Forum - [ l'apostolat de la raison ] Division chez les fous.
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Duc De L'uto | 20/03/08 19:10
Genkogeat avait reçu un drôle de parchemin. Le Duc, au lieu de donner ses habituels ordres secs, cruels et précis passait par quatre chemins pour lui expliquer une sorte de plan. Le général était au courant des dernières rumeurs, et conscient de plusieurs disparitions, meurtres ou chantages. D'habitude, c'était souvent le cas ; l'armée du Duc n'était pas composée de la fine fleur de la droiture et de la discipline, ce qui signifiait que les conflits n'étaient pas rares. Le Duc s'en moquait pas mal. Qu'il y ait des morts dans son armée ou dans celle des autres, là n'était pas le problème. Quoi qu'il en soit, les récentes disparitions avaient été rapportées au haut commandement comme des faits anormaux, bizarres et inquiétants.
Dans sa lettre, le Duc parlait d'un fou acharné et vicieux. Non, pas vicieux. Quel était le terme employé ? Ah, oui, « professionnel », ce qui ne rassurait pas. Cerbère ne devait pas être doux. Genkoeat n'était pas un homme craintif. Ce type, qu'il aie fait disparaître quelques gardes ou bien même des gradés, quelle importance ? Non, le parchemin était bien plus intéressant que ça.
« ...de nous prévenir si tu as du nouveau. En attendant, fais attention, il n'est pas loin, et nous avons de quoi penser qu'il te cherche. Ah, et nous n'avons toujours aucune idée du possible fou qui pense pouvoir placer un contrat sur ma tête, si ce n'est pas ce Cerbère qui agit de sa propre initiative. De toute façon, quel que soit le cas dans lequel nous nous trouvons, nous devrions bien nous amuser. Peut-être même tirer parti de la situation. Si tu as l'occasion de poursuivre tes... »
Tirer parti ? La lettre parlait bien d'un plan, d'un jeu même, mais Genkogeat semblait plus être un des pions que l'un des joueurs, et cela ne lui disait rien qui vaille. Il valait mieux pour lui qu'il ait à l'oeil l'avancement de Cerbère au même titre que les actions et ordres du Duc. Il devrait mêler son obéissance et ses initiatives personnelles. Sa vie était en jeu. Et si pour Cerbère il n'était qu'une cible, pour le Duc il n'était qu'un nuisible comme les autres, polluant la surface de Daifen et méritant le châtiment ultime. La vigilance se devait d'être doublée.
C'était un avantage qu'on ne pouvait ôter au seigneur d'Uto : servir dans son armée et jouer un double jeu, voire trahir, n'était suivi d'aucun remord. Ce salaud le cherchait bien.
Genkogeat convoqua Néëlsthin, son lieutenant de confiance et le fit s'installer à la table de l'état-major.
« Quelque chose d'urgent, Général ?
-Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
-Vous me convoquez. Et il est deux heures du matin.
-Aucune importance. Tu n'es pas sans connaissance des derniers bruits. Un tueur fou menace de tuer notre fou d'employeur. Et il pense passer par moi, ou quelque chose dans ce goût là.
-Ne redoutez-vous donc pas d'être pris entre le marteau et l'enclume ?
-Ce que je redoute, Néëlsthin, c'est d'être pris entre deux marteaux... Il va falloir jouer serré. »
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Le Duc observait les cartes. Les collines, les bois, les rivières. En une semaine, le plus avancé de ses bataillons pouvait arriver à Hechiz, et prendre la ville. Cela dépendait de la météo et de la rapidité des moyens de la communication locale. S'il loupait de chance, le Duc perdrait son entier bataillon dans une bataille inutile, et serait obligé d'attendre la seconde ligne pendant deux jours. Heureusement qu'il possédait une réserve d'hommes conséquente.
Un messager frappa et entra, à la suite de quoi il déposa un message sur le bureau et sortit sans une parole. Le Duc se frotta les yeux et attrapa le rouleau de parchemin, qu'il délia. Un message du Sud. Khazad. Les vieux barbus se réveillaient un peu. Bien, très bien. Ce ne serait pas simple de mener plusieurs guerres, sans compter cette histoire d'assassin, mais le lot de morts serait impressionnant, et les gains considérables. Le destin tournait de l'inactivité au surmenage sanglant, et c'était tant mieux. Elle avait toujours aussi faim.
Après la lecture du parchemin achevée, le Duc s'étira et alla chercher du parchemin vierge. Il écrivit dix fois le même message. Dix fois il précisa qu'il ferait mouvement à la tête d'une cohorte, dix fois dans une direction différente, dix fois pour s'arrêter dans une ville différente. Il enverrait bien sûr dix cohortes à dix lieux différents. Restait à voir laquelle il suivrait réellement. La feinte était grossière, mais ce n'était pas elle qui allait décider de l'issu de la partie. C'était une mise en bouche amusante. Surtout que ces cohortes seraient invariablement envoyés contre les extrémistes, d'une façon ou d'une autre, quel qu'en soit le moment.
Bientôt les engrenages allaient se resserrer, et chaque action serait utile. Il fallait attendre, qu'un autre prenne l'initiative, que ce soit ce fou de Cerbère ou cet imbécile de Genkogeat...
