas un dieu, ce n'est pas si simple. Les dieux peuvent mourir. Pas le Tout.
-Mais alors qu'est-ce qu'il est ?
-Le principe fondateur positif. Une extrémité de l'équilibre.
-Et l'autre, c'est quoi ?
-Ah, ça... On raconte que c'est le Néant. Même pas le chaos, non. Le Néant. Le grand rien, vide, sans but, sans cause, sans conséquence.
-Et ils s'opposent ces deux-là ?
-D'une certaine façon, oui, on pourrait le dire. Mais en fait, le Néant n'est que l'autre facette du Tout. Je me demande d'ailleurs même si le Tout l'a compris. Voire si le Tout n'est pas à l'origine du Néant.
-Hein ?
-Comment ?
-Vous vous souvenez. Celimbrimbor a dû aller chercher la Mort en son royaume pour pouvoir agir et créer. Car souvenez-vous, la création était son but. Animée. Bien. Donc, un peu comme Celimbrimbor obligé d'aller chercher la Mort, le Tout a dû, je pense, créer le Néant. L'entropie en somme. La fatalité qui veut que la casserole d'eau chaude ne le reste jamais longtemps.
-Mais ça, c'est la Mort !
-Peut-être bien, peut-être pas. La Mort est aussi créatrice. Regarde ce qui pousse, par exemple, aux pieds des volcans. Sur les tombes. Sur les carcasses des morts. Alors que le Néant lui, n'est qu'appétit. Il dévore, encore et encore, et finira par se dévorer lui-même pour ne laisser plus rien.
-Oh...
-Mais ce n'est que des légendes tout ça, hein ?
-Eh ! Celimbrimbor a revu la petite fille du début ?
-Ca, je l'ignore. Les récits ne le disent pas. Je ne suis pas certain qu'il se soit souvenu de cette promesse. Ou qu'il ait eu envie de retourner sur cette route. Il était effrayant ce chemin, vous savez. Ou peut-être était-il arrivé au bout et que la petite fille l'attendait. Les légendes ne racontent rien là-dessus. Du tout.
-Alors c'est vraiment fini ?
-Comment ça ?
-L'histoire ! Celimbrimbor ! Le Tout ! Les éléments ! Tout ça !
-Cela ne finit jamais.
-Ah ! Alors ? La suite !
-Mais cette histoire-là est finie. Belle et bien finie. La suite, c'est vous qui allez la raconter, vous ne croyez pas ? En vivant votre vie. Il faut bien, un jour, arrêter de regarder le passé et se lancer soi-même, non ?
-Mais ! Et cette histoire d'équilibre ? Et toutes les questions sans réponses ?
-Oui !
-On veut savoir !
-Eh bien, trouvez-vous-même les réponses ! Cela sera plus amusant, non ?
-Mais...
-Peut-être...
-De toute façon, c'est fini. Et je crois que l'aubergiste souhaite fermer pour cette nuit mes chers amis. Merci d'avoir écouter cette petite aventure jusqu'au bout et n'oubliez pas que les conteurs, eux aussi, doivent manger. »
La salle se vida petit à petit et le sourire ne disparu pas du visage du conteur. Quand tout le monde fut parti, il compta sa maigre recette dans son escarcelle et paya son dû au tenancier qui lui avait laissé utiliser sa salle pendant de si longues nuits. Après quoi il remit sa veste, boutonna son manteau et sa cape et sortit dans l'air nocturne.
Il faisait bon. Il allait marcher un peu dans le noir et trouver un endroit accueillant pour dormir.
« Le Tout ne le sait peut-être pas lui-même, n'est-ce pas ? S'éleva une voix dans la nuit.
-Qu'est-ce que vous en pensez ? Demanda le conteur en riant tandis qu'une main amicale se posait sur son épaule. Vous devriez le savoir, vous, non ?
-Peut-être préfère-t-il l'ignorer. Cela lui rend plus aisée cette séparation avec lui-même.
-Peut-être bien. Je ne lui ai jamais posé la question.
-Tu aurais dû, peut-être.
-Vous écoutez depuis le début ?
-Tu me dois toujours une fleur, tu sais ?
-Quel vieux fou fais-je ! Le conteur étendit une main dans le vide et referma des doigts délicats sur une tige fine. Voici. Vivante, cette fois.
-Merveilleuse. C'est unique.
-Quoi ?
-Pour moi de voir quelque chose que je n'ai pas créé moi-même. Un peu de lassitude perçait dans la voix de l'interlocuteur du conteur. Tu comprendras petit à petit.
-Sans doute. Vous étiez là depuis le début, alors.
-D'une certaine façon, je ne t'ai jamais quitté des yeux.
-Même si...
-J'ai choisi d'ignorer tes trames. J'ai simplement donné la première cause au mouvement et après, tu as été libre. Le plus libre de nous deux, sans doute.
-Et maintenant mon maître ?
-Maintenant ? Je ne suis plus ton maître. Tu n'es plus mon élève. Pas mon égal, mais plus ma chose. Maintenant, eh bien, ouvre tes voies. Chamboule mon équilibre, créé le tien, que sais-je. Marche sur tes sentiers.
-Pardon ?
-Tu as parcouru le chemin que j'ai taillé pour toi, à ton image, de bout en bout, avec une opiniâtreté que je croyais ne jamais te voir. Il est temps que tu marches sur d'autres routes.
-Ne traçais-je pas déjà la mienne ?
-Si. Et non. Le Tout se fit rieur. D'une certaine manière oui, d'une autre, non. Tu comprendras avec le temps. J'ai cru comprendre que tu en avais à revendre désormais. Et qu'as-tu fait avec la sphère ?
-Allez savoir...
-Tu vois, tu comprends déjà. »
Les deux êtres rirent un peu dans le silence étoilé.
Et puis soudain, plus rien.
Celimbrimbor | 08/03/10 17:36
Merci à tous les pauvres lecteurs qui furent assez fous pour lire tout cela jusqu'au bout.
Merci à tous les gens que j'ai forcé à lire ceci parce que, justement, j'étais en manque de lecteurs.
Merci à Findel pour ce jeu qui permet de raconter de telles histoires.
Merci à tous.
Amadeus Bello'adagio | 08/03/10 22:19
Merci.
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Amadeus, la folie a un nom
"La musique et les mots pour toute arme"
Edité par Amadeus Bello'adagio le 08/03/10 à 22:19
Noir-feu | 09/03/10 00:46
Sanaga | 14/03/10 22:33
C'est où, pour les autographes? J'peux avec des pogs et une chope "Celimbrimbor"?
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De Legier Vovlloir Longve Repentance.




